Adapter l'avant dernier roman de Christine Angot, son plus mauvais ( pour moi) avant celui paru cet automne, pouvait donner sans difficulté un bon film. Catherine Corsini s'y est collée et, à l'arrivée, le pari est gagné sans pour autant que la victoire soit écrasante. Les écueils guettent les histoires se déroulant sur plusieurs décennies ( ici des années 50 jusqu'aux années 90): le vieillissement des acteurs et la difficulté à créer de la profondeur autour de personnages dont on n'évoquera que des bribes de leur histoire.
Questions cheveux blancs, pas trop de prouesses des maquilleurs, Virginie et Niels Schneider seront identiques de 25 à 45 ans. Cela n'a guère d'importance, on les fantasme bien mieux tels qu'ils sont. Le récit quant à lui, accompagné d'une reconstitution soignée mais pas envahissante des différentes époques, n'évite pas le survol de ce destin de femme. Cela va relativement vite ( même si le film dure ses 2h15), et le portrait aborde quelques grands thèmes comme la passion amoureuse, les différences de classe, les rapports mère/fille, le combat d'une femme face à un pervers narcissique, ... donnant des juste quelques brins d'éléments que le spectateur prendra ou pas pour nourrir le film. Virginie Efira en femme séduite puis abandonnée, puis battante, puis résignée, puis aveugle, puis ébranlée, puis.... fait magnifiquement le job ( comme d'habitude) et porte le film quasi seule sur les épaules, son camarade Niels Schneider dans le rôle du sale mâle balançant juste quelques répliques sans nuances, joue les faire-valoir. Le film ne démérite pas mais reste dans l'illustration de l'histoire écrite par Christine Angot, avec, comme dans le roman, un effet de non style. Sans doute une adaptation hommage à l'écrivaine, qui apparaît d'ailleurs sous les traits de la comédienne Camille Berthomier, bluffante dans le rôle de Chantal adulte ( dans le film, on a changé les prénoms protagonistes de cette histoire vraie), jamais dans l'imitation et incroyablement Angot.
"Un amour impossible" se regarde sans déplaisir, car illuminé par la présence de Virginie Efira, mais reste quand même dans les rails bien formaté d'un cinéma français efficace mais auquel il manque ce petit je ne sais quoi qui fait la différence : un vrai style !
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