lundi 24 mai 2021

Artmédia, une histoire du cinéma français de Dominique Besnehard et Nedjma Van Egmond

 


Artmédia est l'agence artistique qui a inspiré la série "Dix pour cent", produite par Dominique Besnéhard qui en fut un temps le pilier flamboyant. Il n'est pas anormal de le trouver comme auteur de cet ouvrage,  même s'il n'en signe que la préface. Là encore, il a dû donner l'impulsion à ce récit qui dresse au final le portrait des trois patrons successifs de la fameuse agence. 
Arrêtons-nous tout d'abord sur le sous-titre du livre, "Une histoire du cinéma français", très vendeuse mais quand même un feu fallacieuse puisque ce ne sera qu'un pan de l'histoire du 7ème art en France dont il sera question, l'agence fut créée en 1970 ! Autre bémol par rapport à cette affirmation, si Gérard Lebovici, Jean-Louis Livi et Bertrand de Labbey, les trois directeurs successifs, furent des incontournables de ce milieu durant leurs règnes, le cinéma, reste quand même en marge du livre ou tout du moins sa partie filmique. Le cinéphile n'apprendra pas grand chose de neuf, le livre se contentant de reprendre, dans la plupart des cas, des anecdotes trouvées dans la presse ou dans quelques livres de souvenirs. Quelques agents ayant travaillé chez Artmédia donnent leur avis, mais vous imaginez bien, que comme les deux derniers directeurs sont encore de ce monde, l'ouvrage reste à la surface des choses, laissant entrevoir des jeux de pouvoir qui furent âpres mais dont on ne saura au final pas grand chose. Tout au plus on percevra un monde ou l'égo et l'argent coulent à flot, mais est-ce une révélation ? Très vite, pour un lecteur lambda, celui qui paye sa place de cinéma, un sentiment de rejet peu naître, tellement tout ce petit monde semble vivre hors sol ( mais dans des hôtels de luxe et restaurants étoilés). 
Si on a aimé la série "Dix pour cent", autant en rester à cette réalité là. Si on est cinéphile, on ne complètera que très peu son savoir sur la genèse de projets mythiques ou pas. Si on aime le people, il vaudra mieux se plonger dans les interviews que délivre en ce moment Dominique Besnehard dans la presse, il en raconte bien plus que dans l'ouvrage dont il fait la promo. 

dimanche 23 mai 2021

Slalom de Charlène Favier


"Slalom" en évitant pas mal de fautes de carres va-t-il tout schuss vers le succès ?  Succès critique sans doute, car c'est un premier film plutôt gonflé et maîtrisé. Public ? On peut l'espérer. Ce slalom plus psychologique que sportif d'une apprentie skieuse face à la découverte de son corps, de la vie et des rapports humains ( notamment avec son entraîneur), à l'ère de Meetoo, en a les qualités. 
Le film de Charlène Favier aborde le sujet hautement d'actualité du harcèlement dans le milieu du sport avec une finesse et un tact infinis. L'histoire est vue selon le regard de Liz, l'adolescente en passe de devenir une vraie championne. Et dans ce regard règne l'ambiguïté. Isolée de sa famille, confinée dans les espaces d'habitation étroits des stations de ski, livrée à elle même face à des adultes qui scrutent son corps d'athlète, corps qu'elle apprivoise autant qu'elle le découvre, Liz avance comme elle peut. Evidemment, cet apprentissage passe par son entraîneur, figure paternelle autant que mentor, qui va prendre inconsciemment une figure érotique. Mais la découverte de l'amour physique de façon violente, avec un adulte qui dépasse les limites, va brutalement mais lentement lui ouvrir les yeux autant qu'elle va s'enfoncer dans le silence de celles qui n'osent pas parler. 
Sur le plan psychologique, "Slalom", en ne jugeant jamais les personnages, laissant ainsi voir que la réalité n'est ni vraiment noire, ni vraiment blanche, plutôt gris foncé, réussit son pari d'aborder ce sujet particulièrement sensible avec finesse et sans aucun manichéisme. Du coup cela gomme un peu le manque d'enthousiasme du traitement de l'aspect sportif de cette histoire. Si Noée Abita est parfaite en jeune fille perturbée par cette entrée pour le moins dure dans la vie, on ne la sent jamais future championne. Aucune gagne dans son regard triste, aucune détermination non plus, juste le même malaise, la même moue boudeuse qu'un filmage quasi systématiquement en gros plan n'arrange pas ( Décidément, c'est tendance cette caméra collée aux visages des acteurs chez nos primo-réalisateurs !). 
Tel qu'il est "Slalom" n'est pas que le film idéal à montrer dans les centres d'entraînement de tous nos jeunes sportifs ( même si ceux-ci risquent de trouver leur représentation un peu légère) , mais les premiers pas d'une réalisatrice sensible qui a des choses à dire et qu'il sera intéressant de retrouver. 




samedi 22 mai 2021

Falling de Viggo Mortensen





 Pour un premier essai à la réalisation, Viggo Mortensen assure derrière et devant la caméra, au scénario, à la musique, à la production .... bref si on a des choses à dire sur "Falling", adressons-nous  directement à cet homme orchestre. 

