mardi 29 mars 2022
Une chance insolente de Fabio Bacà
dimanche 27 mars 2022
La brigade de Louis-Julien Petit
mardi 22 mars 2022
Bruno Reidal de Vincent Le Port
dimanche 20 mars 2022
Cité de Nicolas Geibel
jeudi 17 mars 2022
Les années sans soleil de Vincent Message
mercredi 16 mars 2022
Moneys Boys de C.B. Yi
mardi 15 mars 2022
A plein temps de Eric Gravel
mercredi 9 mars 2022
Les Idées noires de Laure Gouraige
mardi 8 mars 2022
Goliath de Frédéric Tellier
lundi 7 mars 2022
Robuste de Constance Meyer
vendredi 4 mars 2022
Le Zoo des Absents de Joël Baqué
Cette trame du personnage ordinaire qui le devient nettement moins était déjà présente lors d'un précédent roman de l'auteur ( "La Fonte des Glaces" en 2017) et déjà articulée autour de thèmes portant sur l'écologie et amenant évidemment le lecteur à se questionner. "Le Zoo des Absents" suit le même projet, fera réfléchir sur le mouvement animaliste tout en faisant retrouver au lecteur cette sensation très agréable de partager avec le héros un même étonnement face à ces nouveaux horizons qui s'ouvrent. Si on peut faire un tout petit reproche à Joël Baqué, ce serait de s'être un tout petit trop attardé sur les discours des militants dans la première partie... Mais la suite fait vite oublier cela grâce à une plume qui n'a pas son pareil pour fixer une poétique de l'ordinaire tout en regardant le monde actuel ( et à venir) avec acuité. On passera en douceur de la chronique intimiste apparemment simple au roman d'anticipation dérangeant sans que jamais on ne perde l'intérêt qui va sans cesse grandissant.
Allier originalité, plaisir de lecture et réflexion, c'est rare dans le roman français. Joël Baqué sur ce terrain là, se révèle un maître !
jeudi 3 mars 2022
Viens je t'emmène de Alain Guiraudie
mercredi 2 mars 2022
Rien à foutre de Emmanuel Marre et Julie Lecoustre
C'est une tranche de vie avec hôtesse de l'air et mère décédée, filmée en partie avec un Iphone, un peu à l'arrache. Du ciné français non formaté pour amateur de petite production bancale mais sympatoche ? Pas tout à fait car, très vite on s'aperçoit que le film a été pensé dans ses moindres détails. En plus de brosser le portrait très fin d'une jeune femme de 26 ans, le récit distille tout un discours subtil sur les apparences d'une société qui n'en a rien à foutre des humains qui la composent. Bye bye empathie et bienveillance, termes balancés à tout bout de chant dans les concepts managériaux d'entreprise qui n'en ont justement rien à foutre, tant ils sont là pour camoufler l'exact contraire de leurs agissements. Bonjour rendement, fric, respect débiles de règlements visant la rentabilité et appliqués par des employés que l'on sent plus proche du burn out, qui de guerre lasse finissent eux aussi par plonger dans cette vie faite uniquement d'apparences.
Le film se divise en deux parties distinctes. La première se concentre sur la vie au travail de Cassandre, future chef de cabine d'une compagnie aérienne low cost que l'on suit également lors de ses moments de repos à Lanzarote où elle est obligée d'habiter ( un lieu aussi impersonnel que possible, cubes de béton minables mais sous le soleil). La deuxième se déroule sous une grise Belgique où la jeune femme va renouer avec sa famille qui gère comme elle peut le deuil d'une mère décédée dans un accident de voiture. Si ce retour dans le giron familial peut apparaître plus psychologique, permettant à l'héroïne de retrouver quelques vraies valeurs, la société se camoufle dans les coins et continue à en avoir rien à foutre d'une enquête sur l'accident maternel tout en veillant encore et toujours à ce que les apparences, la vitrine, régissent la vie de ces êtres.
Cassandre, c'est Adèle Exarchopoulos, qui, il faut le dire, le redire, est absolument exceptionnelle dans ce rôle. La caméra ne la quitte quasiment jamais, la filmant plein cadre, traquant la plus petite émotion, tout en veillant à ne jamais la salir, voire l'érotiser ( alors que la société le lui demande). Nous sommes vraiment en empathie avec elle ( nous sommes bien les seuls !...ou presque) et nous ressentons au plus profond le mépris de ce capitalisme qui n'en a rien à foutre des humains auxquels il s'adresse. Dans les nombreuses scènes fortes du film, s'il fallait en retenir une seule, je choisirai, dans le premier tiers du film, ce dialogue téléphonique avec un centre d'appel Orange, moment de bascule où Adèle Exarchopoulos, intense d'émotion, hisse soudain ce premier long-métrage vers des sommets qu'il ne quittera plus.
Film à petit budget, "Rien à foutre", remarquable d'acuité sur nos vies d'apparence, est une très agréable surprise dans un cinéma français trop formaté et donne un réel sentiment d'espoir pour l'avenir, de ces cinéastes comme de la vie en général puisqu'il existe encore des humains de (très ) bonne volonté.