samedi 24 novembre 2018

Laurent le flamboyant de Julia Woignier


Ce roman, pour les enfants qui commencent à bien lire ( donc à partir de 7 ans ) se présente comme un joli objet coloré jusqu'à la tranche, parée d'une belle teinte rouge. Côté appétence à ouvrir le livre, c'est gagné. L'intérieur, amplifie la première impression, des illustrations qui fleurent bon la nostalgie des ouvrages des années 50/60 ( une spécialité des éditions MeMo), rythment joliment le texte pendant 76 pages.
L'histoire, le plus important quand même, se déroule dans la jungle de Sumatra où un brave ourang-outan se fait un drôle de cinéma dans sa tête. Il rêve, en déposant au pied de l'arbre où il vit de la tarte aux litchis de sa fabrication, d'attirer des petits enfants, parisiens si possible. Sauf enfants de hipster en vacances dans le coin, la probabilité qu'une Marie-Liesse ou un Jean-Octave apparaissent, reste de l'ordre du rêve. Une fourmi, voisine de Laurent, profite de l'aubaine pour s'empiffrer et surtout faire un peu marcher le grand singe en lui faisant espérer une venue possible de quelques blondinets ( habillés Bon Point ? ) s'il change d'appât. De déception en découragement, les rêves en prennent un coup. Mais si, on se secouait un peu et que l'on mettait toute son énergie pour essayer d'atteindre ce rêve?
Mignonne en apparence, l'histoire, avec une écriture voulant sortir des sentiers (re)battus du genre, surprend un poil. Dans un style qui se la joue sautillant, usant de jeux de mots, jouant avec les caractères ( d'imprimerie) comme avec l'anthropomorphisme, s'égarant un peu dans des détails étranges, des allusions vieillottes ayant trait à l'enfance, des citations sans doute datées pour les enfants ( citer l'oeuvre lyrique de Joséphine Baker donnera-t-elle un plus culturel à notre jeunesse ou lui passera-t-elle largement au-dessus? )  l'histoire avance cahin-caha. Parfois on se demande si l'auteure n'a pas utilisé les litchis en cigarettes... Un sentiment de trop plein envahit le texte au détriment de ses personnages, rendant la lecture moyennement emballante. Le dossier de presse ( très beau) accompagnant l'ouvrage, s'il essaie de bien resituer ce roman dans la production mainstream actuelle, n'évite pas de s'égarer lui aussi dans des considérations pas mal amphigouriques, vraisemblablement fort bien pensées et encore plus vraisemblablement destinées à un coeur de cible bien précis ( Kevin lâche ce livre et rend-le à Paul-Edouard !).
"Laurent le flamboyant", en met plein les yeux avec ses illustrations pimpantes. Pour l'histoire, je reste sceptique car il n'est pas certain que le lectorat auquel il s'adresse soit d'emblée réceptif à ce style débridé qui paraît surtout faire plaisir aux adultes.

Merci au site BABELIO et aux éditions MeMo pour la découverte de ce roman.

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