Cher Viggo, 
Je sors de votre premier film. Je ne m'y suis pas ennuyé, mais, je l'avoue, j'ai eu un peu de mal à bien saisir où vous vouliez m'emmener.  Je me questionne donc sur le pourquoi de ce face à face entre ce père ignoble, odieux et ce fils d'une grande placidité face aux insultes incessantes qu'il encaisse. Sont-ce vos origines scandinaves qui vous font lorgner vers une sorte de "Sonate d'automne" au masculin ? Est-ce un film plus personnel sur vos rapports familiaux ? Peut être... 

En tous les cas, à l'écran, j'ai pu apprécier cette mise en place soignée ( classique?) de l'histoire, ces allées et venues entre un présent disons inconfortable d'un fils devant supporter la sénilité et le caractère acariâtre d'un père  et un passé évidemment traumatique avec un même paternel déjà très dur et aux idées définitives et assurément sans aucune fluidité ( comme on dit de nos jours).  J'admire le contre emploi de votre rôle d'homosexuel, dans lequel vous êtes, comme quand vous jouez les héros machos, parfait. Je remarque la parfaite direction d'acteurs. Evidemment Lance Henriksen est tout simplement génial dans le rôle de ce père que l'on ne souhaite à personne mais, les seconds rôle ont tous une jolie (toute petite) partition à jouer, notamment Laura Linney, très émouvante dans le rôle de la soeur désemparée. Mais...oui, il y a un mais cher Viggo, pourquoi, dans la deuxième moitié du film, ai-je ressenti comme une grosse hésitation quant à la direction à donner à votre film? Les scènes passées ou présentes semblent se répéter, confirmant la violence d'un père dont on ne pourra rien tirer et l'extraordinaire patience du fils dont on se dit qu'il aurait très bien pu laisser son odieux géniteur moisir et mourir de son cancer dans sa ferme isolée au fin fond du pays. Ai-Je donc assisté à une énième ode à la famille pour laquelle on doit se sacrifier pour rester moral ? Ou une sorte d'entre-deux psychologique dont le film se fait le témoin sans vouloir trancher ? Peut être que votre personnage, cher Viggo, reste toutefois un peu trop taiseux. Certes, il fronce bien le sourcil ou les lèvres se pincent joliment sous les insultes, mais que pense-t-il vraiment, au fond de lui ? 
C'est donc avec un sentiment mitigé que je suis sorti de la salle de cinéma. Bien mis en scène, superbement joué, il manque peut être à "Falling" une réelle montée dramatique et un point de vue un peu plus net pour emporter l'adhésion. 
Ceci dit, cher Viggo, pour un premier film,  vous ne déméritez pas et j'ai donc hâte de voir comment vous allez rebondir lors de votre second long-métrage... 
Très cordialement
Sans connivence 




jeudi 20 mai 2021

L'étreinte de Ludovic Bergery




 

Un premier film, un portrait de femme et le retour d'Emmanuelle Béart à l'écran pourrait être un tiercé gagnant. Perdu ! Si cette chronique autour d'une cinquantenaire qui essaie de reprendre goût à la vie après son veuvage se laisse regarder ( grâce à son actrice), elle pâtit d'un scénario mal fichu qui, au fur et à mesure de son avancée se prend de plus en plus les pieds dans l'improbable. 
Dès le départ, on veut bien croire que l'héroïne, cinquantenaire, reprenne des études à la fac et qu'elle se lie avec un groupe d'étudiants alors qu'elle pourrait être leur mère. Que voulez-vous, de nos jours les jeunes sont trop cools, fluides et non discriminants dans leurs amitiés ! On ne comprend pas tout à fait pourquoi le jeune étudiant gay, interprété par Vincent Dedienne, (34 ans et qui fait quand même figure de redoublant ++++) se lie aussi fortement à cette femme quand même pas des plus rigolotes ... Mais, là encore, on range son esprit critique et on continue de regarder. Quand la libido de la veuve commence à la démanger, nous abordons le sujet principal du film. Comment retrouver une vie affective à un âge rendu peut attrayant dans le marché de la rencontre amoureuse ? Le film va s'y employer, non sans maladresses, mais avec toutefois quelques scènes touchantes. La caméra cadre Emmanuelle Béart au plus près ...et c'est tant mieux car, on aperçoit moins les tenues peu seyantes qu'une costumière perverse lui fait porter ( Etait-on obligé de l'affubler de pulls informes et souvent à grosses rayures ?). On lit bien le désarroi dans le regard éperdu de l'héroïne, cette envie de retrouver une épaule, mais on comprend moins sur la fin ses choix, franchement peu compatibles avec ce qu'elle représentait au début de l'histoire et vraiment peu crédibles ( les moments avec la combinaison à paillettes... la costumière frappe encore !). 
On sort du film, ravis d'avoir revu Emmanuelle Béart. Le plaisir aurait été plus fort si le film avait été un peu mieux ficelé... N'attendez pas son passage à  la télévision pour le voir, l'image grise, sombre, hivernale et son rythme lent semblent faits uniquement pour la projection en salle. De là à prendre son ticket... 




mercredi 19 mai 2021

Mandibules de Quentin Dupieux


 Deux amis simplets, une mouche géante et un troupeau de bourgeois divers et variés forment le triangle  narratif de la nouvelle création de Quentin Dupieux. 

