vendredi 30 septembre 2011

Brigitte en concert

En a peine six mois, les "Brigitte" cartonnent. Leur disque est dans les meilleures ventes et leurs concerts sont à guichets fermés comme hier soir au Mans.
Après avoir écouté tout l'été leur premier opus, j'avais hâte de les voir en live.
Leur concert débute par une arrivée des deux chanteuses, à contre jour, dans un genre de cape (tchador?) noire. Mais hélas, la sono, mal réglée, ne permet pas d'entendre si les paroles sont raccords avec cette mise en scène. Débarrassées de leurs étranges tenues, les voilà en robes longues lamées argent fendues sur le côté, style demoiselles de Rochefort, auxquelles elles vont faire penser durant toute leur prestation (avec même, à un moment, un extrait sonore du film de Demy).
Suivent quelques chansons inaudibles à cause de la sono mal réglée. Heureusement les trois musiciens vont s'éclipser un moment, laissant la part belle à de jolies versions acoustiques, où les voix impeccables des deux Brigitte vont faire frissonner le public.
Avec le retour des musiciens, les problèmes de sons semblent réglés et le concert commence à prendre son rythme de croisière entre tubes et reprises dont une de Georges Michaël (I want your sex) très pêchue. Les chanteuses commencent à se sentir mieux et se relâchent pour arracher au public un vrai triomphe après un "Jesus sex symbol"à se damner.
Ce fut une bonne soirée, les Brigitte ont musicalement et vocalement bien assuré mais leur concert manque un peu de chaleur. Leurs chansons pastiches, féministes et drôles mériteraient sûrement un emballage plus décalé ou tout du moins plus fantaisiste. Les Brigitte, peut être dépassées par ce succès très rapide, restent des beautés froides et distantes face à un public prêt à toutes les aventures.

mercredi 28 septembre 2011

Poète poète de Michel Van Zeveren

Ce soir, je suis un peu embêté car je viens de lire le nouvel album de Michel Van Zeveren, auteur qui, jusqu'à présent, ne m'avait quasiment jamais déçu.
"Poète poète" est à ranger dans une catégorie très fournie d'albums intitulée : Mais c'est écrit pour qui?
Il y a au départ Lucien qui croise une jolie demoiselle dont il tombe tout de suite amoureux. Il décide de lui déclarer sa flamme sous la forme d'un poème. Mais la rédaction du mot d'amour se révèle difficile et semée d'embûches.
Le point de départ est sympathique mais le texte est en vers, du genre rime riche mais tirée par les cheveux et lardé de mots, d'expressions et de tournures un rien alambiquées ("Mais... ne sens-je pas là poindre une petite crotte?"), fera peut-être sourire les adultes mais quid des enfants, cible supposée de cet album?
Les illustrations bien que redondantes ( mais pour des enfants cela peut servir à éclairer ce texte touffu) sont le point fort de cet album. On reconnaît là la pâte de Michel Van Zeveren alliant, avec beaucoup de talent, fraîcheur et malice, avec, en plus, pas mal de références à des peintres célèbres.
La chute finale déçoit un peu car attendue.
Pour moi, un album raté. J'attends quand même le prochain avec curiosité.

Poète poète Miche Van Zeveren, Pastel septembre 2011 (11,50€)

lundi 26 septembre 2011

Chanson de la semaine : vendre les prés de jean Louis Murat

Jean Louis Murat sort son nouveau disque aujourd'hui, c'est son 19éme et il s'intitule "Grand lièvre".
Sort également sur la toile "Vendre les prés", un clip sur le monde rural d'aujourd'hui, dans le Cantal, sa région. C'est visuellement très beau et mais également troublant, très loin de l'esthétique "l'amour est dans le pré"...

