"Babylon", est un film assez schizophrène. Alors qu'il essaie durant plus de trois heures de montrer toute la magie du cinéma, avec un réalisateur jouant d'une caméra virevoltant dans des décors pharaoniques, enchaînant des scènes conçues pour en foutre plein la vue, l'unique et seul message qui ressort de ce maelström d'images, est que le cinéma est fini, fichu, kapout. Godard disait la même chose il y a quelques années sous la forme d'une sorte de projection diapos beaucoup moins onéreuse ( "Le livre d'images"), certes plus hermétique ( pour ne pas dire rasoir) et qui d'ailleurs inspire Damien Chazelle puisque une des dernières séquences du film ( son unique message donc) s'en inspire grandement.
Avant ce triste constat, le film reprend le thème principal de chefs d'oeuvre comme "Chantons sous la pluie" ou "Boulevard du crépuscule", la période charnière que fut le passage du muet au parlant. De ce qui est considéré comme un âge d'or, le film en compile tous les excès dans deux longues séquences survoltées, véritables vitrines du film. La vitrine est clinquante, forcément creuse puisqu'ici cette évocation n'a que pour but de montrer la maestria du metteur en scène. On ne s'ennuie pas mais le côté petit génie jouant des drones, des steadicams et du montage clipesque (même s'il se calme dans la deuxième partie du film) laisse entrevoir que malgré les évocations des célébrités de l'époque ( et pas que les acteurs !), il n'y a que la démesure qui fait office de cinéma. Et quand le filme plonge dans les entrailles de l'enfer, la symbolique démonstrative et appuyée finit de rendre l'ensemble pas des plus profonds.
On notera que le film permet encore une fois à Brad Pitt d'incarner un rôle à possible Oscar. Si Margot Robbie est impeccable dans la démesure, son physique très actuel est parfaitement anachronique dans les années 30. Si je devais faire un comparatif avec le fadasse précédent film de Damien Chazelle ( "La la Land" ), je dirai en progrès.
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