Premier roman singulier, "La photographe" aborde une foule de petits sujets, les effleurant plus que les exploitant réellement, donnant à ce récit une atmosphère délicate et particulière, auquel le lecteur s'accrochera ou pas.
Selon le regard que l'on porte sur cette histoire d'une petite communauté russe de la région parisienne, on pourrait dire qu'il s'agit de la chronique de la fascination d'une jeune femme pour une autre jeune femme. La première est photographe, la seconde accepte de poser devant son objectif avec son mari et de les immortaliser faisant l'amour. Mais ce serait diriger cette histoire vers une tension érotique qui n'est pas l'essentiel du sujet, loin de là. Certes les prises de vue se renouvelleront, mais sans le mari. Fascination ? Séduction ? Attirance ? On n'en saura pas plus, surtout que d'autres fascinations viendront s'ajouter. Celle du frère de la photographe pour sa soeur mais aussi pour la mère du modèle, écrivaine aussi charismatique que difficilement déchiffrable. Beaucoup d'attirances donc, parfois vénéneuses, se faufilent dans une histoire qui fait aussi la part belle aux souvenirs d'une Russie abandonnée mais dont les parfums hérités de l'enfance coulent encore et toujours dans les veines de ces exilés.
L'auteure tisse son récit sans jamais trop s'appesantir sur les événements, les utilisant plutôt pour instaurer une atmosphère inspirée de Modiano, avec en prime un Paris et sa banlieue, actuels mais flous. C'est délicat, pas du tout voyeur malgré quelques thèmes qui pourraient le donner à penser. La lecture reste agréable mais laisse l'impression, une fois le livre terminé, que cette ambiance bien maîtrisée ne laissera peut être pas au bout du compte un souvenir impérissable.
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