mardi 22 février 2022

Sous le ciel de Koutaïssi de Alexandre Koberidze


Comment donner envie d'aller voir un premier film poétique géorgien de 2h30 ? Il n'est pas certain que ses sélections à différents grands festivals où il a reçu quelques prix ( Berlin ou Premiers Plans à Angers) y fasse grand chose, sans parler que sa nationalité ( les spectateurs sont-ils réellement curieux de découvrir via le cinéma des contrées peu fréquentées?) ni son ton poétique ( la poésie n'est guère prisée de nos jours...) soient des éléments incitatifs. 
Dire qu'il est extrêmement réussi reste subjectif, par contre annoncer l'éclosion d'un certainement futur grand cinéaste peut titiller...  et relève de l'évidence tant il est indéniable qu'apparaît sur l'écran un univers original, un regard personnel d'une douceur, d'une poésie qui en ces temps troubles fait le plus grand bien. 
L'histoire est un conte amoureux, qui pourrait être le ressort parfait d'une comédie sentimentale US, mais qui ici prend un tournant légèrement décalé, jouant sur l'indolence de l'été sur la troisième ville de Géorgie que l'on découvre aussi lors des déambulations des personnages tout en adoptant une vision simple ( pas du tout simpliste) de l'humanité. Ici les amours sont contrariées et leurs héros en sont plus résignés qu'ennuyés. Ils continuent de mener leur vie de tous les jours avec une certaine nonchalance que le regard sympathique d'un réalisateur nimbe de poésie, jouant avec de simples petits éléments narratifs et un décor intemporel. Et puis, il y a des animaux, des chiens un peu partout et des oiseaux qui, si par bonheur viennent se poser dans un plan, sont observés par une caméra qui s'attarde sur eux comme fascinée. Et puis, il y a des enfants, du football, des enfants qui jouent au football, des filles surtout... tout un monde aux joies simples, universelles, portées par la grâce d'un cinéaste qui a des choses à dire, à faire passer sans brutalité, tout en finesse. 
Aux antipodes d'un cinéma US surnumérisé, "Sous le ciel de Koutaïssi" irradie un réel charme. Certains pourront trouver cela parfois un peu long, un peu nonchalant, mais pour peu que vous vous laissiez aller à la poésie d'Alexandre Koberidze ( évidemment un nom à retenir), vous retrouvez étrangement noués, votre âme d'enfant et votre coeur de cinéphile. Un pur délice, un pur moment de grâce. 



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