dimanche 25 septembre 2011

Freedom de Jonathan Franzen

Ca y est, j'ai terminé la lecture du chef d'oeuvre (selon la presse) de la rentrée littéraire, je veux parler de ce pavé de 718 pages qui a été vendu à plus d'un million d'exemplaires l'an passé aux Etats-Unis et dont l'auteur a fait la couverture du Times, le consacrant ainsi comme l'un des écrivains majeurs du siècle naissant, je veux bien sûr parler de "Freedom" de Jonathan Franzen.
Que dire ? Pour moi ce n'est pas le chef d'oeuvre absolu de cette première décennie, c'est plutôt le roman ambitieux mais un peu raté d'un écrivain qui veut faire le portrait de son pays depuis la chute des Twin Towers.
En racontant la vie de Walter, américain de la middle class, un peu terne et vaguement ambitieux, de sa femme Patty, très Desperate housewife, de leur ami et amant (de madame seulement...) Richard, chanteur folk/rock ainsi que de leur famille, Jonathan Franzen n'innove pas vraiment. Le trio le mari, la femme et l'amant n'est pas vraiment nouveau, même si, ici, il sert de prétexte à placer dans le récit les opinions de l'auteur sur cette Amérique déboussolée et incontrolable. Et tout y passe, l'école, la religion, la guerre en Irak, l'écologie, les républicains, la cupidité, les homeless, l'éducation, la justice, le 11 septembre,  tout à droit à un moment donné à son petit couplet, généralement bien senti, mais qui ressemble souvent à un passage obligé.
Les personnages, sont minutieusement passés à la moulinette psychologique. Jonathan Franzen semble les considérer comme une espèce peu enviable du genre humain tellement ils concentrent les défauts d'une Amérique shootée au libéralisme.
Après une première partie un peu longuette qui s'attarde sur les atermoiements des personnages dans leur vie sans grand intérêt, le livre monte en puissance dans la deuxième moitié et révèle là ce qu'il aurait pu être : le portrait cinglant d'une Amérique toujours avide d'argent et d'individualisme mais complètement dépassée par les enjeux de la mondialisation et par la froideur libérale de ses enfants.
Le soufflé retombe pourtant avec un dernier chapitre en forme de happy-end, peu convaincant et inutile.
Pour conclure, "Freedom" est un roman ambitieux, pas désagréable à lire, pas vraiment abouti mais qui est une bonne photographie de l'Amérique d'aujourd'hui.

vendredi 23 septembre 2011

Le monde

Depuis quelques jours dans les pages du Monde et des news magazines, ont fleuri des publicités pour la nouvelle formule du Monde week-end. Si l'on prêtait attention à ces annonces, on allait voir ce que l'on allait voir. Enfin une offre de lecture comme dans les suppléments  de la presse anglo saxonne!
Je me réjouissais déjà de mon kilo de papier que j'allais feuilleter avec délectation durant mon samedi voire mon dimanche.
Cet après-midi, je me suis précipité chez mon marchand de journaux, avide de découvrir cette nouvelle mouture.
Première surprise, ce n'est pas très lourd, rien à voir avec ce que j'avais imaginé, nettement plus léger que le Figaro magazine..
Deuxième surprise, le prix, en légère augmentation (0,90 centimes), mais rien comparé au supplément d'infos qui doit m'attendre à l'intérieur.
Bon, en feuilletant le journal, c'est comme d'habitude avec en plus un cahier sport et forme pas mal fait et lisible pour quelqu'un qui n'aime pas beaucoup le sport comme moi, un cahier science et techno qui peut me faire me désabonner à Sciences et vie et un cahier culture et idées digne du Monde, c'est à dire intelligent et passionnant (avec notamment une lumineuse interview d'Annie Ernaux). De ce côté là, rien à dire...
Puis j'ai pris le nouveau magazine, avec en couverture, une photo pas vraiment flatteuse d'Arnaud Lagardére dont la vie rêvée nous est contée à l'intérieur par Raphaëlle Bacquet et Ariane Chemin, duo choc et haut de gamme du journalisme. Ajoutez à cela un format un peu plus large que l'ancienne mouture et l'impression d'une revue prestigieuse se présente.
On déchante très vite dès l'ouverture. La première partie intitulée "la semaine" est illisible. Le rédactionnel, illustré de petites photos indigentes, est noyé au milieu de la pub qui, elle, ose la belle photo pleine page. La deuxième partie, "le magazine" est mieux fichue et toujours intéressante. Je ne m'attarderais pas sur les deux dernières "Le style" et "La culture", sans style et bâclées.
Bref ce magazine est une déception en terme d'image, cela ressemble à un attrape pub (ce qu'il est d'ailleurs), intelligent certes mais à la lecture peu agréable.
Donnons-lui quelques semaines pour adopter un style et un rythme de croisière qui sied un peu mieux au standing de notre grand quotidien français de référence.

