Ca s'est passé dans la nuit du 6 au 7 juin 2019, mon compteur de blog a franchi le cap du million de pages vues. Ce nombre rond apporte un sentiment d'importance très fugace quand on le rapporte à un univers où les clics se comptent plutôt en milliards. Mais qu'importe, il me plaît de signaler ce mini événement très personnel et de profiter de cette occasion pour dresser un petit bilan de mon blog qui n'intéresse pas grand monde à part moi.
Quelques chiffres d'abord ( oui, j'aime lire, aller au cinéma, mais je trouve aux chiffres une certaine poésie) :
Le blog s'est posé sur la toile le 14 août 2011, avec un article bien timide, en parfaite inadéquation avec la suite, autour d'une exposition du peintre
Stéphane Pencréac'h ( 347 visites ). Depuis 1492 avis ont été publiés avec des fortunes diverses mais une moyenne de 670 visites par billet. Le plus gros score revenant à un énorme succès de l'édition ( c'est bien connu, le succès appelle le succès)
"La vérité sur l'affaire Harry Québert" avec 7582 visites, et le plus bas au film
"Habemus Papam" de Nanni Moretti avec 57 visites... Avec ce billet si peu vu, je vais de ce pas appliquer une théorie qui selon les conseils que l'on peut glaner ici ou là va attirer les internautes : y glisser des mots, des expressions qui attirent, à savoir du vocabulaire autour du sexe ( gros seins, sexe en érection, ...) et je verrai si son audience remonte.
A ce propos, quand je regarde avec quels mots clefs de recherche on atterrit sur mon blog, je reste un peu pantois. Dans la liste fournie par la plate forme qui héberge " Sans connivence", arrive en tête : "
Claude Gensac lesbienne" ! Etonnant non ? Surtout que la seule fois où j'ai mentionné cette actrice dont la vie sexuelle m'importe peu, c'était pour un des ces derniers films "
Elle s'en va" d'Emmanuelle Bercot et l'on n'y parlait pas de sexe. Suivent "
Putes au Havre" ( peut être que le film de Kaurismaki...) , "
fin du monde" ( une BD chroniquée porte ce titre) et "
Claude Gensac homosexuelle" ( décidément ! ). Et je me demande si le fait de le citer ici ne va pas augmenter le flux vers le blob des curieux des pratiques sexuelles de cette partenaire de choix de Louis de Funés ! Notons aussi que l'on peut venir sur " sans connivence" après avoir tapé ( au hasard parmi des centaines d'expressions diverses et variées) "
Ma tante est court vêtue" ou
" Danseuses poids lourds Alger" ou
" Donnez-moi des sexes" ou
" Mé keskeussé ke sa" ( celui-ci pour signaler que Google se moque de l'orthographe) sans que je puisse bien saisir le cheminement des moteurs de recherche pour conduire ces amateurs de sexe ou de questionnements existentiels chez moi.
Je sais bien par contre qu'un million de pages vues, ne veut pas dire un million d'articles lus ! Quand, dans la nuit, cherchant un vague émoi sexuel, on tape " sodomie" sur Google et que l'on arrive sur un billet parlant du dernier roman d'un illustre inconnu, on zappe en une seconde. Alors si un quart de ces visites avaient donné lieu à un court moment de lecture, je serai très content. Je sais quand même que quelques fidèles me lisent assez régulièrement, et je les salue avec respect ( et leur dédie ce billet). Je sais aussi que d'autres, m'envoient régulièrement de petites insultes, n'aimant pas mon obstination à fustiger de temps en temps toutes les religions, que d'accortes commerçantes russes se ruent sur mes avis de romans ou de films parlant de la Russie pour m'envoyer ensuite leur catalogue de jolies créatures slaves qui feront des épouses parfaites pour moi, que certains jeunes gens sur les bancs des écoles pompent parfois un billet pour passer plus de temps sur leur Play Station, que des attaché(e)s de presse spécialisé(e)s web sont parfois attiré(e)s par ma prose.... Ah, là je fais une halte et parlons un peu de mes rapports avec ces personnes ...
Quand j'ai débuté mon blog, qui était un peu pensé comme un journal personnel mettant en mot mes impressions sur ce que je voyais ou lisais, je ne m'attendais à rien. Mais très vite, disons après 3 ou 4 mois de publications régulières, j'ai été contacté par des maisons d'édition, me proposant de m'envoyer tel ou tel roman avec un billet en échange. Ca fait plaisir ( chic, lire gratos, une aubaine !), on reçoit, on lit, on écrit. Donc, j'ai accepté quelques envois qui, chance, n'étaient pas des mauvais livres. Au fil des mois, les sollicitations augmentent ( ils se passent les adresses?) jusqu'à, ce le fut le cas pour une maison d'édition, de m'offrir la possibilité de choisir ce que je voulais dans une liste de leurs parutions. Chez les éditeurs, ils n'attendent qu'une chose : un bon retour enthousiaste. La tentation du billet énamouré est grande chez un blogueur ( qui, pour la lecture, le roman, est très souvent une blogueuse), il n'a pas envie de couper le filon. Seulement, mon blog s'appelle "Sans connivence"... Quand je tombe sur un bouquin ( un film, une BD, ...) qui ne me plaît pas, je le dis ! Et ça , les attaché(e)s de presse, ils, elles n'aiment pas ! Très vite, ils, elles ont senti que j'étais un vieux grincheux qui n'acceptait pas de passer n'importe quel plat. Et la manne s'est vite arrêtée. Je n'étais pas le petit laquais bien gentil au service de l'industrie du livre, celui qui aime tout et n'importe quoi, pourvu qu'il continue à recevoir des livres ou être invité à rencontrer des auteurs ou à la présentation des nouveautés. Si vous vous promenez dans les blogs dits littéraires, règne une atmosphère de béatitude, de superlatifs, de reprise de quatrième de couverture. Peu nombreux sont ceux, celles qui émettent des réserves sur tel ou tel titre ou qui donnent un avis réel. Virginie Grimaldi ou Paul Auster, c'est pour eux la même chose ! C'est écrit sur du papier, c'est (surtout) offert, donc, c'est formidaaable! ( Ce qui explique aussi un peu le succès de la première, bien plus facile à lire et donc à chroniquer que le second). Les éditeurs ont vite compris comment mettre à leur service cette petite blogosphère...
Malgré tout, je lis quand même beaucoup de nouveautés, que parfois j'achète ou pas, que l'on me prête ou que je lis pour une bibliothèque. Je suis donc parfaitement libre d'en dire ce que je veux ( à tort ou à raison) et je continuerai à ne pas m'en priver, à balancer sur la toile des avis pas toujours relus ( ce n'est pas bien mais je suis fainéant parfois) et à garder mon libre arbitre, toujours, toujours sans connivence !