mardi 20 août 2019

Une joie féroce de Sorj Chalandon

TROIS QUESTIONS QUE L'ON PEUT SE POSER AVANT DE SE RUER SUR :


Etre un des plus gros tirages de cette rentrée littéraire, est-ce un signe de qualité ? de succès annoncé ? d'espoir? 

Quand on s'appelle Sorj Chalandon et que depuis bientôt quinze on cumule succès critique comme public, l'évidence d'un gros tirage ( 50 000 exemplaires annoncés) ne se discute pas. Le public a adoré, avec raison,  "Retour à Killybegs" ou "Le quatrième mur" entre autres, et même si le précédent "Le jour d'avant" avant un peu marqué le pas, l'auteur est devenu au fil des ans une valeur sûre de l'édition. Donc beaucoup d'espoirs chez Grasset en ce mois d'août pour ce dernier ouvrage. Espoir que l'on se rue les yeux fermés ( attention toutefois de ne pas renverser la pile d'Amélie Nothomb, moins haute au fil des ans mais toujours présente), le nom incitant à l'achat mais espoir aussi que ce nouveau cru, d'inspiration moins autobiographique à priori, comblera les attentes de son lectorat. 

Sorj Chalandon peut-il, une fois, décevoir ses lecteurs ? 

Aucun auteur n'est à l'abri d'une baisse de régime, d'inspiration et possède ou possédera dans sa bibliographie des titres moins brillants. Hélas pour nous, pour lui, la cuvée 2019 Sorj Chalandon ne sera pas du tout mémorable. Son histoire de quarantenaire cancéreuse qui retrouvera du peps grâce à ses rencontres en séance de chimiothérapie et qui lui feront un peu oublier la maladie en fomentant un casse dans une bijouterie pâtine pas mal dans le déjà lu. Il a beau se mettre dans la peau d'une femme ( une petite performance ( assez ratée) qui devrait faire saliver François Busnel), jamais le récit ne prend son envol, alignant les passages obligés sans aucune originalité ni stylistique ( écriture plate ) ni romanesque. On a lu cela des centaines de fois, souvent en mieux et plus touchant. Je rassure ceux pour qui un récit sur le cancer est rédhibitoire, le grand sujet du roman n'est pas du tout celui-là, la maladie passant vite au second plan au profit de l'organisation d'un casse chez Boucheron et de sa réalisation. Nous sommes quasi dans le polar, sauf que, là aussi, Sorj Chalandon n'a pas vraiment la fibre roman noir, le tout se traînant pitoyablement jusqu'à un dénouement quasi gnangan. 

La sororité, nouveau filon pour booster la vente des livres ? 

La sororité ( lien de solidarité féminine), effet meetoo oblige, se trouve ces derniers temps le thème principal de beaucoup de romans, certains trustant la tête des ventes comme récemment "Les victorieuses" de Laëtitia Colombani après le tout aussi épouvantable "La tresse". Etrangement ces deux best-sellers sont des produits Grasset, éditeur du même Chalandon. Quand on découvre le récit assez improbable de " Une joie féroce", aux allures de téléfilm banal et peu inspiré, on pense soudain à une quelconque recette de cuisine maison dont on sait que les ingrédients flattent le goût d'un public à la recherche d'un roman facile à lire. Une petite panne d'inspiration ( que l'on espère passagère), un essai franchement pas réussi vers le polar, agrémenté par cette sauce bienveillante et désormais tarte à la crème de solidarité féminine donnent un roman mal fichu que l'on va vite oublier. N'est pas féministe qui veut. 

1 commentaire:

  1. Je ne fais jamais la rentrée littéraire par manque de temps mais merci de nous prévenir... Je viens de m'acheter le quatrième mur car je n'ai encore rien lu de cet auteur qui est effectivement présenté comme incontournable.

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