mardi 14 janvier 2020

1917 de Sam Mendes


Il ne vous a pas échappé que les producteurs et distributeurs  de "1917" ont sorti la grosse artillerie pour que vous fonciez en salle admirer l'oeuvre. Si l'on ausculte bien les propos que l'on nous sert, tout tourne autour de la prouesse technique : un seul travelling de deux heures, un décor gigantesque avec une reconstitution des tranchées à faire refaire des cauchemars aux poilus s'ils voyaient le film et des bataillons de figurants aussi bien hommes que rats. 
Si la rutilante reconstitution en impose bel et bien, si l'unique plan impressionne et se fait oublier au fil des péripéties ( en fait des plans de 5 à 8 minutes ont été collés judicieusement les uns aux autres, parfois on s'en aperçoit, parfois pas ), quid de l'histoire, du propos ? 
Simplissime ! Deux soldats doivent porter une lettre avant le lever du soleil à l'état-major allié situé de l'autre côté du front, classique scénario jouant sur l'espace/temps. Reconnaissons à  l'histoire d'alterner finement entre moments de tension extrême ( le danger est partout) et moments plus calmes ou plus psychologiquement dramatiques. Mais là encore, rien de nouveau sous le soleil ( parce que le coup du film en un seul travelling, ça a été fait déjà beaucoup de fois, tout comme les  reconstitutions pharaoniques), le récit s'avère entrer parfaitement dans les cases bien formatées du film d'action avec, comme c'est souvent le cas, une mise en scène à la jeu vidéo ( pour attraper le jeune public? ), la lente arrivée sur un nouveau décor doit nous éblouir mais nous fait instinctivement chercher où peut bien se cacher l'ennemi ( à dégommer). 
Cette production, qui peut épater ( et faire oublier la vacuité d'un scénario lambda) avec une caméra virevoltante et virtuose, formater pour plaire dans le monde entier, n'échappe pas à quelques invraisemblances dont le côté waterproof d'une lettre qui arrive après un long séjour de son porteur dans l'eau, parfaitement sèche et lisible. Et que dire de la présence dans la Marne d'un torrent impétueux et de son inévitable et impressionnante chute d'eau façon Niagara ? Peut être que le public français tiquera devant cette nature soudain devenue bien vallonnée dans un secteur normalement bien plat. 
Sinon, pas d'inquiétude quant à la possibilité de réflexion, elle est ici minimale ( nous ne sommes pas dans " Les sentiers de la gloire" !) et se résume en une phrase : La guerre, c'est pas beau ! ( grâce à un final au milieu des estropiés et des râles des mourants). La simplicité du message ( par ailleurs juste, mais bon...) nous fait donc dire : Tout ça pour ça ?!!!! 




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