mardi 20 septembre 2011

La fée de Fiona Gordon, Dominique Abel, Bruno Romy

A ceux qui se plaignent que le cinéma français ne produit pas grand chose d'original, je leur conseille d'aller visionner "La fée" de Fiona Gordon, Dominique Abel et Bruno Romy, artistes francophones mais belges.
Voilà un cinéma un peu déroutant, à l'intrigue proche du conte de fée mais avec un zeste de social, avec des personnages cousins des Deschiens de Jerôme Deschamps et Macha Makaïeff, filmé par un étrange accouplement de Buster Keaton et Jacques Tati et avec la ville du Havre aussi présente que pouvait l'être Rochefort dans les demoiselles du même nom...
A condition de se laisser porter par l'intrigue, de ne pas être rebuté par une dose de poésie et d'apprécier quelques numéros dansés, voici un film qui pourra vous réjouir.
Si vous êtes curieux, si vous ne voulez pas donner votre argent aux productions BB (Baguette et Béret) et leurs guerres des boutons d'un autre âge et si vous préférez soutenir de vrais auteurs dans leur recherche esthétique, foncez voir "La fée", vous y trouverez sûrement de quoi vous étonner, vous mettre de bonne humeur et vous permettre d'admirer des images comme il n'en existe dans aucun autre film actuel.
Un long métrage pas vraiment parfait mais qui, mine de rien, raconte avec beaucoup d'humour, notre monde d'aujourd'hui.

dimanche 18 septembre 2011

Agnès Obel en concert

Agnès Obel est cette chanteuse germano-danoise qui a eu la chance l'hiver dernier de faire la couverture du vénérable magazine Télérama à l'occasion de la sortie de son premier album "Philharmonics". Un sacré coup de projecteur qui a plutôt bien fonctionné si l'on en croit les ventes de disques qui ont suivi et le nombre de concerts programmés pour cet automne.
Personnellement, "Philharmonics" m'a accompagné très souvent durant cette année, les mélodies au piano inspirées par Erik Satie et la voix légèrement voilée d'Agnés Obel opérent sur moi un charme certain.
C'est donc en vrai fan que je me suis rendu à son concert donné au théâtre de Laval samedi soir.
Bonne nouvelle, la salle était bourrée à craquer. Sur la scène, totalement dépouillée, étaient installés un piano, une harpe et un violoncelle. Le noir se fait, des projecteurs blancs éclairent les trois instruments et entrent la chanteuse, la violoncelliste puis la harpiste.
Agnès Obel semble toute fragile, chevelure blonde sur un corps mince drapé de noir. Installée au piano, elle régle inlassablement le micro. Mais dès que la musique démarre, simple, mélodique la magie opère. Les trois musiciennes, en parfaite symbiose, ont magnifié à l'extrême ces morceaux qui m'avaient semblé simples sur l'album. La puissance du violoncelle jouant souvent dans des tons extrêmes, les rythmiques à la harpe et la voix ample, précise, d'Agnès Obel qui m'a semblé utilisée ici comme un quatrième instrument, ont donné à ces ballades une couleur tout à fait magique. La salle, sous le charme, a réservé un triomphe amplement justifié à la chanteuse.
Une très belle soirée donnée par une vraie musicienne dont la grâce et le talent me font espèrer bien vite de nouvelles compositions.
A signaler, une très agréable première partie, parfaitement assurée par un crooner belge nommé Daan qui mérite que l'on aille écouter son album qui sort prochainement.

