lundi 30 janvier 2023

Tàr de Todd Field


 Après "Babylon" la semaine dernière, sort "Tàr"  une nouvelle machine à Oscars ( Cate Blanchett est archi favorite), oeuvre se situant à l'exact opposé dans le champ cinématographique. Autant le film de Damien Chazelle tente d'agripper le public façon fast food avec une succession de scènes faites pour l'épate immédiate mais sans rien pour l'esprit, autant celui de Todd Field prend le chemin inverse en n'étant jamais sympathique, jamais facile et cherchant plus à parler au cerveau. 

 "Tàr" débute comme un film bavard et intello puisque le personnage de Cate Blanchett, cheffe d'orchestre de classe internationale, répond à une longue interview sur la musique puis continue par un cours de direction d'orchestre devant des élèves obligés d'approuver ses nombreuses saillies pas toujours aimables. Les amateurs d'action sont déjà largués, les autres, qu'une presse dithyrambique a arraché à Netflix, commencent à se poser quelques questions... et ils n'ont pas fini de s'en poser. En effet, le film va nous raconter comment cette machine parfaitement huilée, maîtrisant tout avec hauteur et froideur, va petit à petit se dérégler. Dans des décors modernes, froids et impersonnel qui répondent au visage aussi froid de l'actrice ( mais où l'on va vite déceler quelques tics, rictus ) l'histoire va s'emballer petit à petit. Seulement, là où d'autres réalisateurs auraient expliquer tout de A à Z de façon didactique, Todd Field parie sur l'intelligence du spectateur, sa curiosité et, parsemant la chute de cette femme d'ellipses, d'éléments troublants ou un poil étranges, il amène le spectateur  à se poser des questions auxquelles il ne donne apparemment pas la réponse. On sort de la salle plein d'interrogations et le film trotte dans nos têtes. 

Evidemment, on est totalement épaté par l'interprétation magistrale de Cate Blanchett, ultra crédible en cheffe d'orchestre. A elle toute seule elle emplit l'écran et double le plaisir d'une mise en scène certes volontairement  elliptique mais virtuose. C'est du vrai, du grand cinéma fait pour le plaisir de la réflexion, une oeuvre mystérieuse qui donne envie d'être revu car il est certain que l'on y découvrira des éléments qui nous avaient échappé à la première vision. 



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