Comédie ensoleillée, à la Méditerranée filmée un peu à l'américaine, "Mandibules", aussi étrange et absurde qu'elle semble être, réussit à être un film intéressant et assez réussi. Son point fort est un scénario rapide, qui prend souvent des virages inattendus, au gré de la fantaisie bêtasson de ses deux héros qui, dans un contexte déjanté, ne manquent pas d'une logique proche de l'innocence. On ne s'ennuie jamais grâce aux nombreuses péripéties qui jalonnent cette histoire.  Si David Marsais et Grégoire Ludig finissent par devenir un peu lassants dans leur jeu un peu trop monocorde de gros simplets, la mise en scène soignée, bourrée de petits détails signifiants ou pas, gomme ce petit défaut. On pourra apprécier un sous-texte social, cherchant à répondre à la façon Dupieux si l'argent peut réellement faire le bonheur. En regardant le film au travers de ce prisme, il prend un tout autre relief et démontre bien, au passage, grâce à la mouche géante, que la réponse ne peut être que complexe. 
Pour le lancement du film, on nous survend une Adèle Exarchopoulos hilarante, alors qu'elle aussi joue sans l'ombre d'une nuance, de façon assez outré et franchement pas convaincante. Appréciez plutôt India Hair, rayonnante dans le rôle de la fille super sympa et le jeu hilarant et discret, en arrière-plan, de Coralie Russier. 
Si l'on peut donc regretter quelques faiblesses dans la direction de certains ac-teurs-trices, le film reste une très jolie comédie barrée, bien écrite et surtout plus finaude qu'elle veut bien le laisser paraître. Certains pourront y voir une allégorie de notre époque autour du fossé qui se creuse de plus en plus entre riches et pauvres et cette mouche géante comme la puissance du rêve pour essayer de survivre... 



Et voici également le thème musical du film composé et interprété par le groupe Métronomy  !




lundi 17 mai 2021

L'amour, hélas de Clio


 Le troisième album de Clio peut être qualifié de gonflé. Imaginez, 10 chansons, qui, dès la première écoute s'engouffrent dans vos oreilles de façon évidente alors qu'il n'y ni Auto-Tune, ni slam, ni phrasé rap, ni production grandiose, grandiloquente, ni sons ciblés radio FM, aucun rythme chaloupé, aucune rythmique techno, disco, électro, juste quelques claviers simples.  Rajoutons une voix limpide de fragilité, juste ( une qualité, plus proche de Jane Birkin que de Céline Dion, qui ne s'amuse pas à faire des effets et ne ferait donc retourner aucun membre de "The Voice" chantant des textes fluides, ni militants, ni parlant  d'amoooouuuur avec des trémolos dans la voix mais juste d'une vie amoureuse faite de doutes, de séparation, de solitude, de petits chagrins, de petits bonheurs. Ouais, bof, me direz-vous, de la guimauve sans relief, on passe !! NON et NON, on ne passe pas, on se laisse attraper par la main, et l'oreille bien sûr, et on déguste ce qui est sans conteste l'album le plus culotté du moment à cause de ce minimalisme totalement assumé ( "Dans mes chansons , il n'y a jamais grand fond, que nos inclinations" chante-t-elle dans "L'amour, hélas" qui donne le titre à cet opus). 

Minimaliste peut être, mais évidemment talentueux, car Clio,  autrice, compositrice, interprète, confirme son grand talent de mélodiste. Elle n'a pas son pareil pour mettre en musique  le spleen d'une jeune trentenaire ( "Ai-je perdu le Nord  ?" ou "Elle voudrait" ) ou ses amours contrariées que ce soit à Prague, à Berlin ou ailleurs, proposés ici comme un voyage nostalgique mais jamais tragique ni triste, juste effleuré avec pudeur et une douce poétique touchante et rêveuse. La voix cristalline de Clio enveloppe ses compositions avec grâce et subtilité. Elle pourrait être cette copine un peu réservée, cette amie pudique à la contemplation créative. Et si vous avez quand même encore un doute, sachez juste que dans cet album figure un duo de la chanteuse avec ... Iggy Pop ! Clio voulait une voix grave avec l'accent anglais pour l'accompagner sur son titre "L'appartement". Son producteur a eu le culot d'envoyer une maquette à la star qui, bien que ne connaissant pas Clio, fut totalement séduit par la chanson ( inspirée d'un poème de Francis Carco et à la mélodie magnifique) et l'enregistra. Il a du goût Iggy et on peut espérer que cela mettre un coup d'éclairage sur cette chanteuse qui occupe une place bien particulière dans notre chanson hexagonale. 

