On aime que le cinéma français aille enfin hors des sentiers rebattus de la comédie et ose s'attaquer au film de genre. Manuel Chiche, producteur et distributeur, déjà à l'initiative des très bons "La nuée" ou " Teddy" nous propose cette semaine cet "Ogre" qui aura du mal à entrer dans les annales ( ou peut être pour de mauvaises raisons).
L'idée de départ est plutôt bonne. Une institutrice qui fuit un passé douloureux à base de mari violent, prend un poste dans un village un peu perdu du Morvan. Avec son fils, elle s'installe tranquillement... Seulement, le village jouxte une forêt dans laquelle rôde une bête féroce qui s'attaque aux troupeaux.
La bonne idée du film, est que l'histoire est vécue quasi totalement au travers des yeux de l'enfant qui emmagasine toutes ces informations. Elles passent au filtre de ses peurs enfantines que des contes connus ont façonné. Hélas, le film hésite constamment entre plusieurs pistes jamais complètement explorées, faire monter le sentiment de peur à partir de ce qu'il se passe dans ce bled en essayant de trouver des éléments effrayants ( la nuit, les tronches de chasseurs belliqueux), faire ressentir les peurs imaginaires de l'enfant mais aussi brosser le portrait d'un village qui n'est peut être pas aussi accueillant qu'il veut bien le paraître. Cahin-caha , le film avance gentiment, se prenant assez au sérieux sauf dans le décor qu'il plante, un peu trop cinéma. En effet, entre autre, ce trou du Morvan, n'est pas victime de désert médical, puisqu'y officie un beau et célibataire médecin .... qui, je vous le donne en mille vivra une histoire avec... Chut, faut pas dire, c'est tellement surprenant... A courir trop de monstres à la fois, le film finit par s'éparpiller, ne provoquant plus la moindre peur malgré de nombreux plans se voulant angoissant pour s'achever par une scène hautement symbolique mais plus grotesque que flippante.
On oubliera bien vite cet "Ogre" mal fichu et dont les tentatives d'effrayer le chaland n'empêcheront personne de dormir.