samedi 29 février 2020

45ème cérémonie des Césars


La soirée fut inter-minable, et amène quelques réflexions et tout d'abord par rapport à ce palmarès tous azimuts... qui illustre parfaitement l'état de notre cinéma français.
Le César du meilleur film est allé à une pâle resucée de "La Haine" de Mathieu Kassovitz (1995) et de " Ma 6-T va crack-er " de Jean-François Richet (1996).... Ladj Ly n'a rien inventé et surtout n'a pas le regard politique de ces deux prédécesseurs et de tant d'autres qui se sont frottés depuis des décennies à ce sujet. L'emballement  autour des " Les Misérables" , petit film assez moyen et pas vraiment inspiré, joue à la fois sur cet oubli de films autrement plus réussis et martelant une storytelling autour d'un collectif banlieusard qui réussit, donnant bonne conscience à tout un milieu et faisant miroiter au public une pâle copie comme un diamant brut.
Le cinéma pompier et d'un autre âge, a également été récompensé plusieurs fois avec "La belle époque" de Nicolas Bedos, signe que cette "qualité France" a encore de beaux jours devant elle et que l'on conforte ainsi ce jeune réalisateur qui, ouf, ne bousculera jamais rien.
Quant à "J'accuse", si l'on en reste uniquement au niveau cinématographique, c'est un film pédagogique, très académique, ( encore une "qualité France" qui plaît tant aux césars), un peu mieux fichu que les précédentes réalisations du cinéaste mais c'est tout.
Cela donne une image des représentants du cinéma français ( les votants donc) comme un monde qui s'accroche désespérément a de vieux schémas et qui ne veut, ni changer les choses, ni voir les temps changer.
A la marge, on pourrait se réjouir des petits accessits glanés par  "Papicha", "Grâce à dieu", " M", " J'ai perdu mon corps" et "Portrait de la jeune fille en feu" ou du prix d'interprétation  d'Anaïs Demoustier amplement mérité, mais cette cérémonie confirme bien qu'il faut un bon coup de balai dans ce monde qui brille et qui pétille, tellement on sentait que tout les présents s'accrochaient à leurs privilèges comme une bernique à son rocher.
Et sinon, j'envoie toute mon admiration à Adèle Haenel et Florence Foresti, les seules à avoir donner un peu d'espoir grâce à leur désertion, confirmant, que ce n'est pas l'équipe essentiellement masculine des " Misérables"  qui avait des couilles, mais bien elles ! 

vendredi 28 février 2020

Dark waters de Todd Haynes


Vous sortirez de ce film en ayant envie, si ce n'est déjà fait, de jeter à la poubelle ...heu non...porter à la déchetterie ( Mark Ruffalo, acteur principal et producteur du film mais aussi militant écolo convaincu préférera) toutes vos poêles en Teflon. Vous retiendrez également la leçon qui fait encore plus froid dans le dos que de savoir que votre corps renferme du C8, ce dérivé fluoré qui peut vous provoquer quelques cancers, qui est que l'on ne peut compter sur personne, pas l'industrie, pas les politiques, pas l'état mais juste sur vous même si vous voulez vraiment que les temps changent. On le savait bien, mais "Dark waters" enfonce magistralement le clou.
Vous pensiez Todd Haynes plutôt porté sur les poètes marginaux ou les mélos flamboyants comme "Carol "? Révisez vos classiques et foncez voir comment il filme avec aplomb mais grande sensibilité, sans effet de manches mais avec finesse, cette histoire de "seul face à un géant", certes loin d'être drôle mais qui vous donnera le punch pour lutter contre tous ses pseudos marchands de rêve qui, pour de l'argent, diffusent la mort.
"Dark Waters" est LE film à voir absolument !

jeudi 27 février 2020

Juste une balle perdue de Joseph d'Anvers


Un zeste de "Moins que Zéro" de Breat Easton Ellis, avec des piscines et de la dope, un scénario à la Luc Besson avec ses personnages taillés à la serpe, un final dans un décor à la Philippe Djian  de " 37°2 le matin", secouez bien et vous obtenez ce roman pas désagréable à lire, mais qui manque sérieusement d'originalité. On le réservera à ceux qui aiment les films du réalisateur cité plus haut mais pas à ceux qui ont lu les auteurs également nommés au début. Signalons aussi une thématique supplémentaire : l'enfance difficile avec un père violent... qui va finir, à force d'emploi quasi systématique dans beaucoup de romans actuels, par devenir une véritable tarte à la crème romanesque !

