Adulé par la critique, sur les listes de plusieurs grands prix de cette rentrée, "Le ghetto intérieur" lorgne le Goncourt. Mais le roman est-il si extraordinaire ? 3 petites remarques, qui n'auront aucun effet sur les vénérables jurés du non moins vénérable et si important prix littéraire.
1) On lit partout que c'est le meilleur roman de son auteur.
Inscrit dans une sorte de saga intime et personnelle, "Le ghetto intérieur" se présente à nous un peu différemment des précédents ouvrages de l'auteur. En racontant l'histoire de son grand-père, ayant émigré jeune en Argentine et ayant fondé une famille, Santiago Amigorena s'extirpe enfin du roman autobiographique dans lequel il se complaisait jusqu'à présent. Avec un thème aussi fort que la Shoah et le ghetto de Varsovie, il touche évidemment à un sujet sensible, inattaquable, imparable. En nous faisant partager le désarroi de son aïeul Vincente, torturé, anéanti par le remord d'avoir fui avec soulagement une mère ( juive) trop accaparante et de ne pas avoir assez insisté à lui faire quitter Varsovie pour le rejoindre, il touche juste et fort. Le roman se déroule exclusivement à Buenos Aires. De cet endroit protégé du conflit européen, on perçoit combien les informations peuvent être minimales, car, c'est bien connu, on ne s'intéresse vraiment qu'aux événements proches de nos lieux de vie.... et tant pis pour ceux qui sont intimement concernés et qui ont vivront de suppositions et donc d'angoisses. Avec une grande pudeur, une grande sensibilité, nous entrons dans cette histoire de ghettos ( oui au pluriel !) de façon intense... ou comment un génocide peut être décrit avec force et émotion sans jamais y être. Pour cela, c'est assurément le meilleur roman de Santiago Amigorena.
2) Intégré dans une grande fresque autobiographique, ce roman peut-il se lire indépendamment ?
Assurément, et c'est bien là l'intérêt de ce roman, l'épisode conté ici se démarque totalement de l'ensemble voulu par l'auteur. Les autres volumes, très très autobiographiques, voire extrêmement narcissiques pour certains, n'ont quasi rien à voir avec celui-ci. En s'écartant de son nombril et de ses amours qu'il veut compliquées ( je l'aime mais je m'enfuis, je la trompe parce que je l'aime, elle ne m'aime pas mais c'est pour ça que je l'aime, ...), Santiago Amigorena prouve qu'il peut être un vrai, un bon auteur et s'ouvrir ainsi à un public plus large.
3) Alors, le Goncourt ? C'est pour lui ?
On ne peut jamais savoir, la cuisine des prix étant bien complexe. La critique semble être acquise ( c'est important) mais cela suffira-t-il ? Si l'on ausculte bien le roman, on peut y trouver quelques petits défauts. Santiago Amigorena, dans ses précédents ouvrages aimait bien couper les cheveux en quatre, voire en huit et même en douze. S'il a gommé énormément de ce travers dans cette dernière livraison, il ne peut s'empêcher d'écrire des choses comme : "Le lendemain (... non pas le lendemain de ce vendredi 13 septembre 1940, (...), ni le lendemain du lendemain de ce jour, ni le lendemain d'un autre jour, non pas le lendemain, disons, mais plutôt "un" lendemain, un lendemain précis et imprécis à la fois, un lendemain d'un jour tout aussi précis et tout aussi imprécis, un lendemain certain et incertain si vous préférez), Vicente... Mais rassurez-vous c'est peut être une des rares envolées pseudo lyrique du roman, le restant épousant un belle sobriété dans l'écriture.
Un autre point de détail qu'il faut souligner, pas vraiment gênant, mais qui donne une toute petite lourdeur au texte, c'est d'être parfois tombé dans l'écueil du pédagogisme. Mais comment en vouloir à l'auteur face à une telle horreur, une telle abomination que furent les conséquences du pouvoir nazi ? Difficile de passer à côté surtout qu'il veut, qu'il doit, qu'on lui en sait gré de continuer ce devoir de mémoire obligatoire.