Clio  accompagnera avec douceur notre époque trop portée sur le clinquant, les gros bras, les grosses machines, les grosses voix. Clio, c'est la caresse d'une chanson paisible pour rendre nos vies plus douces. 

L'appartement Clio/Iggy Pop


Ai-je perdu le Nord ? 


Elle voudrait

dimanche 16 mai 2021

Fête et défaites de Antoine Cristau


Et encore un récit de mariage ! Un ! Bon, ok, cette fois-ci c'est un PACS, voulu rapide et sans aucun tralala mais c'était sans compter avec la famille de la pacsée, qui à défaut d'une union véritable, va faire comme si...
Le sujet est archi rebattu mais tentant pour tout auteur ayant la plume agile et un fort désir de décrire l'humanité dans un moment où, à trop ingurgiter victuailles et alcools, elle apparaît sous un jour moins flatteur que pouvait le laisser entendre les coûteuses festivités organisées. 
Nombreux sont les romans ayant déjà labouré ce sujet qui pourrait être un genre en soi ( Le dernier ouvrage de Lorraine Fouchet s'y attelle aussi ces jours-ci...). Alors, pourquoi, pour un premier roman se lancer dans cet exercice au final casse-gueule ? Tout simplement, Antoine Cristau a eu une idée assez originale, relevant presque de l'Oulipo. Sa narration, puisque très chorale en s'intéressant à la foultitude  d'invités de cette sauterie, est composée uniquement de premières pages de roman, caractères et dimensions différentes, se terminant donc au milieu d'une phrase mais qui fait la jointure avec le premier mot du chapitre suivant ( C'est clair ? J'espère).  Ce procédé ludique, peut épater, cinq minutes pour moi, mais n'apporte rien de plus à un récit assez pétillant, pas mal écrit, aux péripéties classiques mais jamais outrées. Nous sommes en terrain connu, ultra balisé. Ce n'est pas désagréable, on peut se mélanger avec les personnages mais cela n'a pas vraiment d'importance, l'intérêt étant surtout la description d'un milieu ( ici, opposition grande bourgeoise, milieu lambda ) ou d'une situation. 
Ce premier roman se lit sans problème mais je pense qu'il pourrait s'oublier très vite si ce n'est cette construction particulière... Rigolo, mais de là à s'esbaudir...




vendredi 14 mai 2021

L'ami de Tiffany Tavernier


Les 50 premières pages du dernier roman de Tiffany Tavernier accrochent le lecteur à merveille. Le sujet de départ est de ceux qui marquent. Imaginez une seconde qu'un matin vous vous réveillez à lueur de gyrophares, rares dans ce coin perdu de campagne. C'est la police qui vient embarquer vos seuls voisins, qui depuis les quelques années qu'ils partagent ce coin de terre isolé, sont devenus vos amis. Les chaînes infos en boucle vont informeront très vite que vous viviez auprès d'un violeur et d'un tueur de jeunes femmes , probablement enterrées dans le jardin mitoyen... Thierry et Lisa, les voisins tombant des nues, s'effondrent ravagés par des sentiments mêlant incrédulité, déception, honte, colère, peur, ... On le serait à moins... Le roman va donc décrire ce tsunami dans la vie de ce couple et surtout de Thierry. 
Le sujet est fort et très vite on se demande comment l'autrice va bien pouvoir nous passionner durant les 200 pages qui restent car très vite arrive le ressassement des personnages face à l'incompréhension qui les étreint via un retour sur leur passé de voisinage qui prend un tour oppressant de culpabilité.
Ce qui va intéresser Tiffany Tavernier, ce n'est pas la sordide affaire, ni vraiment l'impact réel de celle-ci sur les voisins, mais bien la détresse psychologique de Thierry. Petit à petit va se dresser un tableau assez sombre de cet homme, qui va s'avérer asocial avec tout le monde ( mais pas avec les voisins... amitié teinte d'ambiguïté? On ne saura pas. ), meurtri par son enfance et des événements tragiques. Le roman avance donc de révélations en révélations sur un passé traumatique que l'arrestation du voisin fait remonter à la surface. Et là, Tiffany Tavernier n'y va pas avec le dos de la cuillère, chargeant la barque au maximum, enchaînant les détails, les histoires de plus en plus improbables, passant par des épisodes sensés donner un éclairage mystérieux mais profond avec les oracles d'un ermite pour terminer par une histoire qui pourrait être touchante dans l'absolu ( l'apparition de Claridge, camarade de lycée de Thierry) mais qui sur le papier achève d'enfoncer le roman dans un too much navrant. C'est bien d'avoir des idées romanesques, mais à les faire se succéder de façon un peu lourdaude, désolé, je ne marche plus ! 
Le roman a un succès critique important, semble plaire beaucoup... C'est évidemment au-dessus de beaucoup de romans actuels, mais il s'essaie trop à copier les rebondissements d'une série télé et, la lecture, moins rapide que le visionnage d'une scène filmée, laisse le temps au lecteur un espace de réflexion qui lui permet de repérer les ficelles narratives bien trop grosses.  Dommage, il y avait pourtant une belle idée de départ... 