🔆🔆/5

mercredi 26 février 2020

Mes jours de gloire de Antoine de Bary


Comme le montre l'affiche, c'est Vincent Lacoste show! On peut apprécier le comédien, mais est-ce vraiment raisonnable de lui faire (bien) jouer pour la énième fois un adulescent je m'en foutiste et hâbleur ? Le sentiment de déjà vu ne quitte jamais le spectateur qui regarde sans être étonné une seconde cette petite pochade sans grand intérêt. Rien à retenir sauf que l'on y croise Emmanuelle Devos, toujours aussi épatante mais aussi Christophe Lambert qui y annone trois répliques.
On peut dire aux copains de Vincent Lacoste ( de Bary cette année et l'an passé Félix Moati avec le bien pâle "Deux fils") que c'est sympa de le faire tourner ( il doit être pas bankable), mais creusez-vous un peu les gars, sortez-le de sa zone de confort, il le mérite !

🔆🔆/5

mardi 25 février 2020

Asadora ! de Naoki Urasawa


Visiblement inspiré par un feuilleton culte au Japon depuis le début des années 60, "Asadora!" ne ressemble pas, pour le moment, aux séries policières qui ont fait la réputation de Naoki Urasawa. Pas de récit policier comme dans " Monster", pas d'uchronie (policière) comme dans " 20th Century Boys". En route donc pour un récit autour d'une petite fille qui réchappe aux ravages d'un typhon dans un Japon qui fleure bon l'après-guerre. Ce premier tome se contente de poser les décors et les personnages de façon très classique. Il n'y a que la dernière vignette qui semble transporter soudain cette histoire pleine de drames et de bons sentiments vers quelque chose de, peut être, fantastique. Pas réellement emballant pour le moment.... 


🔆🔆/5

lundi 24 février 2020

Les inconsolés de Minh Tran Huy


Il y a un début qui intrigue .... Qui est mort ? Une suite au montage alterné entre un narrateur mystérieux appelé l'Autre et l'héroïne. Les thèmes s'entrechoquent agréablement ( l'amour entre classes différentes, l'exil, la mémoire, l'enfance, la sororité). Un parfum mystérieux court au fur et à mesure que l'intrigue avance. L'auteure ouvre des portes, essaie de toutes les refermer. Mais à trop vouloir en faire, en dire, le soufflé monte, mais cuit un peu trop et se dégonfle sur la fin, avec un sentiment de "tout ça pour ça ? ". Bien écrit, souvent bien vu, mais trop d'ingrédients romanesques gâchent un peu le plaisir.

🔆🔆🔆/5

Des hommes de Alice Odiot et Jean-Robert Viallet


Personne ne rêve d'entrer en prison, et encore moins aux Baumettes à Marseille. Pourtant ce documentaire dans ces murs plus que délabrés et surpeuplés nous permet d'aller à la rencontre de toute une humanité qui cohabite comme elle peut. Avec un regard jamais normatif, ouvert à l'autre, aux autres quels qu'ils soient, ce film impressionne autant qu'il passionne. On pourrait dire, que, cinématographiquement, on passe un réel bon moment aux Baumettes !

🔆🔆🔆🔆/5

Une mère incroyable de Franco Lolli


Ce conflit mère/fille n'arrive jamais à nous passionner. Pourtant tous les ingrédients y sont : le cancer, les magouilles en entreprise, une histoire d'amour, des dialogues vachards...mais rien n'y fait, on regarde tout cela avec un petit ennui, assez distingué .... malgré des comédiennes parfaites. Peut être dû à une mise en scène, assez terne, qui n'arrive pas à porter ce propos social et familial au-delà de la simple chronique aux airs de déjà vu.

