dimanche 6 septembre 2020

Festival du cinéma américain de Deauville 2020




Au delà du tapis rouge, des quelques vedettes ( françaises) qui le foulent, de Vanessa, petite silhouette noire masquée de noir se glissant dans la salle en tant que présidente de jury, que se passe-t-il sur les écrans de Deauville ? 

Les films de la sélection vus jusqu’à présent, forment un panel de thèmes assez attendus de la part d’un cinéma américain indépendant. De l’intégration d’une famille coréenne au fin fond de l’Arkansas ( « Minari » de Lee Isaac Chung , bien apprécié des festivaliers) en passant par la dure réalité dans le monde du travail d’une employée de bureau ( « The Assistant » de Ketty Green, joli premier film à la très réussie atmosphère sombre qui a un peu déstabilisé les spectateurs sans doute trop habitués à plus d’action et moins de nuances) ou l’homosexualité masculine dans le mélo un peu trop attendu mais qui a ému le public «  Uncle Franck » de Allan Ball ( mais à la belle prestation de la jeune actrice Sophia Lillis ), la sélection se révèle éclectique et intéressante. 

Mais Deauville cette année, c’est aussi l’occasion de présenter des films labellisés « Cannes » et privés du cirque habituel. Nous avons commencé par voir des films dits de genre. Un français,  «  Teddy » de Ludovic et Zoran Boukherma avec des loups-garous ( pas encore vu) et le très attendu « Péninsula » de Yeon Sang Ho, la suite du « Dernier train pour Busan », où l’on retrouve les hordes de zombies, cette fois ci débarquées du train et confinés dans une Corée d’apocalypse. Le film, n’impressionne plus et se cantonne à jouer sur une routine de blockbuster qui ne surprendra personne et dont les zombies sont plus risibles qu’effrayants. 

Cette sélection cannoise, toujours présentée par un Thierry Frémaux disert et passionné, nous a réservé deux surprises. Une mauvaise, avec le plus que bourratif et improbable «  Last Words » de Jonathan Nossiter ( également dans la compétition à Deauville). Tiré d’une nouvelle de Santiago Amigorena, le film s’essaie durant plus de deux heures à mêler fin du monde et cinéma. Dans d’improbables décors de notre planète dévastée, des acteurs s’agitent, dévoilant leurs bourses ( Nick Nolte!), tombant enceinte ( Charlotte Rampling!!!!) ou prenant des airs vaguement inspirés pour débiter des dialogues fumeux se voulant philosophiques ( et même écologiques), le tout dans un hommage au cinéma allant de Buster Keaton à «  L’année dernière à Marienbad ». L’ennui fut grand et pas mal de  sièges ont claqué ( en fait non, à Deauville ils sont en velours épais, amortissant le bruit de ceux qui ont déserté la salle). On peut penser que seules ses allusions à notre Covid lui ont ouvert les portes des sélections... 

L’autre surprise, bonne, est venue du film français « A good Man » de Marie Castille Mention-Schaar dont il est nécessaire de taire l’histoire pour mieux être surpris lorsqu’il sortira. Disons qu’à l’issue de la projection, il a été longuement acclamé et surtout, on est resté totalement bluffés par l’interprétation de Noémie Merlant, absolument incroyable, offrant une performance comme on en voit rarement, prouvant encore une fois que nous tenons là une actrice d’exception. 

Malgré une organisation moyennement sympathique, sans doute la peur que Deauville devienne un cluster ( mais que font les maisons Chanel et Vuitton, fort présentes sur le dos des festivaliers mais pas sur les masques ?) , le festival reste pour le public  un beau moment de cinéma éclectique et percutant. Pourvu que ça dure ! 

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