jeudi 15 septembre 2011

Portugal de Cyril Pedrosa

Quand j'ai terminé le lecture de "Portugal" de Cyril Pedrosa édité chez Dupuis, la première chose qui m'est venu à l'esprit c'est : MERCI.
Oui MERCI à Cyril Pedrosa d'avoir passé 2 ans de sa vie de créateur à produire un si bel album, rempli d' humanité et dont chaque page, magnifiquement illustrée, recèle une multitude de petits détails de vie, de notre vie, qui nous enchante ou nous émeut.
MERCI à ce petit salon de BD, perdu au Portugal, d'avoir invité Cyril Pedrosa et de lui avoir ainsi donné, comme à son héros, l'envie d'écrire cette histoire de racines et de quête d'identité.
MERCI et BRAVO de réussir la prouesse de nous passionner en suivant Simon, jeune auteur de bande dessinée, à l'inspiration en panne, dont la vie ne va guère mieux et qui va redécouvrir, en se perdant dans le Portugal et l'histoire de sa famille, le goût de vivre.
MERCI et BRAVO de nous  promener avec autant de talents dans les émotions et les sentiments les plus secrets avec seulement la magie du dessin et la fabuleuse palettes de couleurs qui accompagnent avec délicatesse le cheminement des personnages.
MERCI aux éditions Dupuis d'avoir osé publié ce gros album de 260 pages et d'avoir ainsi permis à un de nos meilleurs auteurs de pouvoir s'exprimer librement. Car ici, et surtout dans la troisième partie, le dessin de Cyril Pedrosa explose littéralement, à l'image de son héros qui s'ouvre à la vie.
Vous l'avez compris, dans cette rentrée littéraire, mon premier coup de coeur est pour une bande
dessinée. Je ne résiste pas au plaisir de citer Cyril Pedrosa, l'Auteur qui fait dire à son héros, perdu au milieu de cousins portugais qu'il ne connait pas : " Je parviens à peine à communiquer avec la plupart d'entre eux. Quelques phrases de mauvais anglais, des gestes de la main, parfois rehaussées d'un sourire ou d'un sourcil levé. Ce langage sommaire, concentré sur l'essentiel, aussi frustrant qu'il soit, permet de ne montrer que le meilleur de nous mêmes. Les signes infime, qui trahissent, dans une langue maternelle, la bêtise ou la jalousie, sont ici effacés. Je ne vois que leurs sourires." Ajouter à cela un dessin à l'émotion palpable et vous obtenez un pur moment de bonheur littéraire.
Encore une fois MERCI!

Portugal de Cyril Pedrosa édité chez Dupuis  35€

mardi 13 septembre 2011

Dessine de Bill Thomson

Je traîne souvent dans les librairies jeunesse, lieux agréables où l'on peut faire des rencontres étonnantes grâce à la créativité et l'invention de nos éditeurs.
Souvent, on y trouve des parents, des grands-parents, égarés dans la jungle foisonnante des productions actuelles, demandant conseil à un libraire forcément passionné, qui l'oriente tout de suite vers un ouvrage original, inventif, pas redondant. Je vois bien à ce moment là le regard perdu de l'acheteur, désorienté par un album qui ne ressemble en rien à ce qu'il a connu dans sa jeunesse. Les livres de son enfance se sont transformés en albums de littérature jeunesse, les illustrations, comme les textes, explosent, sont tordus, malaxés, déformés, bref pleins de vie comme les enfants d'aujourd'hui. Il ne reste plus à ce client que le refuge du conte classique qui le rassurera; au moins il y a du texte et il en a pour son argent...
Si l'on part de ce principe, l'album "Dessine" de Bill Thomson qui vient de sortir, aura du mal à se vendre.
Et pourtant, quel album ! Une histoire sans texte absolument passionnante, que les enfants vont pouvoir s'approprier sans problème, agrémentée par des illustrations hyperréalistes du plus bel effet, le tout au service d'une histoire avec un dinosaure très méchant...Tous les ingrédients pour en faire un nouveau classique du genre!
Au départ, un groupe d'enfant va au parc. Il pleut un peu, et un membre du groupe trouve, accroché dans la gueule d'un dinosaure en résine, un sac rempli de craies. Au sol, comme un défi, il s'amuse à dessiner un soleil... qui tout d'un coup apparaît réellement. Un deuxième prend une autre craie, dessine des papillons qui prennent vie à leur tour. Un troisième, l'oeil malin, dessine alors un dinosaure...

