Pendant que notre président allait au contact avec les ouvriers de Whirlpool, à quelques encablures de là, dans la bonne ville d'Amiens se déroulait le festival international du film. Cette 39ème édition, paraît-il à la recherche d'un second souffle, semble avoir retrouvé une bonne partie de son peps passé si l'on en juge par la très jolie semaine qu'elle a offerte aux festivaliers.
Ce festival qui questionne et nous montre le monde, programme des cinématographies diverses voire rares ( cette année en compétition le Tibet, les Philippines, toute la production de l'année du Soudan ( 2 films), le Mexique, la Colombie, le Ghana, le Bangladesh, la Tunisie, la Chine) mais accueille aussi la moins rare Brigitte Macron-Trogneux, enfant du pays. Si la femme du président a juste fait un petit coucou en passant, de nombreux invités sont venus présenter ou accompagner les oeuvres projetées, donnant un supplément d'âme à chaque séance. L'Espagne, pays invité, en plus de quelques danseurs de flamenco, une exposition et un large panel de leur production, passée (rétrospective Bunuel) ou présente ( Amenabar, de La Iglesia, ...) a offert des éventails aux spectateurs de la soirée de clôture.
Mais ceci est anecdotique par rapport à ce que les spectateurs ont pu découvrir dans la semaine, un monde où les humains sont opprimés, corsetés par la religion ou les traditions ( thèmes récurrents à beaucoup de films) mais aussi par un capitalisme impitoyable ( fortement éclairé par une autre thématique du festival le travail, ( à Amiens : Trav'Aïe). Si l'on a peu ri devant la sélection officielle, ( hormis un ou deux courts-métrages ou jaune avec le documentaire " Delphine et Carole, insoumuses" de Callisto Mc Nutty), reconnaissons-lui une vraie qualité dont le palmarès est le reflet.
Si la plupart des prix sont allés à " Made in Bangladesh" de Rubalyat Hossain ( prix spécial, prix du public et un autre prix pour la diffusion dans les centres de vacances d'un gazier me semble-t-il), joli film classique d'une ouvrière voulant créer un syndicat dans une de ces immondes usines de confection, ce sera finalement le très beau film soudanais " Tu mourras à 20 ans" de Amjad Abu Alala qui gagne le grand prix ou comment, avec une grande finesse de trait, nous suivons un jeune homme que des croyances versées dans le symbole ont programmé pour mourir à 20 ans. Le beau film tibétain "Balloon" a remporté le prix des lycéens, sans doute très marqués par cette histoire de préservatifs et de contrôle des naissances au pays des bouddhistes. Un regret quand même, que le fascinant film tunisien de Ala Edine Slim "Sortilège", qui fut la proposition la plus cinématographique et radicale du festival, reparte bredouille.
Côté documentaires, l'étincelant "Poètes du ciel" du mexicain Emilio Maillé a ébloui tous les publics et a obtenu le Grand Prix. Et c'est le court-métrage tunisien " Brotherhood" de Meryam Joobeur a fortement touché les jurys autant par sa mise en images que par le sujet sur un retour en Syrie.
Vous l'aurez compris, nous avons beaucoup voyagé cette semaine, certes confortablement installés dans les salles impeccables de ce festival, mais tournés vers des univers que l'on rencontre peu et mis en images par des réalisateurs inconnus pour la plupart mais de talent ( et aussi très souvent coproduits par la France ! ). Et si vous rajoutez un accueil agréable, aucune bousculade pour entrer dans les salles, vous obtenez un joli festival de qualité qui mériterait un public plus nombreux. Espérons que cette 39 ème édition rayonnera pour donner envie d'aller le découvrir l'an prochain. Je vous y engage fortement.
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