Eric Rochant aime vraisemblablement les films d'espionnage, moi pas. Par contre, j'aime bien Cécile de France et Jean Dujardin. Et malgré une critique indulgente mais laissant sous entendre qu'on pouvait ne rien comprendre à l'intrigue du film, je m'en suis allé au cinéma, prêt à tout. Verdict ? Mitigé....donc, je développe un peu.
Cécile (Alice dans le film) est une trader et pas n'importe laquelle puisqu'on lui doit la chute de Lehman Brothers, excusez du peu. Persona non grata de toute l'Amérique du Nord, elle bosse maintenant à Monaco, multipliant les combines troubles et maniant des millions de dollars au profit de ....là j'ai déjà décroché....mais on s'en fout, elle est tellement belle et crédible à l'écran que l'enrichissement de quelques nantis passe au second plan. Elle bosse et elle aime son papa qui habite aux States. Cécile est approchée par Emilie Dequenne (Sandra dans le film), se disant agent dans une brigade financière mais en fait du FSB (KGB aurait été plus parlant pour moi), avec la mine sombre de la fille qui redoute le goulag ( je sais ça n'existe plus paraît-il...). Bref, elle fait de son mieux pour convaincre Cécile d'approcher et de donner des renseignements sur un oligarche russe nommé Rostovsky. Cécile, bonne fille, accepte parce qu'Emilie lui promet qu'elle pourra retourner aux Etats-Unis vivre auprès de son papa. Mais le succès de cette approche par la tristouille Emilie est en fait due au coaching intense de son chef, Jean Dujardin (alias Grégory, mais aussi Moïse un peu plus tard). Ah! Jean....barbe de trois jours, costume hyper classieux coupé par Armani (?) et surtout mâchoire serrée et sourire en deuil, il fait tout ce qu'il faut pour nous ne pensions pas qu'il est de nouveau OSS 117. Je vous rassure tout de suite, on n'y pense pas une seconde, enfin si, mais ce n'est pas du à Jean mais plutôt au scénario qui commence à devenir plus compliqué. Jean va devoir suivre de loin Cécile mais Jean et Cécile sont suivis par des lourdauds amis de Jean qui vont s'apercevoir que le méchant russe fait suivre Cécile par un dénommé Khorsov qui lui même.... Là, je ne suivais plus rien, perdu dans les méandres d'un scénario un peu compliqué pour ma petite tête. Heureusement qu'au milieu de ces filatures emberlificotées, il y a Jean et Cécile qui vont se rencontrer et s'aimer, passionnément ! Nettement moins compliquée à suivre l'histoire d'amour ! Jean, pourtant excellent espion, déroge totalement à la déontologie du métier à la russe (parce que chez James Bond....) en couchant dès le premier soir avec Cécile. Et là, bingo, ils sont sexuellement hyper-compatibles ! Cécile prend un pied dingue...et nous offre des orgasmes étranges entre le halètement de la méthode de l'accouchement sans douleur et les soupirs chics d'une bourgeoise qui se retient parce Jules-Antoine et Marie-Sixtine dorment dans la pièce d'à côté. Ils sont tellement faits l'un pour l'autre que même habillée, dès que Cécile se colle sur Jean, elle a un orgasme.... C'est beau l'amour... Ils s'aiment mais cela leur est interdit pour cause de surveillance extrême et doivent faire des pieds et des mains pour pouvoir se rencontrer loin des micros et des nombreux 4x4 noirs lancés à leur suite. Quelques péripéties obscures ou amoureuses plus loin, la mission semble accomplie des deux côtés. La CIA apparaît me semble-t-il dans un déjeuner où Cécile va comprendre ce que je n'ai pas vraiment compris, à savoir que Jean ne lui avait pas dit qu'il était un espion et d'autres trucs plus financiers ou relevant de l'intox... A ce stade je m'en fous un peu, je n'ai d'yeux que pour Cécile, magnifiquement belle et qui en plus pleure. Jean, sûrement magnifiquement beau lui aussi mais ce n'est pas mon genre d'homme, comprend qu'il va devoir renoncer à sa passion. Ils se quittent et foncent acheter des anti-dépresseurs pour essayer d'oublier (non, ce n'est pas vrai, coupé au montage). Je ne raconte pas la fin, oui parce que ce n'est pas fini. Il semblerait que les producteurs aient exigé un happy end... et c'est peut être une bonne idée pour le spectateur qui sortira de la salle, heureux car au moins les cinq dernières minutes sont hilarantes : un pastiche érotico/médical de la belle au bois dormant que certains mauvais esprits ont trouvé débile...
Vous allez me dire qu'il faut donc éviter de perdre son temps et son argent en allant visionner "Möbius". Je n'en suis pas si sûr. Car même si le scénario est fort peu crédible, il reste une réalisation impeccable et un duo d'acteurs magnifiques car magnifiés par une caméra experte. Cécile de France est fascinante de justesse (et peut être un soupçon lucide de la stupidité de certaines scènes ) et vole la vedette me semble-t-il à un Jean Dujardin au jeu tout intérieur et un peu en retrait. Il y a aussi de très jolies scènes (les orgasmes) et parfois du suspens (ah! la scène qui nous montre l'intérêt d'avoir un téléphone tactile). On ne comprend pas grand chose à cette histoire d'espionnage mais ce n'est pas grave, l'important ici c'est l'histoire d'amour et quand elle est incarnée par deux de nos méga-stars du moment, ça vaut vraiment le coup d'oeil.