Pas de chance pour le cinéma, le biopic sur Freddy Mercury cumule beaucoup de défauts et offre au final un film banal et quasi hagiographique.
Rassurons les futurs spectateurs, aucune idée scénaristique un tant soit peu originale ne vient perturber la narration. Vous mangerez tranquillou peinard vos pop-corn, rien ne viendra complexifier un récit totalement linéaire. On attrape Freddy jeune adulte déterminé à percer dans la musique et on le quittera à l'issue du concert pour Live Aid à Wembley ( seul moment où l'acteur principal est crédible). Pas de flash-back, pas d'enfance dans un milieu pakistanais, pas de fin de vie terrassé par le SIDA. On se laisse porter par les ( bouts) de tubes qui s'alignent les uns après les autres. Bien que Freddy ait été un homo très actif, porté sur la came, le scénario lorgne surtout à rééditer un succès populaire à la Mamma Mia et édulcore pour être le plus populaire possible. Donc, sa sexualité sera évoquée en filigrane, mais à l'écran, Freddy ne baise pas, ne sniffe pas, ne partouze pas, ne détruit aucune chambre d'hôtel. Il aime la musique et chanter, et basta ! Pour meubler, nous avons droit à une improbable et sirupeuse romance avec son amie de toujours Mary Austin, qui, vraiment cruche, alors que le film nous présente Eddy comme une grande folle, croit en son hétérosexualité. On écarquille les yeux devant des scènes sensément romantiques et dialoguées comme un mauvais soap brésilien qui provoquent, au mieux l'apitoiement devant une telle niaiserie au pire, le fou rire. Car, il faut le dire, l'acteur incarnant Freddy, Rami Malek, qui déjà ne dégage aucunement son charisme animal, se voit en plus affublé d'une ahurissante prothèse dentaire qui lui vole la vedette. On ne voit qu'elle, on ne regarde qu'elle ! Elle aura l'Oscar la prothèse ! Et on l'entend aussi...ou plutôt dans la VO, on perçoit la langue qui bute sur elle ( à croire que ce pauvre Rami Malek a été obligé de la porter pour le doublage). Certes le chanteur avait les dents en avant mais pas au point d'avoir l'air niaiseux. Grâce à cet élément, on en arrive presque à oublier les indigences d'un scénario paresseux qui ne cherche qu'à gommer les aspérités de son héros de chanteur et ne garde que ce que l'on voudrait que nous retenions : c'était un grand chanteur, doublé d'un musicien de génie qui créait des tubes comme moi je fais réchauffer une pizza au four, point à ligne. Un peu plus on nous proposait de signer pour sa béatification.
Si l'on est un passionné des prothèses proéminentes, si l'on recherche des scènes cultes idiotes pour se marrer entre amis, si l'on a envie d'écouter des extraits de chansons de Queen ( autant réécouter sa discographie), on pourra aller voir "Bohemian Rhapsodie" , cinéma plan plan et même cucul la praline. Le biopic de Freddy Mercury reste à faire.