mercredi 19 juin 2019

Nos trente ans de Arthur Dreyfus


La nouvelle production d'Arthur Dreyfus s'achète sous format audio, démontrant que les jeunes auteurs connaissent les us et les coutumes de leurs ( jeunes) contemporains et savent bien que se cantonner uniquement au livre risque de les priver d'un certain lectorat ( ici en version auditeur). 
"Nos trente ans"  peut surprendre par sa longueur, presque six heures,  mais  " Couleurs de l'incendie" c'est 14h 10, donc pour un "livre" audio, c'est court ! La particularité de celui-ci est qu'il a été écrit et conçu uniquement pour l'écoute. Six trentenaires vont réagir à un thème lancé par l'auteur lui-même qui joue une sorte d'intervieweur. Il va recueillir leurs confidences sur des sujets aussi banals que l'amour, le travail, le futur, la politique, la vie, la mort, ... Les différents commentaires vont s'alterner. On reconnaît et repère d'emblée la voix d'Anaïs Demoustier, celle plus grave d'une prof de français revenu de tout et surtout de l'amour ainsi que celle un peu typée d'un fils d'immigré marocain. Les autres protagonistes, possédant un timbre un peu moins identifiable ( oui même Elodie Frégé !), résistent longtemps à l'identification, d'où un certain flottement pour les resituer lorsqu'ils interviennent. Chacun a un point de vue , une vie, un parcours différent. Parfois ils se croiseront dans leur ville ( Lyon), auront une relation mais sans qu'il y ait réellement une trame romanesque. 
On entend bien ce qu'Arthur Dreyfus a voulu faire : le portrait d'une génération, urbaine, scotchée aux écrans, éprise de vitesse donc très vite de lassitude, jonglant avec une modernité qui leur brûle les doigts. Cela aurait pu être intéressant, intelligent, poignant, rentre dedans, c'est juste plat et un poil agaçant. On a l'impression d'être assis dans un café du commerce et d'entendre tout un flot de banalités, de clichés, d'idées prémâchée par les médias. Peut être que l'auteur, bien plus mordant et pertinent dans ses romans, a-t-il voulu restituer ( pour de futurs sociologues ? )  le vide intérieur de toute une génération, cette faculté à s'approprier raccourcis et lieux communs ? Si c'est le cas, c'est gagné car aucune platitude ne manque et du coup on imagine un futur bien sombre car certains d'entre eux se reproduisent ! Parfois, on peut être accroché par une remarque, une réflexion, mais l'ensemble ne décolle guère, ne surprend jamais. Pire, au final, on ne s'attache à aucun personnage, tous plus inconsistants les uns que les autres. 
Sitôt écouté, sitôt oublié... Telle pourrait être la pub pour ce livre audio, mais je ne suis pas certain qu'avec un tel slogan, je sois embauché chez Audible, branche d'Amazon! 
PS : Ayant deux fois trente ans, peut être ne suis-je pas l'auditeur cible ? Peut être suis-je jaloux de cette jeunesse ? Qui sait ? 
Merci au site BABELIO d'avoir essayé de me donner un coup de jeune, espérant que ce "livre" audio aurait un effet liftant sur ma personne ! 

1 commentaire:

  1. Que j'aime cette chronique... (je le pense souvent, je l'écris peu). Je n'ai jamais écouté de livre audio, mais pour l'instant je n'en ai guère envie...











    RépondreSupprimer