🔆🔆/5

Love me tender de Constance Debré


Un énorme coup de Church's ( oui Constance Debré pourrait porter des Doc ou des santiags, mais ce sont des Church's qui la chaussent ) dans la bien pensance actuelle ( à l'image de son premier roman), couplé avec un portrait de mère qui ne laisse pas indifférent. C'est mieux que Christine Angot dont elle reprend l'écrit à l'os mais auquel elle ajoute un vrai sens du rythme et un discours politique et mieux que les dernières productions ( sous Subutex sans doute) de Virginie Despentes  à qui on pense forcément. Un livre intime qui bouscule le lecteur, ça fait du bien ! 

🔆🔆🔆🔆🔆/5

Deux de Filippo Meneghetti


Deux vieilles dames qui s'aiment et dont l'une va être victime d'un accident cérébral...  Pas fun comme sujet...Et pourtant... Ce premier film, au scénario écrit comme un thriller, aux multiples rebondissements, parvient à nous passionner et à nous émouvoir. Fort bien interprété par un trio de comédiennes formidables ( Barbara Sukowa, Martine Chevallier et Léa Drucker), "Deux" a obtenu le prix du public au festival premiers Plans d'Angers ( le choix de plus de 2000 spectateurs !). Donc, on peut y aller en toute confiance !

🔆🔆🔆🔆/5

Tu mourras à 20 ans de Amjad Abu Alala


Un film soudanais ! Oui ça existe, certains arrivent à trouver des fonds pour s'exprimer. Le film surprend par la beauté de ses images et surtout en filigrane par un discours assez gonflé autour de la religion et des croyances, mêlant savamment belle mise en scène et questionnement autour de ces traditions qui enferment ces hommes et ces femmes ( et au passage, on nous signale que les imams peuvent aussi aimer les petits enfants comme nos prêtres pédophiles...Ah ces religieux ! ). Un vrai dépaysement doublé d'un beau cinéma qui fait réfléchir.

🔆🔆🔆🔆/5

Une femme à contre jour de Gaëlle Josse


Le récit très empathique conte l'émergence de Vivian Maïer, nourrice américaine obscure, dans l'univers des grands photographes. L'écriture dentelée de Gaëlle Josse emporte le lecteur dans une histoire aussi passionnante que mystérieuse ou comment le hasard ( mais aussi la ténacité) peut amener à la consécration.  Une lecture à jumeler ( si possible) avec la très belle exposition se déroulant jusqu'au 22 mars prochain à  l'ancien évêché de Grenoble, histoire de découvrir les magnifiques photos de cette désormais artiste qui n'aura pas connu sa reconnaissance de son vivant.

🔅🔆🔆🔆/5

La femme révélée de Gaëlle Nohant


Du grand romanesque à Paris dans les années 50, auquel va venir s'ajouter, dans une deuxième partie, un portrait cinglant des Etats-Unis de la fin des années 60 qui entre en résonance avec aujourd'hui. Agréable à lire mais l'alliage grands sentiments/politique a du mal à s'amalgamer, ne trouvant jamais la juste dose. Vaut mieux que la couverture essayant d'appâter un lectorat porté sur l'eau de rose chic.

