dimanche 14 octobre 2018

La vraie vie de Adeline Dieudonné


Que serait la littérature contemporaine sans la famille, celle composée d'un papa et d'une maman et du produit de leurs coïts non protégés? Pas grand chose à en croire la déferlante continuelle de romans s'ingéniant à décrire les horreurs de cet attelage voulu par nos sociétés. Beaucoup de rejetons nous content leurs déboires face à une mère ( au choix ou tous à la fois) foldingue, tyrannique, violeuse ( heu... nettement moins dans ce thème là, encore tabou) ou un père violent, alcoolo, violeur. A eux seuls ces récits accumulés nous apparaissent comme un plaidoyer pour chercher un autre modèle d'élevage des enfants. Ce sujet donc inépuisable, pourrait finir par être lassant mais, grâce au talent de certain(e)s auteur(e)s, parvient à nous procurer encore quelques plaisirs de lecture. Ce premier roman d'Adeline Dieudonné, auxquels les critiques ne tarissent pas d'éloges, déjà couronné de quelques prix, caracolant en tête des meilleures ventes, pourrait être suspect de certains maux bien courants dans notre civilisation marchande : copinage, excellent travail d'attaché(e)s de presse, écriture fabriquée pour plaire, ...
Force est de reconnaître que non. Dès les premières pages, le lecteur plonge dans une enfance vécue dans une zone pavillonnaire banale, voire sinistre, avec une jeune narratrice de 10 ans, aussi pétillante que lucide quant à sa situation, le tout emballé avec une écriture fluide qui sait aussi bien mener une intrigue à son terme que se jouer des pièges d'une narration enfantine moultes fois utilisée pour son côté frais et innocent. Dès le premier chapitre, le charme opère car , et c'est le plus de ce roman, Adeline Dieudonné a su créer un véritable univers, un magnifique et goûteux cocktail où se mélangent parfaitement enfance, animaux empaillés, éveil à la sexualité, crème chantilly fatale ( oui, vous lisez bien...fatale !), père monstrueux, mère amibe, et résilience. Durant cinq grandes vacances scolaires de tous les dangers ( mais aussi de toutes les découvertes), la jeune narratrice vivra dans la peur mais aussi dans l'absolue volonté de transformer le monde, le tout baigné par la lumière de l'été qui rend les corps libres et l'humeur quand même plus joyeuse.
" La vraie vie"  se lit d'une traite, avec un bonheur parfait,  tant l'écriture et le texte s'avèrent maîtrisés. Le mélange entre humour et violence se marie merveilleusement bien, faisant de ce premier roman une pépite accessible à tous ( avec, peut être quelques scènes ou idées dérangeantes, mais c'est parfois ce sel là, bien utilisé, qui fait les bons romans).

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