La suite, courez la lire dans l'album qui vous enchantera par ses cadrages très cinématographiques (plongée, contre plongée, zoom,...) empruntés pour la plupart aux films fantastiques et par sa chute forcément poétique car nous ne sommes pas dans un monde de brutes.
Cet album est une réussite et est étonnamment édité à l'Ecole des Loisirs qui, depuis quelques années, ronronnait avec des productions moralo-pédagogiques.
Si vous avez autour de vous des enfants de 4 à 6 ans, offrez-leur "Dessine" de Bill Thomson, une merveilleuse porte pour l'imaginaire et le plaisir de lire (même s'il n'y a aucun texte).

dimanche 11 septembre 2011

Habemus papam de Nanni Moretti

La salle était presque pleine ce matin à la séance de 11heures, ... l'heure de la messe. C'était grosso modo le même public que l'église d'à côté, hormis quelques cinéphiles comme moi. Silence religieux donc pour un film qui ne l'est pas vraiment.
"Habemus papam" est un film étrange, difficilement classable, qui part dans plein de directions et finalement m'a laissé sur ma faim.
Nanni Moretti, athée déclaré, a pris le Vatican pour toile de fond de cette histoire de pape qui doute devant la charge qu'on lui a dévolue. Il se dérobe, s'échappe dans la vraie vie pendant que dans les coulisses du palais Saint Pierre, on s'agite, on détourne la vérité, on ment. On fait même appel à un psychanalyste pour essayer de sauver les meubles. Toute cette première partie donne lieu à des scènes cocasses, drôles, mais jamais méchantes, toutes empreintes d'une douce déférence, le réalisateur gommant toute satire pour réinventer un Vatican à lui.
Tout y est pourtant, la liturgie, les décors, les costumes cléricaux, les cérémoniaux mêlés aux éléments habituels du réalisateur à savoir, la psychanalyse, le sport et le regard affûté. Mais les cardinaux sont surtout de grands enfants, craintifs d'abord, redoutant d'être élus pape (pas comme au PS), puis crédules quand on leur fait croire à la présence du nouveau pape dans ses appartements et enfantins lors du tournoi de volley-ball. La curie romaine ressemble ici à un grand pensionnat de vieux adultes déguisés où les luttes intestines pour le pouvoir n'existent pas.
Et puis, il y a le personnage de Melville, admirablement interprété par Michel Piccoli, ce pape fuyant une charge qu'il sent ne pas pouvoir assumer. On le suit dans Rome fuyant ses responsabilités, se réfugiant auprès d'une troupe de comédiens répétant Tchékhov et finalement ramené de force sur son balcon de la place saint Pierre pour une dernière scène qui est censée être un coup de théâtre.
Malheureusement pour moi, la mayonnaise n'a pas pris, malgré une mise en scène gracieuse et inspirée.
Ce film fourmille de notations intelligentes et justes sur la comédie du pouvoir et ses modes de communications. Mais, une partie de volley-ball un peu longuette et une incartade tchékovienne un peu lourde tirent le film vers un ennui distingué. Et la fin, censée comme dans le précédent film de Nanni Moretti (Le caïman) terrasser le spectateur, n'est, pour moi, que la réponse logique du cheminement intérieur de ce pape humain et formidablement honnête. Un clin d'oeil peut être à Sylvio Berlusconi, ennemi juré du réalisateur...

mardi 6 septembre 2011

La guerre est déclarée de Valérie Donzelli

La guerre est déclarée de Valérie Donzelli est le genre de film dont on ne peut pas dire du mal.
Le sujet tire larmes au possible, contant le parcours d'un couple dont l'enfant est atteint d'une tumeur au cerveau, est forcément poignant. L'actrice/réalisatrice mettant en image sa propre histoire, rejouant avec son ex conjoint (Jérémie Elkaïm) ces morceaux de vie, nous attrape par la main, le coeur, les tripes et se joue du spectateur avec habileté. Ici, grâce à une réalisation branchée, un rien clipesque, le film évite de tomber dans le mélo le plus effroyable. Les personnages des parents sont gracieux, aimants, tour à tour drôles et émouvants mais jamais larmoyants. Une multitude de seconds rôles apportent au film un supplément d'âme assez réjouissant ( à noter une scène avec Aude Lemercier, la soeur de Valérie, assez hilarante).
 Mais tout cela ne fait pas forcément un chef d'oeuvre comme la presse semble le dire. Valérie Donzelli est déjà très habile pour éviter la plupart des écueils qu'un tel sujet pouvait apporter mais il manque un petit quelque chose qui donnerait au film un supplément d'âme.
Tel qu'il est, il faut vraiment aller le voir. En plus, en ces temps de libéralisme forcené, un film qui est dédié à l'hôpital public doit être vu. A ce propos la réalisatrice a déclaré aux cahiers du cinéma : " La dédicace à l'hôpital public, c'est pour rappeler qu'on vit dans un pays où l'accès aux soins est gratuit, même quand cela coûte une fortune. Si des américains veulent faire un remake, ce sera l'histoire d'une famille qui cherche de l'argent pour sauver leur enfant..."
Alors, je m'incline et je dis : Merci Valérie !!!!

