mercredi 10 juillet 2013

Concours d'été


Sans connivence est en vacances
Retour le 16 août
Participez au petit concours d'été
(répondez à la petite question jusqu'au 14 août minuit )

Le beau temps étant enfin arrivé, l'envie de faire une pause estivale est là. Les chroniques reviendront à partir du 16 août prochain. Pendant ce temps, je vais m'aérer, lire pour le plaisir sans avoir à écrire quelque chose après.
Comme l'an passé, j'organise un petit concours.
Pour  participer c'est simple : il suffit d'envoyer un mail à sansconnivence@gmail.com 
et de répondre à cette question :
Quel livre lisez-vous en ce moment ? 
N'oubliez pas d'indiquer vos noms, prénoms et adresse !
Le 15 août, je tirerai au sort parmi les participants , les gagnants recevront un des trois romans mis en jeu : 
La pendue de Londres de Didier Decoin
Dix rêves de pierre de Blandine Le Callet
La première chose qu'on regarde de Grégoire Delacourt
Vous pouvez dans votre mail indiquer le livre que vous souhaitez recevoir si vous êtes tiré(e) au sort.

Bonnes vacances à tous et à très bientôt j'espère !!!

mardi 9 juillet 2013

A moi seul bien des personnages de John Irving



Après quelques romans guère emballants, c'est malgré tout avec envie que je me suis plongé dans le dernier roman de John Irving "A moi seul bien des personnages". Il faut dire que les éditions du Seuil avaient mis  le paquet côté promotion : venue de l'écrivain au moment des manifs contre le mariage pour tous, longs entretiens dans toutes les bonnes émissions radios ou télés ( bon d'accord, à la télé, plus court), articles de presse élogieux sur le thème du grand retour du grand écrivain tant aimé autrefois. Bref, accord total pour dire que c'était là son meilleur livre depuis longtemps et, qui plus est, autour d'un thème à la mode qu'il effleurait seulement dans ses ouvrages précédents mais qu'ici il abordait frontalement : la bisexualité. 
Les presque 500 pages de l'ouvrage, mélange astucieux de sexe, de références théâtrales et de clins d'oeil à ses livres précédents, ont procuré au lecteur que je suis un plaisir évident. John Irving, l'âge aidant, se lâche totalement tout en  retrouvant ce qui faisait son charme à ses début, cette puissance romanesque et fantasque incroyable mais ici nimbée d' un ton plus crépusculaire, donnant un petit côté testamentaire ou liquidation avant fermeture à ce roman.
Difficile de résumer cette histoire qui se déroule en grande partie dans les années 1959/1963. Billy, (un peu, beaucoup John Irving ? ) est un jeune homme en cours de formation bien sur  mais se posant beaucoup de questions sur sa sexualité. Aussi bien attiré par les femmes que par les hommes, il n'arrive pas à trancher tant qu'il n'a pas vraiment essayé les deux... et essayer n'est pas simple dans une Amérique puritaine. Pourtant entouré d'une galerie de personnages assez atypiques de profs ou de bûcherons, tous passionnés de théâtre et renfermant des secrets bien souvent sexuels, son parcours ne sera pas toujours facile. Ce sont ses amours non consommées puis assumées qui seront le fil conducteur du livre. Description minutieuse et talentueuse de cet âge indécis et balbutiant, ce lent parcours vers une sexualité épanouie est vraiment réussi, mélange de finesse psychologique, esprit d'ouverture et de romanesque flamboyant. L'initiation du jeune Billy est un régal d'humour et de tolérance. Entouré de parents, voisins et amis franchement grâtinés, John Irving, grâce à un savoir-faire retrouvé, arrive à faire passer le plus incroyable. Il nous donne à penser que cette petite ville du Vermont est le reflet de n'importe quelle bourgade, comme si mon bourg natal de Soustons (5000 habitants dans les Landes) renfermait un lot assez important de travestis, transexuels et autres personnages aux fantaisies diverses et variées. Pour s'en apercevoir, il suffit de lever un tout petit peu un coin du voile pudique que revêt le monde, pour mettre à jour une sexualité bien moins binaire que les apparences veulent bien le laisser croire. 
Ce postulat romanesque et bien mené est réjouissant, mais le dernier livre de monsieur Irving possède d'autres strates un tout petit peu moins grand public, donnant à cet ouvrage son statut d'oeuvre plus complexe qu'il n'y paraît.
Tout d'abord, il y a de nombreuses références au théâtre ou à la littérature, qui, sans réellement alourdir l'intrigue, apportent au livre sa caution intello. Shakespeare, Ibsen, Tennessee William, Dickens, Flaubert sont au rendez-vous, soulignant de façon littéraire les émois divers et variés des protagonistes de cette histoire qui vont s'aimer, se haïr, se révéler au fil de paragraphes souvent hilarants, mais qui auraient eu le mérite d'être un tout petit plus ramassés. Le côté "regardez comme la littérature illumine notre vie" est un peu trop appuyé.
L'autre strate de ce roman s'adresse à ses fidèles lecteurs. On y retrouve tous les éléments qui hantent son oeuvre depuis "Le monde selon Garp", l'enfant au père absent, inconnu ou nébuleux, la maîtrise de la maternité par les femmes, le travestissement, la lutte gréco-romaine, ... Il ne manque que les ours (même si vaguement évoqués sous la forme de gros gays poilus). Seulement ici, et sûrement parce que John Irving arrive à un âge où l'on se contrefout de son image, ces thèmes sont abordés frontalement, sans faux-semblant et ont un parfum autobiographique évident. 
"A moi seul bien des personnages" est le livre le plus important de son auteur par son affirmation sans nuance, son quasi plaidoyer pour une bisexualité assumée et heureuse, mais aussi par son côté crépusculaire extrêmement émouvant. On sent la vie qui passe, les témoins de sa jeunesse disparaître un par un et la mort du héros (de l'auteur ?) qui rôde. Par contre, je ne pense pas que ce soit le livre qu'il faut lire d'emblée pour découvrir John Irving, on lui préférera ses premiers romans plus faciles d'accès. Une chose est certaine, John Irving est bien un des auteurs majeurs du continent américain, loin devant tout une cohorte de confrères appliquant scolairement les techniques trop éprouvées des ateliers d'écriture. Lui, il a un univers, un vrai, et des idées à faire passer, de celles qui font progresser les humains.