jeudi 13 mai 2021

Oxygène de Alexandre Aja


Voici "Oxygène" rare sortie cinéma du moment et surtout vraie production Netflix, française de surcroit. Du coup, on a droit à Mélanie Laurent ( la star du film) sur tous les plateaux, avec la mission d'appâter le spectateur sans trop à dire pour ne pas ( dixit) spoiler et gâcher le plaisir.... laissant donc sous entendre que l'on va en voir de toutes les couleurs dans ce qui ce définit comme un thriller. 

Comme d'habitude beaucoup de bruit pour pas grand chose même si cette fois-ci, ce film semble se hisser un cran au-dessus des fonds de tiroir désormais insortables des distributeurs proposées depuis quelques mois. 

Alors, sans divulgacher le suspens, nous avons Mélanie Laurent qui se réveille dans un caisson de cryogénisation.... Là, petit mise au point. La cryogénisation, pour un spectateur lambda, c'est, en gros des très très riches qui, une fois morts sont conservés dans de l'azote liquide dans le secret espoir de revivre quand la science aura progressé.... Bon ici, Mélanie Laurent, est encore jeune et fraîche et ne flotte pas dans de l'azote liquide mais est posée et branchée de partout dans une sorte de mini cabine à UV ( sans les UV) mais avec matos ad hoc genre écrans tactiles et possibilités de communiquer avec l'extérieur ( avec la voix mâle de Mathieu Amalric), sans doute une version hyper moderne du concept. Le problème pour Mélanie, c'est qu'elle est amnésique. Qui est-elle ? Que fait-elle là ? Le film va distiller au fur et à mesure des éléments pour clarifier tout cela, le suspens venant du fait qu'elle ne possède qu'une heure d'oxygène pour y arriver voire sortir de ce bidule. 

Quand on se doute d'avance qu'elle s'en sortira, le décompte du taux d'oxygène baissant irrémédiablement importe peu .... Bye bye donc le suspense... Reste le pourquoi du comment qui, si l'on n'est pas habitué à des récit vaguement SF,  pourra faire son job ...les autres devinant très vite de quoi il en retourne.  La claustrophobie, qui pourrait rebuter certains, n'est absolument pas le propos du film, qui d'ailleurs, diversifie à l'infini les plans de Mélanie Laurent ( bravo pour cette mise en images créative) et les aère avec des flash-backs de la vie d'avant assez inintéressants ( mais avec Malik Zidi ) n'apportant pas grand chose. 

Au final, nous avons un film pas désagréable à regarder, pas follement passionnant non plus. Alors on regarde Mélanie Laurent qui fait le boulot avec détermination et on apprécie la virtuosité de la mise en scène qui essaie de donner du cachet à ce scénario un peu surfait. 

PS : Lors de la promo, Mélanie Laurent évoque à chaque fois la cargaison de rats qu'on lui aurait jeté dessus pour une scène choc du film... Sans rien révéler, disons que la scène, n'est pas horrifique, tombe dans le film comme un passage obligé un peu hors propos ( sans doute pour rappeler le passé de réalisateur de films d'horreur d'Alexandre Aja) et n'effraiera quiconque, même ceux qui détestent les rats... 





