samedi 6 avril 2019

Festival du film policier Beaune 2019



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Beaune ... 14h30... Le jury déjeune... délibère...

Beaune, son vin, ses hospices et son festival du film policier, fait de grands efforts pour briller de mille feux. Rien n'est laisser au hasard cette année, même une de ces édiles et quelques uns de ses proches, ont été récemment mis en examen pour détournement de biens publics et blanchiment, ce qui, avouons-le, relève d'un vrai sérieux pour être au diapason d'une sélection où l'on nous parla beaucoup de corruption ( à moins que ce ne soit malicieusement le contraire) . Et pour bien accompagner le tout ( camoufler disaient certaines mauvaises langues locales)  deux jurys de stars ( ou asimilées) ont foulé un tapis rouge sous les flashs des photographes locaux et d'un public massé derrière des barrières métalliques pour entrer dans.....un méga CGR ! Ici, pas de palais de festival, ni même un palais des congrés de grande capacité, juste des salles moyennement grandes, et surtout vite complètes, pour acccueillir un public fervent mais parfois dépité de ne pouvoir accéder à certaines projections. 
Le festival offre un large choix de films mais ne permet pas de voir l'intégralité des films en compétition. Soit on suit la compét' officielle, soit "Sang neuf" qui, comme son nom l'indique s'intéresse aux jeunes talents. " Sans connivence" s'est concentré sur la sélection officielle, très internationale, mais qui a transformé les salles en dortoir, les ronflements accompagnant parfois sans complexe la bande son. La palme revient sans contestation possible au film " Les oiseaux de passage" du duo colombien Cristina Gallego et Ciro Guerra qui, à la séance de 22h, a fait office de verveine  voire de Lexomil. Pourtant précédé d'une bonne aura attrapée à la quinzaine des réalisateurs à Cannes  l'an dernier, sa jolie photographie,  jouant artistiquement avec le désert, n'est pas parvenu à faire oublier le peu d'empathie que l'on éprouve pour des personnages englués dans la tradition et le profit et un manque cruel de rythme. 
Quelques heures avant, ce même public était ressorti fort dépité de " Rojo" coproduction internationale  de Benjamin Naishtat se déroulant en Argentine qui, dès le début, essaie de nous intriguer avec des scènes étranges. Hélas, très vite, le scénario part en vrille, du début fort improbable avec un développement qui prend plein de directions sans jamais en atteindre aucune jusqu'au dénouement  ( dans un soupir de soulagement de la salle) guère convaincant. 
Pas convaincu non plus par les "Pirhanas" de Claudio Giovannesi... Malgré les Vespa pétaradantes dans les ruelles de Naples, cette adaptation peu inspirée du roman de Roberto Saviano, manque d'un vrai regard  et souffre d'un interprète principal à la belle apparence charmante, mais assez incompatible avec la rudesse du racket pour lequel se bat sa bande d'ados. 
Autres ruelles, plus exotiques, toujours du trafic et de la corruption, mais cette fois ci à Manille, où l'énergique caméra du grand Brillante Mendoza ( " Alpha, the right to kill" ) nous entraîne tambour battant d'un commissariat aux ruelles d'une ville surpeuplée, mais ne nous étonne pas vraiment,.... difficile de faire du neuf avec un scénario mille fois labouré ( la police est corrompue) .
Autre pays, Taïwan, toujours des flics pas nets ( " Face à la nuit" de Wi Ding Ho ) mais un début de film étonnant, une sorte d'anticipation angoissante et âpre, qui, hélas, s'estompera au fur et à mesure. Un scénario, contant l'histoire à rebours, intrigue, passionne peut être, mais déroute un peu car on ne voit pas bien ce que cela apporte au film sinon de perdre certains spectateurs, pris à rebrousse poil. 
Vous l'aurez compris, à Beaune cette année, ce ne fut pas la fête. En témoigne la tête du jury qui, au fil des projections, avait du mal à encore sourire de toutes ses dents blanches, Lolita Chammah et Agathe Bonitzer ( pour elle c'est habituel) affichant un air pincé plus plus. Sans doute ont elles été un peu plus secouées ( réveillées ?)  par " Savage" du chinois Cui Siwei, longue équipée sauvage dans les neiges sibériennes, classique et sans grandes surprises, lorgnant vers un univers à la Tarantino...sans l'humour. 
La tache sera rude pour le jury d'extraire un film de ce lot peu inspirant. Peut être que le film russe de Yuri Bykov, " Factory" tirera son épingle du jeu grâce à sa mise en scène trés réussie et diablement efficace pour nous conter cette sordide prise d'otage au sein d'une sinistre usine de ferraille . A moins que " El Reino" le film espagnol de Rodrigo Sorogoyen ait su faire entendre sa sombre musique...

Impression mitigée face à ces polars du monde entier, emphatiques, peu inspirées et souvent longs et sans rythme. Heureusement, le jury, pour délibérer, aura quelques bonnes bouteilles de Bourgogne pour l'aider dans son dur labeur.... sans doute le seul réel intérêt d'avoir été à ce 11ème festival de Beaune. Comme pour les vins, il y a de plus ou moins bonnes années...

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