jeudi 22 avril 2021

Ceux qui sont restés là-bas de Jeanne Truong


 Voici un roman dont le sujet sera de toutes les façons inattaquable : la libération des camps au Cambodge au moment de la chute des Khmers rouges. Epoque trouble, profondément mortifère pour des milliers de civils où, quelque soit l'endroit, ils seront le plus souvent enfermés, massacrés. Bien peu seront sauvés par la Croix Rouge. Le roman de Jeanne raconte le difficile périple du narrateur, un petit garçon de 7 ans que la mort de son père et de sa soeur ont rendu muet et de sa mère, femme dévastée pat les atrocités qu'elle a enduré dans les camps initiés par l'infâme Pol Pot. Ces deux là vont tenter de survivre dans un univers de jungle et de guérilla incertaine , où le passage d'une frontière ( celle de la Thaïlande) ne sera pas signe de non violence. 

Visiblement inspiré d'un récit familial, le roman a le mérite de rappeler combien l'humain peut en deux temps trois mouvements se déshumaniser et sombrer dans la plus pure folie meurtrière, le tout sous l'influence d'une seule personne.  Il montre aussi, qu'après cette atrocité, un semblant de vie conforme à quelques aspirations heureuses est bien difficile à retrouver tant les stigmates et les réflexes de défense ou de destruction ne cicatrisent pas. On s'attache évidemment à ce petit garçon qui ne connaît du monde que sa part la plus sombre et qui a du mal à prendre le bonheur quand par hasard il se présente. On suit son rude parcours dans deux pays où les dangers les plus grands ne sont pas les tigres ou les serpents venimeux mais bien les hommes. Cependant, malgré le sujet fort, on pourra trouver que l'autrice , avec ses phrases courtes, a du mal à créer un vrai univers dans toutes les parties relatant le parcours aventureux des protagonistes, étant nettement plus à l'aise et plus émouvante dans tout ce qui est psychologie des personnages. 
Ces restrictions mises à part, le roman reste attachant et nécessaire, pour que jamais on n'oublie ces atrocités et que jamais elles ne puissent se reproduire, même si, hélas, les hommes de bonne volonté semblent se raréfier un peu plus chaque jour... 

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