mardi 11 mai 2021

Là où nous sommes chez nous de Maxim Leo


Il est des livres que l'on ouvre et dont on se dit ..Ouh làlà ! Celui de Maxim Leo, écrivain franco/allemand, s'ouvre sur un arbre généalogique fourni, avec de multiples branches. Tout de suite vient à l'esprit une sorte de saga familiale où l'on risque de se perdre (et donc consulter sans cesse l'arbre). Et quand en plus il s'agit d'une famille allemande avec des origines juives que l'on découvre en plein dans les années 30 à Berlin... on sait que l'on ne va pas s'amuser une seconde, des images de camps d'extermination et autres infamies orchestrées par le régime nazi venant instantanément se coller dans l'esprit de n'importe quel lecteur qui, selon son intérêt pour cette partie de l'histoire risque de dire : "Oh non, encore...". Si vous êtes de ceux-là, remballez vos préjugés et plongez dans l'histoire de la famille Leo, vous ne le regretterez pas !
Tout d'abord "Là où nous sommes chez nous" n'est pas un roman, mais un récit biographique, que l'auteur a reconstitué en rencontrant tous les éléments de sa famille éparpillés un peu partout sur notre planète ( enfin dans quelques pays ...), des grands-parents et de leurs trois enfants  pris au début des années 30 jusqu'à la dernière génération, de nos jours. Nous sommes dans une bourgeoisie éclairée, cultivée, avec des origines juives mais non croyants ni pratiquants. Sentant venir le danger, les enfants vont fuir à l'étranger. Et si la plupart de la famille a effectivement échappé à la Shoah, certains connaîtront un camp de prisonniers allemands en France ( celui de Gurs), d'autres atterriront dans les premiers kibboutz en Palestine déjà en fonction à cette période. 
Le livre, découpé en chapitres s'intéressant à un seul personnage à la fois( avec quelques photos), accroche le lecteur dès les premières lignes. Maxim Leo écrit juste, simple et direct. Il sait rester un narrateur évidemment impliqué puisqu'il nous dévoile toutes ses racines, mais surtout hors pair, n'en rajoutant jamais dans les faits souvent franchement romanesques qui jalonnent ces vies. On le sent sincère, vrai et nous touche car, au fur et à mesure que le récit avance, il rend son propos de plus en plus universel. Au-delà de la simple transcription d'un récit familial, en plus de faire rencontrer la petite avec la grande Histoire, il amène le lecteur à s'interroger sur des sujets qui touchent le commun des mortels, sur le rôle de l'origine autant géographique que sociale, l'importance du passé dans le destin des descendants, les non-dits, les silences familiaux, .... Il y est question de sujets ultra contemporains éclairés par le passé ( l'immigration, les liens que l'on tisse ...ou pas) ou par le présent qui pointe l'ironie de l'Histoire comme, par exemple, le fait d'avoir quitter un pays fasciste en 1930 et de se retrouver dans un pays ( Israël) qui, aujourd'hui, par certains côtés, reproduit des attitudes similaires. 
Vous l'aurez compris derrière cette histoire de famille, se cache un livre absolument passionnant de part ce qu'il raconte, véritable roman dont on tourne les pages avec fébrilité,  mais surtout par ce talent inouï, d'amener les lecteurs à se questionner sur une foultitudes de sujets jamais imposé mais suggérés avec une très grande finesse. Du grand art, qui montre que l'on peut faire simple, captivant et intelligent !

samedi 8 mai 2021

Joe la pirate de Hubert et Virginie Augustin


 Joe la pirate, c'est Marion Barbara Carstairs, un riche anglaise devenue ensuite l'héritière de magnats du pétrole ( ses grand-parents vivant aux Etats-Unis). Ici en France, son nom ne dit rien à personne, et pourtant... quelle vie !

C'est le scénariste Hubert ( aujourd'hui hélas décédé et dont c'est sans doute le dernier scénario) qui jette un projecteur sur ce personnage haut en couleurs et qui nous offre ce qui est désormais la première biographie publiée en France. Biographie n'est pas exactement le mot, car, comme le dit la postface, plutôt une évocation créée librement à partir de faits véridiques. 
Ceux qui ont aimé "Peau d'homme" ( album précédent d'Hubert mis en dessins par Zanzim) ne seront pas dépaysés. "Joe la pirate"  continue d'explorer l'univers queer. Joe/Barbara est une femme, lesbienne affirmée et revendiquée dans une époque pas encore très ouverte sur l'homosexualité et qui s'est durant toute sa vie habillée la plupart du temps en homme. Evidemment, quand on est riche, on peut se permettre d'être originale et d'afficher une vie comme bon nous semble. Joe multipliera les conquêtes féminines, pas toujours avec l'employée du coin. A son tableau de chasse impressionnant on trouve autant la nièce d'Oscar Wilde que Marlène Dietrich. Ma sa vie ne résume pas qu'aux splendides créatures qu'elle a mis dans son lit. Sa fortune lui a permis ( entre autre) de devenir un pilote de hors bord de compétition mais aussi d'acheter et de régner sur une île des Bahamas. 
Véritable excentrique qui a dû pas mal décoiffer ses contemporains, Joe, sous le dessin très inspiré de Virginie Augustin, revit une seconde fois tellement le trait épouse l'énergie de son personnage. C'est un très beau noir et blanc, avec une petite inspiration nord américaine bienvenue (style Daniel Shelton l'auteur des strips Ben) qui épouse à merveille et l'époque et le côté un poil nostalgique de cette histoire. 
"Joe la Pirate", par sa maîtrise, la force d'un scénario imparable et l'extraordinaire vie de cette Barbara/Joe, risque de remporter le même succès que le fameux "Peau d'homme". Ce ne sera que justice !