🔅🔅/ 5

vendredi 7 février 2020

#Jesuislà d'Eric Lartigau


Brainstorming chez Gaumont :
- Bon les gars, il va ...
- Hé y'a des filles ici aussi !!
- Ouais...bon... bref...il va falloir se mettre au boulot ! Dans l'édition, ils font un max de blé avec des livres qui font du bien ( surtout pour la caisse), alors il nous faut trouver un scénar qui plaise aux jeunes et qui soit comme un doudou au creux de l'aprem quand les vieux vont au ciné. Allez, on pulse ! Donnez moi des idées !
- L'amour sur Tinder !
- Non, dans un film qui fait du bien, on ne baise pas, voyons !
- Meetic alors ...
-On a dit pour les jeunes !!!
-L'amour sur Instagram alors.. de ma nièce de 8 ans à Mylène Farmer , tout le monde y est ..
-Vendu ! Aller une histoire, un décor, des idées... On se secoue...
-?!?!
- Mais bon sang qu'est-ce qui marche en ce moment ?
- Master chef !
- Les mangas !
- La Corée !
- Burger quizz!
- L'empathie !
- Blanche Gardin!
- La bienveillance !
- Le mariage gay !
- La stimulation de la prostate !
- Non, on a dit pas de sexe ! Tu as noté Paul-Emile ? Ca a pas l'air mal ! Thomas, Eric , vous pouvez me travailler un scenar avec ça, je veux huit pages dans 3 heures...
Trois heures et dix minutes plus tard ...
- Je viens de lire ton histoire de restaurateur en manque d'amour qui s'éprend d'une instagrammeuse coréenne .... pas mal du tout ! On se prend pas la tête, c'est idéal et en plus on peut se faire financer par l'office de tourisme de la Corée du Sud, on colle le resto dans le Pays-Basque ( on a le fric de la région Aquitaine), on tourne en été, on offre trois semaines de thalasso à Biarritz à Blanche Gardin et  le tour est joué .... Reste à trouver un acteur qui soit aimé des jeunes et des vieux...
- Dany Boon ?
- Non trop cher !
- Romain Duris ?
- Pas assez rond pour un film cocoon.
- Jean-Pierre Bacri ?
- On a dit qui fait du bien, pas qui déprime !
- Alain Chabat !
- ... Oui ! Génial ! Les jeunes adorent son burger et les vieilles ne rêvent que le fourrer dans leur lit !  On lance la préproduction !

Et c'est ainsi que neuf mois plus tard on retrouve sur les écrans cette bluette sans consistance, pas méchante pour deux sous mais terriblement plate. Les sujets sont juste effleurés, il ne faudrait pas que le spectateur réfléchisse trop. On essaie de jouer sur l'émotion en filmant les regards si attendrissants façon basset hound dont nous gratifie Alain Chabat, on nous colle une vague histoire de paternité qui rêve d'éclater en plein jour, on refait jouer Marjorie Poulet à Blanche Gardin ( Pays-Basque oblige) et on colle ses seules scènes dans la bande annonce pour attirer le public. C'est improbable, gnangnan, totalement raté malgré les efforts des deux acteurs connus.
#onpeutéviter




mardi 4 février 2020

Je ne répondrai plus jamais de rien de Linda Lê


La narratrice s'adresse à sa mère défunte. Tutoiement de rigueur et plongée dans la psyché de la disparue dont un dernier voyage au Danemark avec sa fille et le compagnon de cette dernière avait révélé une drôle de réaction quand, par hasard, on avait évoqué un asile psychiatrique proche d'Elseneur ( ville danoise et accessoirement lieu qui sert de décor à Hamlet).
"Je ne répondrai plus jamais de rien" ne plonge pas dans le drame shakespearien mais dans un récit introspectif  revenant sur les relations mère/fille tendues et surtout celle avec "ton mari" , formule employée par la narratrice pour évoquer son père qui donne le ton quant à leurs rapports.
Il sera question de départs ( du Cambodge pour la mère puis de son mari menant une double vie) mais surtout d'une période de huit mois, sorte de parenthèse blanche, où sa mère disparaît ( un peu comme Agatha Christie, le romanesque en moins) et qui devient un projet d'enquête pour la narratrice. Nous approcherons avec cette période une zone plus psychiatrique, qui permettra au passage de rendre un petit hommage discret à une artiste peu connue, Unica Zürn ( auteure, amie de Henri Michaux qui laissera beaucoup de dessins aux traits fins).
Le texte dense ( pas de chapitres, pas de dialogues ) dissèque les rapports passés, essaie d'analyser l'humilité de cette mère dont la certitude de n'être rien lui confine pour l'extérieur de la douceur. Hélas, tout cela n'échappe pas à beaucoup de redites, voire un certain ressassement. On peut apprécier le finesse du propos mais le thème usé de  "moi et ma mère" peine à sortir du lot...sans doute y-a-t-il encore des amateurs...

