Je l'avoue, je suis assez client du cinéma de Lars von Trier, que ce soit l'infernal "Breaking the waves", la comédie musicale "Dancer in the dark", le réjouissant "Les idiots" et même l'extrémiste "Dogville", j'aime sa caméra virevoltante qui capte si bien les regards, les émotions. Seul le précédent "Antéchrist" m'avait un peu laissé au bord du chemin...
Cette fois-ci avec "Mélancholia", le cinéaste danois nous livre sûrement l'un de ses plus beaux films.
Après un prologue bluffant de beauté, nous rencontrons Justine (Kirsten Dunst, parfaite), jeune mariée, avec son mari, dans une limousine. Scène de comédie, prémonitoire pour Justine, car la limousine, trop longue, ne peut prendre un virage qui la conduira dans la demeure où se déroule la réception.
Ensuite, nous assistons au repas de noces, nous faisons partie des invités grâce à la caméra de LVT qui sait saisir un geste, un regard, une parole, des expressions qui confirment que cette mariée, si belle, est en fait désemparée, puis perdue, puis désespérée. Le vernis est bel et bien craqué et la planète Mélancholia s'approche de la terre..., fin de la première partie.
La deuxième moitié du film, intitulée "Claire" (Charlotte Gainsbourg, elle aussi parfaite) débute par un plan de toute beauté évoquant la peinture flamande et nous présentant la soeur de Justine, Claire, reposant devant une fenêtre toute à son bonheur familial de mère et d'épouse comblée, avec juste un soupçon d'inquiétude dans le regard. La planète Mélancholia approche, va heurter bientôt la terre. Claire va héberger Justine, totalement dépressive et toutes les deux, avec l'enfant de Claire, elles vont attendre le choc final. Au fur et à mesure que s'approche le moment ultime, Justine va retrouver la vie alors que sa soeur va s'enfoncer de plus en plus, jusqu'à la scène finale, éblouissante, qui m'a littéralement scotché sur mon siège.
A la vision de ce film, on se dit que si Lars von Trier n'avait pas dérapé lourdement lors de la conférence de presse de Cannes, il aurait peut être eu la palme d'or. Certains plans de "Mélancholia" nous font penser à "The tree of life" de Terence malick, la religiosité en moins. Mais la ressemblance s'arrête là. Lars von Trier est trop nihiliste et c'est ce qui fait la force de son film. Ses personnages sont des êtres de chair et de sang, seuls, affrontant ce que la science a prédit, puisant au fond d'eux mêmes les ressources pour affronter cette mort inéluctable. Magistral!
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