samedi 13 octobre 2018

Le chemisier de Bastien Vivès


Une jeune femme, Séverine,  après un baby-sitting où rôde la gastro entérite, se retrouve devoir enfiler un chemisier en soie de marque. Très vite, elle se rendra compte qu'elle se sent plus forte et plus belle quand elle le porte et que le regard des autres sur sa personne s'en trouve transformé aussi, suscitant un désir érotique certain...
Très vite, on pense au "Déclic"  de Manara, mais très vite aussi on s'apercevra que le but de Bastien Vivès est ailleurs ( même si l'érotisme pur et dur le titille sacré depuis quelques albums). Où ? C'est plus difficile à cerner. Séverine est étudiante et vit avec Arnaud. Le jeune couple apparaît très contemporain. La passion charnelle ( si elle a existé) semble déjà appartenir au passé, remplacée par les jeux vidéos, les plaisirs de l'informatique et les séries sur Netflix. Dans cet ennui, le chemisier en soie procure comme un déclic dans la tête de Séverine. Il la révèle, la rend plus forte, désirante et désirable. L'album la suit dans cette plongée dans un monde soudain plus sensuel. Sans multiplier les aventures de son héroïne ( ce qu'aurait fait un Manara), Bastien Vivès laisse planer une vraie sensualité dans son récit, rendue encore plus présente par un dessin toujours aussi expressif dans un certain minimalisme et  qui joue avec finesse de toutes les nuances de gris. L'atmosphère ainsi créée enveloppe bien le lecteur qui dévore l'album.
Mais d'où vient ce très léger sentiment de déception par rapport à l'habitude ? Sans doute, en comparaison de ses précédents romans graphiques, à l'apparente légèreté de l'histoire, avec moins de ressorts fortement psychologiques comme dans "Polina"  et " Une soeur"  mais surtout par la rapidité de la lecture de ces plus de 200 pages qui passent finalement trop vite. Oui, on en aurait voulu plus ! ( quel affreux consommateur insatiable ce lecteur !).
Loin du mauvais esprit de croire que cette BD a été commandée par l'industrie textile haut de gamme ( avec un vêtement de grande marque, bien coupé vous serez plus belle et plus  attirante), " Le chemisier" reste quand même de la belle ouvrage qui sait exciter la lecture et ...le lecteur.
PS 1 : Oui, plus il avance en âge, plus Bastien Vivès aime dessiner des gros seins... et des gros sexes.
PS 2 : Total soutien à l'auteur quant à ses démêlés avec une frange soit disant bien pensante de nos concitoyens voulant censurer une autre de ses productions ( "Petit Paul" ), ignorant que l'humour outrancier a bien le droit d'être pornographique. Par expérience, ce sont aussi ceux qui crient au loup qui possèdent des arrières-cuisines bien moins ragoutantes que celles des auteurs de cette littérature.


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