mercredi 3 juillet 2013

Le congrès d'Ari Folman


Avec un titre aussi peu vendeur, "Le congrès" a toutes les chances de passer comme une météorite sur les écrans. Et ce n'est pas son concept bicéphale qui va arranger un éventuel bouche à oreille. 
Nous avons en présence une partie du film en cinéma normal et une autre en dessin animé. Le lien c'est l'actrice Robin Wright, en réel d'abord dans son propre rôle, en héroïne cartoonesque ensuite. 
Belle, toujours, proche de la cinquantaine, une carrière faite de mauvais choix, Robin se voit proposer par un producteur un contrat qui lui interdit d'apparaître réellement sur un écran ou sur une scène. En échange, son image, ses expressions seront scannées et utilisées à satiété par le studio pour la  production de films de séries aux acteurs dématérialisés (plus de caprices, de retards, de questionnements, l'acteur est ainsi utilisé juste pour son image, voire son aura auprès des spectateurs). 
Cette première partie, questionne assez cyniquement le droit à l'image, la survie du cinéma réel. Bien jouée, bien mise en scène, on est emporté par le propos quand soudain, on se retrouve vingt ans après, avec une Robin (joliment) vieillie, au volant d'une Porsche et se rendant à une espèce de congrès d'animation. Pour entrer dans le palais de ce festival, elle doit avaler un produit qui lui donne une apparence de dessin animé. Et c'est parti pour une heure de délire visuel et scénaristique. Il est toujours un peu question de divertissement mais les choses se compliquent un peu. Robin apprend que bientôt son image pourra être consommée par les spectateurs comme un aliment, leur permettant ainsi de l'intégrer dans leurs rêves. Robin a beau être moderne, et vivre maintenant dans un paysage de fantaisie aux habitants délirants, son sang ne fait qu'un tour et tente de s'opposer à cette soi-disant avancée technique qu'elle juge totalitariste. A partir de là, entre images visuellement inventives mais trop foisonnantes, cryogénisation et recherche larmoyante d'un fils devenu aveugle (et sourd aussi, je crois), l'intérêt du départ se dilue un peu. Trop cartésien, j'ai eu du mal à suivre ses errances dans différents espaces réels ou virtuels. La science au service du spectacle pour que l'humain se transforme en personnage de cartoon et oublie ainsi une vie pénible dans le réel, manque pour moi de consistance. Le scénario semble alors, comme les images, partir dans toutes les directions. Reste Robin Wright, toujours aussi belle et dont la version animée arrive à être crédible grâce à sa voix sensuelle, heureusement conservée (ben oui, elle aurait pu avoir une voix à la Betty Boop !). Ah, un détail, mais qui ravira les admirateurs de l'actrice, elle chante dans le film ! ( Deux reprises : Forever young de Bob Dylan et If it be your will de Léonard Cohen, titres que l'on retrouve dans la BO du film).
On pourra toutefois aller découvrir ce film finalement assez original mais sans s'attendre au chef d'oeuvre de l'année. On ne peut pas avoir bonne pioche à tous les coups. Rééditer le succès de "Valse avec Bachir" n'est pas forcément évident.