 

vendredi 7 mai 2021

Discongraphie de Emmanuel Reuzé et Jorge Bernstein


 "Allumer le pneu, allumer le pneu

Et que ça schlingue sur la bretelle de l'A22

Allumer le pneu, allumer, le pneu

Et enfumer à moitié la ville d'Evreux. "

( extrait d'une parodie du groupe les Goguettes sur "Allumer le feu")

Cet album concept, ne parodie pas les chansons mais bien les pochettes de disque ( voire de CD)....le disque étant une chose noire que l'on a vendu sous une pochette en papier durant plus de deux décennies et qui, quand on le posait sur un appareil adéquat ( tourne-disques) faisait entendre la voix d'une chanteur ou d'une chanteuse voire de tout un groupe de musiciens. ( note à l'attention de la jeune génération branchée sur Diseur ou Potifaille et pas encore gagnée par l'utilisation d'une platine).  

On y trouvera la revisite totalement barrée d'une cinquantaine de pochettes avec un petit plus : l'avis du disquaire, personnage qui apparaît dans quelques planches tout aussi croquignolettes, véritable hommage à une profession en voie de disparition. Effet double détente garanti. Si l'oeil se précipite sur la page de gauche avec la photo du disque ( par exemple Indochien chante "L'avant terrier", avec photo ad hoc), il se pose ensuite sur le court texte du professionnel ( à droite) , avec style musical ( ici : Rock'n Dog) et classé dans "Fluide de wouf". Le texte est un festival de jeux de mots, de calembours  et autres jeux polysémiques. Pour Indochien, les auteurs signalent, entre autre,  que l'album ne manque pas de mordant. "Le chanteur ( un peu cabot) connu pour ses prestations à poil sur scène, aboie des textes plein de rage..." Etc, etc...

Voilà, vous êtes prévenus, ce n'est pas du tout sérieux, potache à l'extrême, mais follement drôle et quand même assez inventif. Jorge Bernstein ( au scénario ) a dû s'amuser comme un petit fou ( et nous aussi par ricochet) et l'on retrouve au dessin ( aux photos de pochettes ? ) Emmanuel Reuzé ( oui, celui qui dessine "Faut pas prendre les cons pour des gens"). Au final, un album ( quasi format CD) qui réjouira tous les amateurs de musique et surtout ceux qui ont envie de rire sans se prendre la tête . 




jeudi 6 mai 2021

La costumière de Patrick McGrath




 Sous cette très belle couverture, se cache une intrigue à base de costumière veuve d'un comédien décédé brutalement, de la doublure, non pas du manteau, mais du susdit comédien qui va consoler la veuve, de la fille de cette dernière qui va se retrouver à jouer une pièce avec la doublure qui n'en est plus une. Apparemment un vaudeville donc, ce qu'est ce roman quelque part, mais quand on sait que l'action se situe dans le  Londres de 1947 se relevant péniblement de la guerre et que rôde toujours un groupe de fascistes,  le ton n'est pas tout à fait à la gaudriole. 

Patrick McGrath préfère se plonger dans la psyché de ses trois personnages principaux ( la veuve, la fille et l'amant), explorer leurs comportements, leur hésitations, interrogations ou malaises plutôt que de jouer le maître du marivaudage. L'époque était sombre, aussi rude que l'hiver glacial pendant lequel se déroule cette histoire aux relents tragiques. 
Le milieu du théâtre et la création d'une pièce occupe une place de choix dans la narration, contant avec précision les rivalités, stress ou manigances des comédiens du plateau,  mais n'évitent pas quelques longueurs inutiles, notamment avec la restitution de répliques de la tragédie répétée,  sans doute en lien ... lointain et un peu redondant ... avec ce que vivent les personnages du roman. 
On s'attache beaucoup au trio principal dont l'évolution au fil des jours est subtilement décrite malgré l'infiltration assez peu convaincante de l'un d'eux dans un groupe de fachos....mais c'était sans doute la touche politique voulue par l'auteur... 
Autre petite particularité qui intrigue ( peut être agacera ), est, par moment, les apparitions de narrateurs omniscients dont on ne devinera, sans trop de précisions, qui ils sont vraiment... Ces " nous" qui tombent inopinément ralentissent la lecture, font froncer les sourcils et n'apportent au final strictement rien à l'histoire. 
Avis mitigé sur cette "Costumière", belle ambiance, personnages intéressants mais un ensemble qui a du mal à s'amalgamer car à trop vouloir faire son fier à bras littéraire en jouant sur trop de tableaux,  on finit par perdre un peu d'intérêt. 

lundi 3 mai 2021

The Disciple de Chaitanya Tamhane


 AAAaaaaaaaAAAA dzing dzing dzong dzing aaaaaAAAAAaAaAa, difficile de traduire par écrit ce que l'on entend durant les trois quart du temps dans ce film qui dure plus de deux heures. 

 AAAaaaaaaaAAAA dzing dzing dzong dzing aaaaaAAAAAaAaAa, c'est du râga, musique ancestrale indienne, évidemment empreinte de spiritualité et pas facilement écoutable par nos oreilles occidentales. Elle est coeur de ce film qui a obtenu le prix du scénario au dernier festival de Venise... 

