mercredi 15 mars 2023

Indocile de Dana Spiotta

 


Samantha, 53 ans, se retrouve, après l’élection de Donald Trump en 2017, un peu dépressive face à l’avenir du pays mais aussi ménopausée. Elle flashe sur une maison année 20 dans un quartier en voie de gentrification, l’achète, quitte son mari et sa fille et s’installe dans sa nouvelle acquisition. Grâce à internet, elle se  trouve de nouvelles amies mais sa fille ne veut plus lui parler et sa mère va bientôt mourir.

Le projet de Dana Spiotta est de dresser le portrait féministe d’une femme qui ne veut plus être mise à l’écart parce que ménopausée. Elle a envie d’une nouvelle vie et s’en donne les moyens en quittant un mari pourtant assez sympathique et même encore amoureux. 

Très vite, on comprend que tout cela n’est qu’un prétexte pour décrire surtout les maux d’une ville américaine moyenne ( Ici Syracuse dans l’état de New-York) : les quartiers laissés à l’abandon mais dont la gentrification progressive pousse petit à petit les zones de violence un peu plus loin, l’insécurité, les violences policières surtout sur les populations noires,  mais aussi des thèmes plus marginaux ses musées poussiéreux aux contenus douteux ou la lente progression du wokisme qui met en ébullition les têtes de ses nouvelles amies féministes. 

L’histoire personnelle de Samantha, l’héroïne, n’a pas un intérêt particulier, voguant gentiment vers une fin un peu sirupeuse. Les autres nombreux éléments plus politiques ou sociologiques tombent parfois un peu à plat et ne s’intègrent pas trop bien au récit. Dana Spiotta essaie d’alléger tout cela avec une vague note d’humour et quelques observations pas trop mal vues mais n’arrive pas à rendre l’ensemble vraiment cohérent ni même passionnant.



Histoire des préjugés sous la direction de Jeanne Guérout et Xavier Mauduit






Dans cette époque ou les  fake-news s’associent aux préjugés pour continuer à diviser une humanité qui devrait plutôt s’unir pour mieux vivre, se poser quelques heures pour la lecture de cette passionnante compilation d’opinions préconçues, leurs origines et leur permanence au fil du temps, est un vrai moment de plaisir ( oui, bien plus que de la littérature feel-good qui n’est qu’un shoot de sucrerie). 

Lire les nombreux historiens, spécialistes divers qui  se sont penchés sur des affirmations aussi variées que “ Un homme ça ne pleure pas “ ou “ Les noirs sentent fort et les blancs sentent la mort” ( prises au hasard parmi les 56 préjugés traités), c’est faire une plongée saisissante sur comment les hommes, aidés souvent par des scientifiques, des politiques, des religieux, ont pu s’approprier de fausses idées et comment, souvent par bêtise, ignorance, manque d’instruction, elles ont perduré et divisé les hommes. Les préjugés, véhiculant la plupart du temps un racisme rampant ( de la femme aux juifs en passant par les roux ou les chinois), ont ainsi, au fil des siècles ou des décennies, irrigué sournoisement certaines pensées et se sont ainsi ancrées dans bien des esprits. Nous avons confirmation que l’Histoire a été triturée de façon à complaire à une époque ou à satisfaire quelques idéologies douteuses ( on n’en est pas étonné). 

Au gré de sa fantaisie, de ses envies, le lecteur peut papillonner à l’intérieur de cet essai, qui se compose de chapitres pas trop longs. Le seul petit bémol est que, comme ils sont rédigés par différents spécialistes, certains sont plus attrayants que d’autres, tout le monde n’ayant pas la même faculté de vulgarisation ni la même verve.