jeudi 23 août 2018

La vérité sort de la bouche du cheval de Meryem Alaoui

Une prostituée, trentenaire en forme ( dans tous les sens du terme) et vivant dans un petit logement ( avec sa fille ) mais qui sert aussi de lieu de travail. Des hommes forcément...un mac à qui elle doit verser son écot mensuel, des clients ( au minimum 6 par jour pour pouvoir survivre), un vague béguin assez repoussant. Voilà l'univers de ce premier roman qui nous happe dès les premières lignes avec son style mordant qui nous emmène dans un petit quartier grouillant de Casablanca. Jmiaa ( c'est le prénom de l'héroïne) parle, se confie, s'énerve, observe. Elle rappelle un peu le personnage principal du film " Much loved" sauf qu'elle ne pratique pas son métier dans le luxe et dans une ville paradisiaque, les passes pas chères se troussent rapidement sur un petit matelas dans un coin de Casablanca qui ne voit guère de touristes.
Cette première partie, extrêmement réussie, dresse impeccablement personnages et décors, en leur donnant un présence et une saveur certaine, sans oublier de griffer au passage l'hypocrisie d'une société marocaine confite de religion, qui boit et baise ( furtivement en détournant le regard) tout en continuant de traiter les femmes comme des napperons ( à trous).
Mais cette triste et dure réalité va s'effacer dans la deuxième partie pour prendre la direction d'un romanesque plus vendeur ( ? ). L'arrivée du cinéma dans la vie de Jmiaa, telle une bonne fée, fait virer le récit vers une légèreté à l'humour plus gentillet qui convainc beaucoup moins. La découverte du tournage d'un film par l'héroïne, fait oublier peu à peu toute la force du début et nous conduit vers un happy-end un peu facile.
Nul doute que l'on parlera beaucoup de ce premier roman qui possède un joli style incisif ainsi qu'un vrai regard. mais le parti-pris romanesque un peu cheap de la deuxième partie amoindrit sa portée et apparaît fabriqué. Dommage ( pour moi) mais sans doute pas pour la maison Gallimard qui tient là, assurément, un livre qui devrait bien s'écouler car facile à lire et au final pas désagréable du tout.

Merci au site BABELIO et aux éditions Gallimard pour la découverte de ce titre. 

1 commentaire:

  1. Moins convaincue par la deuxième partie "bouche de cheval"(bizarrement le titre choisi, et dont le nom au départ m'intriguait) ainsi que le côté happy end...

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