jeudi 19 janvier 2023

Marées de Sara Freeman


 Disons-le d’emblée, cette histoire de femme venue de nulle part et qui semble fuir un passé forcément terrible ou traumatisant n’est pas d’une grande originalité. On a déjà lu cela cent fois et pourtant, ici, cela fonctionne très bien. Sara Freeman arrive à imposer très vite  une  belle atmosphère mélancolique. Son héroïne, tour à tour triste, effrontée, perdue, aimante, discrète ou farouche, échappe aux clichés. L’empathie est là, on dort avec elle dans ce grenier obligatoirement pas des plus confortable, on ressent le vent qui annonce l’hiver, on s'imprègne de cette atmosphère de station balnéaire délestée de touristes qui va si bien avec l'humeur de l'héroïne. Même si on ne la comprend pas toujours, on accepte ses petites colères comme ses coups de blues, on la suit avec empathie en espérant un possible redoux pour sa vie si triste. L’histoire d’amour naissante avec son employeur donne l'onde de chaleur espérée. Mais comme la marée du titre, on craint qu'après la plénitude vienne le reflux....

Ce premier roman ( salué par la critique nord-américaine), possède une douce musique, une façon très gracieuse et habile de poser des mots simples sur toute une palette d'émotions. Avec un montage en courts paragraphes, comme une peinture pointilliste, il dresse le portrait très sensible d'une femme à la dérive et parvient à émouvoir et retenir l'attention avec finalement peu de choses. C'est de la dentelle et, assurément, Sara Freeman s'avère une très habile dentellière.


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