Il y a tout dans ce roman pour en faire le grand récit de l'Amérique de Donald Trump. Le héros, trader sans foi ni loi, mais ayant toutefois un tendon d'Achille complexifiant son image de favorisé vivant dans un 450 m2, son épouse ( forcément une liane ravissante ) qui découvre lors de la campagne de l'élection de Trump, combien elle hait ce système fait de fric et de suffisance imbécile et accessoirement son mari, sont les deux pierres angulaires de cette plongée dans les USA de tous les extrêmes. Ces deux là vont connaître durant tout le roman les affres de la remise en question. Lui, en quittant tout pour rejoindre en car Greyhound, sans sa carte bancaire black ni son smartphone, une ancienne liaison vivant au bord de la frontière avec le Mexique, elle, en quittant son mari et en découvrant une autre façon de voir la vie tout en accompagnant un enfant autiste ( mais dans le luxe tout de même). Durant leurs périples, ils rencontreront pour l'un l'Amérique des damnés, des pauvres, des laissés-pour-compte, des non-blancs pour l'autre...le dégoût du capitalisme.
On retrouve dans ce livre ce qui fait la force du roman américain, cette façon de densifier un récit en s'attachant au moindre détail, rendant tout tellement réel. On s'attache aux deux personnages malgré leur nombreux défauts ( mais ce sont de beaux riches avec des failles, cela doit aider) , on apprécie cette pointe d'humour sarcastique qui donne un peu de recul salvateur à cette chronique d'aujourd'hui. Mais, le roman ne tient pas tout à fait la longueur et ses promesses. Les derniers chapitres apparaissent moins inspirés, moins intenses, comme si l'auteur ne savait pas trop comment achever cette histoire, restant dans un consensus mou, oubliant l'humour noir du début, préférant un vague happy-end assez consensuel, démolissant l'espoir d'un grand roman contemporain âpre, cynique sur l'Amérique pré-Trump.
🔆🔆🔆/5
Après un tel commentaire, je ne peux que le noter
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