mardi 21 janvier 2020

Premiers Plans Angers 2020

Dans un nouvel écrin, tout neuf, plus vaste,le 32ème festival Premiers Plans d'Angers accueille un public enthousiaste, toujours composé de 2/3 de jeunes et d'1/3 de retraités, confirmant que le gros du public cinéphile se trouve bien dans ces tranches d'âge. Heureusement que le public reste enthousiaste, car pour le moment, on ne peut pas dire que le festival nous ait proposer des oeuvres emballantes.
Si l'on regarde la compétition des longs-métrages, qui fait la part belle aux documentaires ( et parfois un deuxième...), on se dit que les organisateurs ont dû avoir quelques difficultés à trouver des films. Les jeunes cinéastes en compétition s'intéressent au monde qui les entoure mais ont du mal à tenir la longueur ou à porter leur sujet vers le plus grand nombre. Ce fut le cas pour le film espagnol de Belen Funes " La hija de un ladron", qui filme mieux le monde du travail que cet amour impossible entre un père et une fille ou de "Ivana la terrible"  de la Romano-Serbe Ivana Mladinovic, aussi attachante qu'agaçante, se mettant en scène dans une sorte de thérapie familiale qui au final n'intéressera que les protagonistes. Quant au film allemand "Oray", son sujet un peu clivant autour de la vie d'un musulman croyant qui a dit trois fois "talâq" à son épouse ( ce qui signifie qu'il la répudie) , avec une réalisation assez terne, n'a guère passionné. Tous ces films mettent en scène des jeunes d'aujourd'hui. A ce petit jeu, seul le norvégien Martin Lund avec " Psychobitch" arrive à faire un bon cinéma qui attrape les spectateurs ( mais c'est, il est vrai, un deuxième film qui, par ailleurs, a déjà obtenu le prix Artekinofestival il y a peu).
Au milieu de ces fictions nous avons vu trois documentaires "Overseas" de Sung-A Yoon pour la Belgique, nous parlait avec beaucoup de grâce du sort de ces femmes philippines qui s'exilent pour être domestiques dans des pays plus riches. Filmées dans une sorte de centre de formation, elles furent certes touchantes mais pâtissaient peut être d'un montage un peu languissant. Nous avons également découvert "Retiens la nuit" signé de trois réalisateurs, Baptiste Drouillac, Arthur Verret et.. Simon Depardon ( le fils de ...?), doc un peu brouillon sur les messes organisées tous les 9 du mois à l'église de la Madeleine en souvenir de Johnny. De ce galimatias catho/rock seule surnage la figure d'un jeune fan trentenaire particulièrement touchant. Nettement plus réussi, "Des hommes" de Alice Odiot et Jean-Robert Viallet , nous enferment dans la prison des Baumettes et proposent un regard dénué de tout manichéisme, qui donne toutes ses lettres de noblesse au genre. A découvrir en salle mi-février.
Si la sélection des longs peine à convaincre, qu'en est-il de celle des courts ? Pas de chance ! Un peu le même constat, avec , tant en animation qu'en fiction, des films dont l'envie de coller à l'air du temps ne cache certaines maladresses, souvent scénaristiques. Effet Meetoo, effet Uber sont là... C'est bien mais pas convainquant. Pour ma part, je retiendrai les très sensibles  " Un adieu" de Mathilde Profit et " Suc de Sindria" de l'espagnole Irène Moray où histoire, mise en scène et direction d'acteur se révèlent impeccables. Mais il reste encore quelques jours pour de possibles découvertes.
Cette année , il semblerait que les belles découvertes se trouvent dans la nouvelle section Diagonales qui offre des films hors de tout formatage, pas toujours aboutis mais tous intéressants ( nous n'en avons vu que 3 pour l'instant, mais on a hâte de découvrir les suivants) mais aussi dans la catégorie  "films d'école", qui semblent plus libres ou qui osent se coller au cinéma de genre, comme dans les propositions de comédies ( genre ultra difficile s'il en est) du programme de cet après-midi qui ont beaucoup plu au public présent. Nous avons pu en  découvrir une, un peu absurde,  fort réussie, tant par la mise en scène que par la direction d'acteurs, ( "Le cas Perrot" de Rony Tanios) et une autre romantique vraiment bien scénarisée ( " Summer Hit" de Berthold Wahjudi).
Quoiqu'il en soit, le festival d'Angers reste le véritable poul de la jeune création cinématographique européenne, bonne ou moins bonne année, le plaisir de la découverte reste intact grâce à une organisation sans faille et conviviale ! Et il reste quelques jours pour découvrir quelques pépites...



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