dimanche 2 février 2020

Et toujours les Forêts de Sandrine Collette


On ne dira jamais assez l'intérêt d'avoir une cave à l'approche de la fin du monde. Déjà, avec les périodes de canicule, cela permet d'avoir en permanence un endroit frais, idéal en période de réchauffement climatique, pas besoin de polluer plus avec la climatisation. C'est ce qui arrive aux héros du nouveau roman de Sandrine Collette, ils aiment bien s'enterrer un peu et quand soudain la terre implose, alors que tout le monde en surface a cramé, eux sont vivants.
Certes la situation devient réellement inconfortable car il faut bien se nourrir, boire, vivre dans un univers qui a disparu. C'est bien le sujet principal de " Et toujours les Forêts" : la survie en milieu franchement hostile. Petite parenthèse, ou bémol quant au récit qui nous est offert. J'avoue ne pas avoir assez de connaissances scientifiques pour imaginer ce qu'une implosion de la terre pourrait avoir exactement comme incidences. Si je m'en remets à Sandrine Collette, tout a brûlé, tout n'est que cendre, mais sans feu apparemment et sans que cette implosion attaque les rayons des supermarchés, les réserves de nourriture, de papier, le bois des charpentes des maisons. Pourquoi pas mais ouf ! Les rescapés vont pouvoir survivre, boire l'eau des bouteilles plastiques qui n'ont pas fondu, se réfugier dans les habitations, manger toutes les conserves possibles.
Heureusement, le récit va, grâce au style rythmé, sec et âpre de l'auteure, nous faire oublier cette licence romanesque. On s'attachera beaucoup à Corentin, Mathilde et Augustine, à leur lutte pour continuer une vie qui, pour le commun des mortels, semblerait sans espoir. Ils seront humains, très humains (trop ? ). Leurs choix, leurs combats questionnent le lecteur qui suit leurs aventures avec passion. Mais peut-il en être est-il sur un sujet aussi aussi essentiel qui risque de devenir une réalité ? Oui, si l'auteur n'a pas le talent d'écriture de Sandrine Collette, habile conteuse et dont on sent l'envie de réveiller quelques consciences tout en nous impliquant dans des scènes qui nouent les tripes. Bien sûr, on pense beaucoup à " La route"  de Cormac McCarthy, en plus immobile mais sans son implacabilité littéraire.
Entre anticipation et romanesque assumé, " Et toujours les Forêts" captive indéniablement tout lecteur qui n'a pas peur de lendemains grisâtres et forcément violents. 

samedi 1 février 2020

Les fluides de Alice Moine


Une mère et sa fille vont à la piscine. Elles se déshabillent, enfilent un maillot, passent sous la douche, tentent d'éviter le pédiluve, se baignent, se redouchent et se rhabillent. Voilà, en quelques mots le résumé de ce court roman. C'est tout ? C'est une rédaction de CM1 ? Non, bien sûr que non, mais un petit texte, qui, au fil des pages, viendra éclairer doucement les personnages. La mère surtout car sa petite fille de 7 ans restera jusqu'au bout vaguement tête à claques. Les premières fêlures apparaissent dès les premières pages rendant cette sortie à la piscine bien moins festive que prévue. Une séparation qui a laissé de nombreuses traces, pas que dans la tête, des liens à reconstruire avec une enfant élevée par son père, un incident passé dont la douleur sourde s'est conjuguée avec celle du divorce, vont donner au roman un ton nettement plus profond.
C'est le  portrait d'une femme cabossée, au bord de la rupture sociale, dont ce passage apparemment anodin dans une piscine va pourtant faire bouger les lignes d'une vie ayant pris une mauvaise direction. Le roman ne se noie pas dans une psychologie de bazar, flotte plutôt entre deux eaux, choisissant la délicatesse d'une caresse aquatique à celle de la nageuse à gros bras. L'histoire simple prend toutefois un peu d'épaisseur et reste agréable à lire sans vraiment accéder au grand bassin littéraire.