Alors le Goncourt pour "Le ghetto intérieur" ? Il ne dépareillerait pas dans la liste....
1) On lit partout que c'est le meilleur roman de son auteur.
Inscrit dans une sorte de saga intime et personnelle, "Le ghetto intérieur" se présente à nous un peu différemment des précédents ouvrages de l'auteur. En racontant l'histoire de son grand-père, ayant émigré jeune en Argentine et ayant fondé une famille, Santiago Amigorena s'extirpe enfin du roman autobiographique dans lequel il se complaisait jusqu'à présent. Avec un thème aussi fort que la Shoah et le ghetto de Varsovie, il touche évidemment à un sujet sensible, inattaquable, imparable. En nous faisant partager le désarroi de son aïeul Vincente, torturé, anéanti par le remord d'avoir fui avec soulagement une mère ( juive) trop accaparante et de ne pas avoir assez insisté à lui faire quitter Varsovie pour le rejoindre, il touche juste et fort. Le roman se déroule exclusivement à Buenos Aires. De cet endroit protégé du conflit européen, on perçoit combien les informations peuvent être minimales, car, c'est bien connu, on ne s'intéresse vraiment qu'aux événements proches de nos lieux de vie.... et tant pis pour ceux qui sont intimement concernés et qui ont vivront de suppositions et donc d'angoisses. Avec une grande pudeur, une grande sensibilité, nous entrons dans cette histoire de ghettos ( oui au pluriel !) de façon intense... ou comment un génocide peut être décrit avec force et émotion sans jamais y être. Pour cela, c'est assurément le meilleur roman de Santiago Amigorena.
2) Intégré dans une grande fresque autobiographique, ce roman peut-il se lire indépendamment ?
Assurément, et c'est bien là l'intérêt de ce roman, l'épisode conté ici se démarque totalement de l'ensemble voulu par l'auteur. Les autres volumes, très très autobiographiques, voire extrêmement narcissiques pour certains, n'ont quasi rien à voir avec celui-ci. En s'écartant de son nombril et de ses amours qu'il veut compliquées ( je l'aime mais je m'enfuis, je la trompe parce que je l'aime, elle ne m'aime pas mais c'est pour ça que je l'aime, ...), Santiago Amigorena prouve qu'il peut être un vrai, un bon auteur et s'ouvrir ainsi à un public plus large.
3) Alors, le Goncourt ? C'est pour lui ?
On ne peut jamais savoir, la cuisine des prix étant bien complexe. La critique semble être acquise ( c'est important) mais cela suffira-t-il ? Si l'on ausculte bien le roman, on peut y trouver quelques petits défauts. Santiago Amigorena, dans ses précédents ouvrages aimait bien couper les cheveux en quatre, voire en huit et même en douze. S'il a gommé énormément de ce travers dans cette dernière livraison, il ne peut s'empêcher d'écrire des choses comme : "Le lendemain (... non pas le lendemain de ce vendredi 13 septembre 1940, (...), ni le lendemain du lendemain de ce jour, ni le lendemain d'un autre jour, non pas le lendemain, disons, mais plutôt "un" lendemain, un lendemain précis et imprécis à la fois, un lendemain d'un jour tout aussi précis et tout aussi imprécis, un lendemain certain et incertain si vous préférez), Vicente... Mais rassurez-vous c'est peut être une des rares envolées pseudo lyrique du roman, le restant épousant un belle sobriété dans l'écriture.
Un autre point de détail qu'il faut souligner, pas vraiment gênant, mais qui donne une toute petite lourdeur au texte, c'est d'être parfois tombé dans l'écueil du pédagogisme. Mais comment en vouloir à l'auteur face à une telle horreur, une telle abomination que furent les conséquences du pouvoir nazi ? Difficile de passer à côté surtout qu'il veut, qu'il doit, qu'on lui en sait gré de continuer ce devoir de mémoire obligatoire.
Alors le Goncourt pour "Le ghetto intérieur" ? Il ne dépareillerait pas dans la liste....
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