jeudi 26 avril 2018

Une ombre au tableau de Myriam Chirousse


Melissa et Grégoire sont un jeune couple de la classe moyenne. Elle soulage quelques récalcitrants à la kinésithérapie en pratiquant l'ostéopathie dans un cabinet Cannois et lui regarde passer l'argent en tant qu'employé de banque. Dans un univers où le luxe est ostentatoire et le petit peuple relégué dans des faubourgs bien cachés, quand apparaît une opportunité, il faut savoir la saisir. Elle se présente à Greg sous la forme d'une proposition d'achat de maison par un copain agent immobilier. Un beau pavillon avec une piscine ( certes commune) cela ne se refuse pas, surtout à un prix bien en dessous du marché. La raison de cette braderie ? Les précédents propriétaires ont perdu leur fils de 3 ans, noyé dans la piscine... Le couple achètera la maison sans que Mélissa connaisse ce petit détail. Mais, l'ostéopathe est sacrement sensible aux ondes et sentira très vite que cette piscine a des reflets inquiétants. Et s'il n'y avait que la piscine...
Un été caniculaire sur la côte méditerranéenne, avec ses parvenus qui se pavanent sur la terrasse du Carlton mais aussi ses incendies qui réchauffent les mojitos et ses retraités à la peau boucanée servent de cadre à un roman qui avance nonchalamment, distillant quelques petits détails troublants. La piscine qui au départ prend la place d'un personnage inquiétant, s'efface petit à petit. Le reflet des personnages dans ses eaux turquoises se trouble peu à peu, chacun ayant finalement des petits secrets bien cachés. Sans aller jusqu'au suspens psychologique, "Une ombre au tableau" distille une atmosphère pesante, alourdie par un soleil de plomb et un soupçon d'érotisme ( lui aussi trouble). L'intrigue se prélasse au bord de cette piscine, prend son temps de se gorger de soleil pour ne pas aller là où on l'attend, évitant le coup de théâtre final surprenant que l'on aurait pu être en droit d'attendre. Se dessine alors un groupe d'hommes et de femmes bien contemporains, campés dans un sud de la France où le soleil fait oublier la corruption des têtes...
"Un ombre au tableau" est un cocktail littéraire bourré de glaçons que l'on déguste simplement et qui diffuse une impression de léthargie et de malaise qui, en se mélangeant, donnent un goût bien amer de l'humanité.

Merci aux éditions Buchet-Chastel et à BABELIO pour cette lecture qui annonce un été un peu pourri.


2 commentaires:

  1. Sentiment très partagé:livre dévoré avec cette ambiance pesante qui ne vous quitte plus. Je me suis même surprise à surveiller leur enfant durant toute ma lecture(limite baby-sitter à distance, non rémunérée!!) alors que eux prenaient du bon temps dans le jacuzzi... Donc juste pour cette impression-pression omniprésente, je dis Bravo! Le reste par contre, j'ai haï ce milieu, d'où peut-être cet effet "pesant" multiplié par... Pour moi Mme Chirousse a dû traduire trop de Montero, on y retrouve des éléments similaires et un milieu qui me donnerait plus envie de vomir dans la piscine commune, et de m'enfuir chercher une colonne de douche multi-jet dans la bonne vieille quincaillerie mancelle citée dans le livre!

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  2. Ambiance pesante réussie, à tel point que quand eux prenaient du bon temps dans le jacuzz' moi je stressais à savoir où était le petiot(sans être payée en heures de baby-sitting!)...Donc juste pour ça je dis un grand Bravo! Par contre, ça se voit qu'elle a bcp traduit de Rosa Montero, on retrouve des similitudes, et notamment ce milieu qui n'est pas le mien et qui a fini de me peser complètement, à m'en donner la nausée(mais il faut savoir que l'évocation seule d'un agent immobilier peut me donner ce genre de symptôme, et à cela si on rajoute un banquier c'est l'apothéose!). A choisir, je préfèrerais revenir dans cette bonne vieille quincaillerie du Mans(citée à deux reprises dans le livre)et m'acheter un bon robinet multi-jet!

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