Ca démarre trash et là, on craint le pire. Deux bobos célibataires en thalasso trempent dans une piscine. L'une un peu râleuse et au visage coincé, se plaint de ces jets d'eau qui lui rentrent dans la chatte. La copine, plus délurée, malicieuse et sans doute plus épanouie, apprécie cette puissance aquatique et entend bien en profiter un max.
Julie Delpy et Karin Viard, alias Violette et Ariane, forment ce couple désaccordé mais élément essentiel de toute bonne comédie. Et comme les deux actrices sont tout de suite totalement irrésistibles dans leur numéro de pimbêches, on suit, le sourire aux lèvres, leurs péripéties à trouver un mec, histoire de ramoner les conduits de Violette, abstinente involontaire depuis fort longtemps. Au hasard d'une thonade, soirée à base de thon et de rosé bas de gamme, bien connue sur la côte basque, l'asexuelle forcée va rencontrer Jean-René, un bon gars, gentil, sincère mais un peu trop plouc aux yeux de cette conceptrice de défilés de mode. Après quelques nuits passées ensemble, Violette et Jean-René vont s'avérer fort compatibles et entamer une vraie liaison à Paris.
Tout désaccordé qu'est ce nouveau couple, l'entente est là mais déplaît fortement à Eloi, dont le diminutif est Lolo, grand dadais de vingt ans, ingrat et surtout pervers narcissique. Il va tout mettre en oeuvre pour faire capoter cette aventure sentimentale.
La référence des parents pris en otage par un enfant s'attardant impunément dans le nid familial c'est "Tanguy" d'Etienne Chatilliez ( ce que la presse ne s'est pas privée de mettre en avant). Le propos de "Lolo" est différent puisqu'il s'agit de décrire comment une mère trop aimante va s'apercevoir qu'elle a engendré un monstre. Les moyens pour y arriver, ceux de la comédie virant au burlesque dans la dernière partie ne font pas mouche tout le temps mais le film possède tout de même de nombreux atouts pour faire passer un bon moment aux spectateurs. Julie Delpy a su donner une vraie énergie au film avec une succession de scènes piquantes, en verve, dialoguées au millimètre et jouées par une troupe de comédiens tous impeccables. Elle pose sur ses personnages féminins un regard personnel, mélange de mère aimante et de féminisme. Les femmes du film sont peut être parfois agaçantes mais ont une liberté de ton pas si courante que cela dans une comédie grand public. Et si le scénario parvient sans problème à nous faire détester le personnage de Lolo, il s'empêtre un peu sur la longueur, traitant sans doute trop de sujets à la fois pour être vraiment efficace. Les dialogues, aussi effervescents soient-ils n'arrivent pas à masquer certaines grosses ficelles pour parvenir à une fin cohérente.
Cependant, "Lolo" reste un spectacle pétillant, drôle et tonique. Les comédiens s'en donnent à coeur joie. Et même si les situations peuvent parfois sembler tirées par les cheveux, nous passons un agréable moment, le cinéma servant aussi à cela. Pour la détente (pas trop conne ) , Julie Delpy a gagné son pari.