vendredi 19 octobre 2018

The house that Jack Built de Lars von Trier

"The house that Jack Built"  ... qu'en dire ? Qu'en penser ? Est-ce un film gore ? Oui, si l'on en juge par les nombreux plans violents, non, car beaucoup trop parsemé de pastilles artys appelant à la rescousse, entre autres, Dante ou William Blake et donnant à l'ensemble un caractère puzzle démoniaque réfléchi. Est-ce donc un film intello? Oui car Lars von Trier continue de jouer avec ses spectateurs, avec les critiques, en les malmenant, en leur agitant sa cape de cinéaste joueur brodée de multiples pistes parfois déroutantes. En 2h30 de meurtres en gros plans, d'égorgements, de seins tranchés mais aussi de citations, de clins d'oeil, d'humour, de jeu distancié ou pas, le film de Lars von Trier ne laisse pas indifférent, mais plonge dans l'énigmatique à force de références à l'histoire, aux grandes figures littéraires et cinématographiques mais aussi à lui même. En s'y émergeant, on peut y lire beaucoup de choses si l'on connaît son cinéma, sa vie, sa personnalité. Le personnage de Jack Built n'est-il pas un auto portrait du réalisateur avec son envie de faire de ses crimes ( films?) de l'art, mais aussi avec ses TOC ( Lars en est paraît-il bourré) et son toujours présent désir de faire exploser le cinéma classique ? Et nous spectateurs, forcément voyeurs, ne sommes-nous pas représentés par Uma Thurman, incitatrice à passer à la violence ( et très référencée dans l'univers du film violent suite à ses participations chez Tarantino) ? Matt Dillon ( impressionnant) est-il un double du réalisateur à la folie argumentée et réfléchie ou la part cachée de notre inhumanité ?
Foutraque, bancal, dérangeant, magnifique parfois ( la dernière partie), cynique, impressionnant, chiant, horrifique, et donc, questionnant ( pour un public pour qui réfléchir est aussi un divertissement) , "The house that Jack Built" défie le spectateur ( comme toujours chez le réalisateur danois), flatte peut être sa part voyeuse et sadique ( comme souvent) et le laisse au bout de 2h30 épuisé et perplexe, ne sachant que penser de ce portrait halluciné d'un tueur en série. Un film complexe, aux pistes multiples, pour public averti et/ou furieusement intello.


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