samedi 3 septembre 2011

Cyril Mokaïesh

Pour certains, j'ai un défaut, très gros, j'aime la chanson française... Pas tout le monde bien sûr, mais je fonctionne au coup de coeur, plutôt, au coup d'oreille.
Et mon dernier coup d'oreille est pour Cyril Mokaïesh et son album "Du rouge et des passions".
Voila un jeune chanteur (une toute petite vingtaine d'année), qui a des convictions, des idées à faire partager, qui chante avec l'énergie d'un Léo Ferré (certains titres en portent l'empreinte) et qui en plus a une belle gueule. Il a tout pour réussir celui là! Quelqu'un qui chante : "Mon époque... séduit ses amants, s'abreuve de tendres gens, qu'elle effrite au couteau, s'enrichit sur le dos, de nos tendres printemps..." ou bien "Ca les perdra, de mondialiser l'injustice, de s'en asperger de bénéfices, ça les perdra, de cocooner le patronat, de boucliériser l'élite, qui t'embauche pas, et qui profite..." ne peut pas laisser indifférent.
Pourtant, son album sorti au printemps n'a pas vraiment (encore) rencontrer le public. Pourquoi?
Pour cela, il y a de multiples raisons :
- Tout d'abord, il ne chante pas le chagrin d'amour sur trois accords de guitare sèche, encore moins les soirées pizzas devant la télé. Ici, on est plus prés de Renaud et de ses colères ou de la poésie de Léo Ferré. Hélas, seul bémol de cet album, quelques arrangements lourds à mon goût, surjouent parfois un peu le texte. Une erreur de jeunesse ou alors, il faudra, à l'avenir, changer de producteur.
- Vous ne trouverez pas sur l'album des rythmes africains, antillais, sud américains qui assurent le fond sonore de toute bonne chanson diffusée en radio... Cyril Mokaiesh préfère un univers moins typé, plus classique, faisant la part belle aux cordes et donc à l'écoute. Vous ne vous trémousserez pas sur du Mokaiesh au Macumba.
- Son single mis en avant, "Communiste", a un titre à faire fuir toute écoute. Qui, aujourd'hui aurait envie de mettre dans son ipod un titre fleurant le vieux militant du PC? Grossière erreur pourtant, car cette chanson est rudement efficace, euphorisante et intelligente.
- Dernière raison, son nom d'artiste. C'est difficile à prononcer " Mokaiesh" pour un animateur FM à peine lettré et à retenir pour les auditeurs habitués à du "Luce", "Bruel" ou "Zaz". Je ne suis pas sûr par contre que son objectif soit d'être diffusé sur NRJ 12 fois par jour...

Pour conclure, nous avons devant nous, un jeune artiste, auteur compositeur interprète, à la voix puissante et bien timbrée, chantant des textes ambitieux, poétiques ou un peu politiques, beau à être punaisé sur le mur de toutes les chambres des jeunes filles (ou de garçons) mais qui ne décolle pas dans le monde bien formaté de la chanson française. Mais, le bouche à oreille va fonctionner très vite car Cyril Mokaiesh entame un grande tournée dans toute la France et je suis sûr qu'il emportera tout sur son passage.
Si ma prophétie ne se réalise pas, j'achète l'intégrale de Lara Fabian!
Voir le clip " communiste "ici .

Cyril Mokaiesh - Ce soir ou jamais - Communiste