samedi 25 janvier 2020

Premiers Plans 2020 Angers (2ème partie)


Le festival touche à sa fin. Cette plongée dans le jeune cinéma européen fut comme d'habitude l'occasion de prendre la tension de la création actuelle. Première remarque, le monde actuel ne respire pas la joie de vivre et ce que l'on a vu sur l'écran non plus. Pour une cure de joie de vivre , préférez l'Alpes d'Huez et son festival de comédies. Ici, dans les nombreux courts-métrages présentés, on s'intéresse beaucoup aux premières années de la vie ( normal pour des jeunes réalisateurs). On a ainsi vu des ados sur les réseaux sociaux, mais en proie à des délires très consuméristes comme les deux petites écolières tchèques dont le but dans leur petite vie est de gagner des vues ( donc de l'argent) sur You tube ( "Don't be a Pussy" de Jakub Jiràse) ou sujets au mal être suite à un blocage sur Facebook ( "Ikki Illa Ment" de Andrias Hogenni). Ces deux courts très réussis, font figure de rayon de soleil au milieu d'autres nettement, plus dépressifs, voire plus ternes ou en proie à des clichés. Ces gros plans souvent longs, sous éclairés et/ou granuleux ( oui même dans un court !)  sur des visages tristes sensés nous plonger dans le désarroi du personnage ( toujours dans des appartements miteux ou en HLM) finissent par lasser. N'y a-t-il pas d'autres façons de nous montrer cette situation... par un scénario bien écrit par exemple ( c'est là où souvent le bât blesse chez les futurs cinéastes) ? On en finit par arriver à une émotion formatée. Mais parfois, sans un réel scénario, l'émotion peut naître comme dans le contemplatif mais magnifique "Then comes the evening" de la serbe Maja Novakovic ou avec des dispositifs moins classiques...et une personne âgée, on peut faire pleurer toute une salle comme l'a réussi Lou Colpé avec son fascinant "Le temps long" , bout à bout de vidéos amateur (?) de sa grand-mère mais ici , tout est une question de montage...et de sensibilité. Tous ces courts cités figuraient dans la sélection "films d'écoles", autrement plus passionnante que ceux présentés dans la compétition proprement dite.
Du côté des longs-métrages, la semaine s'est terminée mieux qu'elle n'avait commencé. Si l'on oubliera le très laborieux " Mes jours de gloire" de Antoine de Bary, si l'on reste un peu sur notre faim avec le film "Un jour si blanc" de Hlynur Pàlmason ( moins réussi que son précédent "Winter brothers" primé ici il y a deux ans ) et "Giraffe" de Anna Sofie Hartmann, tous deux souffrant d'une mise en place un peu longuette. Nous avons quand même vu deux longs qui, selon toute logique devraient se retrouver au palmarès ( même si le public a été assez remué et peut être donc divisé). Le premier est un...difficile à définir...docu/fiction belge de Alexe Poukine, " Sans frapper" , qui nous a collés sur notre siège avec son histoire d'un viol raconté par plein de personnes différentes, puis qui réagissent avec leur vécu. Chaque spectateur s'est senti violeur, chaque spectatrice s'est sentie violée mais sacrément interrogée sur son ambivalence face à la violence masculine. Une expérience de cinéma vraiment étonnante qui mérite assurément une récompense. Le deuxième, est le premier film français de Filippo Meneghetti "Deux" , au pitch pourtant peu vendeur ( deux dames âgées s'aiment lorsque l'une va avoir un accident cérébral) mais dont le scénario vraiment bien fichu rend le film à la fois drôle, rythmé comme un thriller et complètement émouvant. Que décidera le jury présidée par Juliette Binoche ? Nous verrons bien...
Quoiqu'il en soit, même si l'on s'est parfois pas mal ennuyé face à une sélection un peu en demi-teinte, Premiers Plans reste sans conteste l'un des festivals les plus joyeux, festifs et passionnant du pays. Parce qu'en plus des premiers pas de jeunes cinéastes, c'est aussi l'occasion de redécouvrir une multitude films du patrimoine. Un beau, bon et grand festival donc !

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