Très loin de la brillance et des romances indiennes habituelles, "The Disciple" lorgne évidemment vers le cinéma d'auteur ( et de festival), avec un hommage appuyé au "Salon de musique" de Satyajit Ray. A défaut de ballets flamboyants et de romance entre une princesse et un beau jeune homme, nous avons droit à de nombreux concerts de râga. N'imaginez pas un stade en délire mais plutôt une salle polyvalente où 20 personnes écoutent religieusement ( avec un léger dodelinement de tête) un chanteur et trois musiciens accroupis. AAAaaaaaaaAAAA dzing dzing dzong dzing aaaaaAAAAAaAaAa, .... Un spectateur indien est peut être apte à saisir le manque de pratique vocale du héros qui bousille sa vie à essayer d'égaliser un maître de ces chants ( qui lui donne des leçons tel un gourou). Lui y croit, pense que cela viendra avec l'âge et passe son temps à s'exercer .... AAAaaaaaaaAAAA dzing dzing dzong dzing aaaaaAAAAAaAaAa. Peu de vie sociale, ni amoureuse , il est condamné à travailler son chant et à se masturber devant un écran noir ( censure locale je présume)AAAaaaaaaaAAAA aaaaaAAAAAaAaAa, ( il n'y a plus le dzing...c'est sans musique, les mains sont prises ailleurs). 

Au milieu de cette musique lancinante, on y trouve quand même une réflexion sur les dangers de l'ascétisme, de la dépossession de soi face à un art qui, lui, contrairement aux obsessions du héros pour les anciens, évolue inexorablement... Cependant, en plus des constants AAAaaaaaaaAAAA dzing dzing dzong dzing aaaaaAAAAAaAaAa, on peut être déstabilisé par une lenteur narrative qui frise parfois le concept arty ( images au ralenti du héros, la nuit, en moto, écoutant les préceptes d'une vieille chanteuse disparue). On pourra toutefois admirer au passage des plans magnifiques même si assez statiques et surtout un peu redondants par rapport à l'intrigue puisque surlignant le propos. 

Je ne sais pas si vous aurez le courage de chercher dans l'arborescence de Netflix ce long-métrage, assurément totalement à contre emploi sur la plateforme ( mais on le trouve aussi sur MUBI en ce moment), ni même l'envie de découvrir le râga ( AAAaaaaaaaAAAA dzing dzing dzong dzing aaaaaAAAAAaAaAa,  je rappelle) mais un petit voyage en Inde, ça peut dépayser....



dimanche 2 mai 2021

La maison de Bretagne de Marie Sizun


 

Une vieille maison de famille, un retour dans cette dernière, des souvenirs qui resurgissent, des faits nouveaux qui viennent donner une autre facette à des anciens aujourd'hui disparus, c'est le point de départ du dernier roman de Marie Sizun. Avouons-le, rien de bien emballant avec ce descriptif, cette plongée les poussières d'une histoire familiale a déjà été utilisé des milliers de fois en littérature. `
Cependant, c'est une spécialiste des histoires de tribus à secrets qui est à la plume et ça se sent. En faisant mine de placer au départ son récit dans le genre policier, Marie Sizun accroche le lecteur. Et si par la suite le cadavre découvert aura moins d'importance, on s'en passe aisément car nul besoin de ce ressort pour désormais tourner les pages, contre vents et marées, le lecteur se retrouve collé aux basques de l'héroïne qui n'a rien pour séduire ( l'autrice aime les défis!). Elle nous harponne avec une sorte de vieille fille approchant la cinquantaine, solitaire, sans guère de vie sociale, encore moins de vie amoureuse, pas toujours sympathique. Mais cette personne, à l'automne de sa vie, aussi grise que la mer de cette Bretagne endormie du mois de novembre vide de toute animation estivale, par la grâce d'une écriture fluide et inspirée, existe diablement et nous émeut autant qu'elle nous intrigue. On la suivra dans les méandres d'une mémoire qui remettra à jour des moments pas toujours glorieux et révélera une cellule familiale  à la toxicité inquiétante. 
"La maison de Bretagne" n'est pas qu'une plongée dans un passé assez traumatique mais aussi le récit d'un ciel gris breton qui sait utiliser la brise marine pour déchirer les nuages et laisser entrevoir quelques rayons lumineux, éclaircie autant météorologique que psychologique pour notre héroïne. Et même si le dernier quart du roman semble un poil convenu, on ne regrette pas une seconde cette promenade passionnante dans le Finistère. Un peu à la façon de romancières anglaises spécialisées dans le récit de dames entre deux âges célibataires (genre Anita Brookner aujourd'hui, hélas, un peu oubliée), Marie Sizun donne à son récit,  que certains pourrait ressentir comme suranné, un formidable élan à la fois doux et salé, à l'image de cette région de France aussi romanesque que belle.