jeudi 30 mai 2019

Cherbourg de Charles Daubas


Décidément, les genres sont poreux, fluctuants au gré des éditeurs. Regardez ce premier roman, au titre sobre. C'est un polar mais il paraît dans la collection dite blanche alors que, par exemple, chez le même éditeur, Gallimard, le dernier Ron Rash, "Un silence brutal",  pas vraiment un thriller, paraît lui dans la série noire...  Mystère de l'édition. 
Quoiqu'il en soit, c'est un roman. Le genre, en 2019, on s'en fiche de plus en plus ( et partout) pourvu que le plaisir de la lecture soit là. " Cherbourg" possède de toute évidence assez de qualités pour plaire à un lectorat qui aime être un peu surpris ou interrogé. 
L'intrigue, classiquement policière, emprunte toutefois des chemins de traverse qui vont flirter avec la fable écologique voire avec un  fantastique léger. La disparition mystérieuse d'un adolescent lors de l'effondrement d'un bout de falaise va se trouver emmêlée avec l'apparition dans la rade de Cherbourg de pierres flottantes ainsi que d'un saumon bien bizarre. L'enquête menée par une policière cherchant à faire un bébé par FIV ( oui cela a une certaine importance...), sous ses apparences de flic cool de province, va quand même nous faire entrer dans les silences d'une région qui ferme facilement les yeux devant certaines évidences écologiques. Cherbourg se trouve au croisement de deux pôles manipulant du nucléaire : La Hague pas loin et l'arsenal qui travaille autour des sous-marins eux aussi nucléaires. Et soudain, en s'intéressant à cet adolescent disparu, s'ouvrent d'autres mystères, d'autres raisons de se taire ou de camoufler certaines vérités. Cherbourg continue de se révéler toujours aussi triste, avec ou sans parapluies. Charles Daubas, avec son récit bien mené ( et avec une résolution inattendue, ce qui est un exploit dans le genre policier tant ratissé depuis des décennies ) parvient à nous passionner, nous faire réfléchir. Il est certain qu'après la lecture de ce roman efficace, le syndicat d'initiative de la ville de Cherbourg risque de limoger un peu de personnel, faute de touristes ( même si la plupart viennent des paquebots de croisière qui accostent régulièrement). Que vous pensiez aller en vacances dans le Cotentin ou pas,lire ce premier roman vous donnera dorénavant une vision un peu différente de ce joli coin de France verdoyant...

Et pour conclure deux ou trois vues de Cherbourg de ma collection personnelle prises cet automne... Comme quoi, il y a un peu de tourisme dans la ville...





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