samedi 7 septembre 2013

Le plus joli des rêves de Nathalie Brisac


C'est toujours difficile de donner son avis sur un roman écrit pour la jeunesse. "Le plus joli des rêves" de Nathalie Brisac me laisse un peu sceptique. Si je me place du côté "enfants qui aiment déjà lire seuls" comme le dit l'éditeur, je pense que certains y trouveront leur compte. (leur conte ? ). Nous sommes dans la structure classique du conte philosophique et symbolique. Un méchant qui souhaite posséder quelque chose d'inaccessible, un valeureux qui va être amené à se questionner pour résoudre des énigmes et au bout, une jolie morale sur l'importance du rêve dans la vie et la pureté des coeurs de ceux qui rêvent toujours. Le texte, d'une écriture classique, un soupçon ampoulée, a le même côté rétro  que les jolies illustrations de Rascal qui m'ont rappelé certains livrets de textes d'élèves imprimés dans les années 60 par les écoles. Je pense toutefois que certains enfants bons lecteurs pourront y trouver un petit plaisir de lecture.
Cependant, l'adulte que je suis, cotoyant dans sa vie professionnelle beaucoup d'enfants, s'interroge un peu sur cette parution. Ce conte souffre de deux défauts : sa lourdeur symbolique, trop souvent présente dans la littérature jeunesse, comme si on bâtissait des histoires uniquement dans le but de promouvoir des idées bien pensantes, et son manque d'originalité. Les histoires dont le héros doit répondre correctement à des énigmes pour arriver à atteindre son but, sont nombreuses et un grand nombre de fort réussies jalonnent la littérature depuis des siècles. Ici, dans un récit qui est sensé promouvoir le rêve, les réponses aux trois énigmes sont quand même assez décevantes car peu propices à occasionner une quelconque rêverie au jeune lecteur. A la question posée : Qu'y a-t-il dans cet oeuf ?  (le rêve montre un bel oeuf blanc avec des taches vertes), la bonne réponse est : un crocodile car, ne l'oublions pas, les bébés crocodiles sortent d'un oeuf... Pour une réponse de rêveur, je la trouve bien terne ou terre à terre. J'aurai proposé quelque chose de plus merveilleux : un petit bonhomme orange avec un bec de canard et qui chante Verdi ou un oiseau qui parle en murmurant aux oreilles des hommes des mots pour lui donner envie de rendre le quotidien plus beau, n'importe quoi qui fasse un peu rêver le lecteur. Je ne divulgue pas les réponses des deux autres questions auxquelles les personnages doivent répondre, mais les bonnes réponses sont d'une platitude totale, allant je trouve, à l'opposé du propos. Du coup, le message final tourne vire un peu cucul, rappelant les textes bourrés de bons sentiments que l'on faisait ingurgiter aux enfants au milieu du siècle dernier.
Loin de moi l'idée qu'il ne faut pas de morale dans la littérature jeunesse, mais un peu d'inventivité et de finesse me semble nécessaire si l'on veut faire passer le message. Je ne suis pas sûr que "Le plus beau des rêves " soit le plus beau des livres, mais peut être n'ai-je plus une âme d'enfant ....
Quoiqu'il en soit, je pense qu'il trouvera des lecteurs et des défendeurs... Permettez-moi de préférer une littérature un peu plus moderne et un soupçon plus impertinente.

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