mardi 26 décembre 2017

Le cœur à l'aiguille de Claire Gondor


" Le coeur à l'aiguille" ne permet aucun résumé sinon, si par hasard vous venez à lire ce premier roman, son intérêt en serait sans doute altéré du coup, évitez la quatrième de couverture trop explicite !). Donc, un numéro d'équilibriste m'attend, dire mes impressions en divulguant le moins possible... marcher sur un fil donc...
Je ne divulguerai pas grand mystère en révélant que l'héroïne, chez elle, seule, coud une robe,.... le titre l'évoque un peu. Cette activité, surtout dévolue en ce moment à d'infantiles mains asiatiques ou à quelques fashionistas tendance bobo, dans les premières pages, donne à la couturière du roman un air de vieille fille  délaissée qui continuait à faire revivre un amour passé d'une façon un peu particulière. Peut être n'ai-je pas été très attentif durant le premier chapitre mais c'est l'impression que j'ai retirée de cette écriture à la fois précise, poétique et un peu précieuse. Et puis, petit à petit, le tableau va se préciser, la femme vieillissante est bien plus jeune, perchée sur des stilettos, de plus en plus éloignée de l'image que j'en ai eue au départ...
Durant la première partie, l'auteur joue un peu avec nous. Elle dévoile petit à petit son intrigue à mesure que ce personnage principal se précise, s'ingéniant à déjouer des images que l'on s'était fabriqué ( bêtement sans doute, perchée sur des talons fins de 12cm, je l'avais imaginé un peu grande et mince.... alors qu'elle est petite et grosse). Tout fonctionne un peu ainsi, même l'histoire d'amour évoquée apparaît un peu idéalisée par l'héroïne, seuls quelques éléments glissaient ici ou là au milieu de cette dentelle romantique, nous amènent fortement à y penser. Mon intérêt fut maintenu par ce soupçon de causticité planqué au milieu de toute cette description pleine de joliesses et de sensibilité. 
Puis, le récit a pris pour moi une voie plus convenue ( mais mes impressions étaient peut être sur une fausse piste). La dernière partie se laisse emporter par la pente sentimentale. Même si je persiste à croire que l'amour décrit se trouve enjolivé par les souvenirs, le roman emprunte bien le chemin du sentimentalisme, celui dans lequel l'héroïne, à juste titre, s'est enfermée.
Sous des airs doux et poétique, "le coeur à l'aiguille" laisse une belle impression d'ambiguïté et montre qu'un couple, c'est une alchimie toujours particulière que chacun vit selon ses désirs propres. Et quand le temps des souvenirs s'en mêle.... où est la vérité ? 
Le roman ne prend pas partie, préférant taquiner la part sensible et poétique de ses lectrices/lecteurs tout en se servant de l'aiguille pour piquer un peu, mais juste un peu, histoire de ne pas faire de l'ombre à cette histoire qui est, au fond, émouvante. 
Pas tout à fait la coupe qui me va, mais il est indéniable que le tombé peut apparaître flatteur.




jeudi 21 décembre 2017

Impérium de Christian Kracht



August Engelhardt était un idéaliste utopiste allemand, comme il en a beaucoup existé au début du 20 ème siècle. Il avait un vision particulière de la vie, romantique sans nul doute. Très tôt végétarien, il inventa une théorie un peu extrême où la noix de coco, à cause de sa forme rappelant le cerveau, pouvait suffire à la survie de l'homme. Totalement perdu dans une Allemagne froide et rigoriste, il décide de mettre sur le cap vers la Nouvelle Guinée, qui fut colonie allemande jusqu'à ce que les australiens la reprennent en 1914. Et c'est là qu'il mettra en place sa théorie. Il acheta une petite île plantée de cocotiers et peuplée de quelques habitants serviles, enleva ses vêtements et commença une vie de naturiste se nourrissant exclusivement de noix de coco. Son originalité fera d'abord sourire, puis le marginalisera au fur et à mesure que, souffrant de malnutrition, son cerveau commencera à dérailler complètement.
Christian Kracht fait donc revivre ce brave exalté dans un récit mordant et fort bien documenté. Pas vraiment en empathie avec son personnage principal ( il en fait un utopiste maladroit et un peu ridicule), on comprend très vite qu'Engelhardt n'est qu'un prétexte pour nous brosser une page de la colonisation allemande dans le Pacifique assez méconnue ( mais de courte durée ...) mais aussi de l'importance de toutes ses philosophies hygiénistes de cette époque. Exercer sa plume un peu acide sur ce pauvre malheureux nu et buvant son lait de coco ne fait pas un roman. Alors le texte digresse pas mal autour d'autres personnages censés avoir croisé l'illuminé.
Nous voguons donc sur les eaux turquoises du Pacifique, parmi tout un tas d'aventuriers pas tous poussés par un romantisme de saison, sous un soleil dont la rigueur allemande semble s'être bien acclimatée. C'est un joli voyage qui joue avec des styles soutenus différents au gré des escales et des anecdotes. L'auteur s'est fait plaisir, le lecteur, tout du moins moi, un peu moins. Cette volonté d'étirer l'histoire m'a un peu lassé parfois, m'étant quand même attaché à ce pauvre August que l'auteur abandonne trop souvent à son triste sort ...
"Impérium" séduira les amateurs de livre de voyage, les amateurs de Joseph Conrad ( souvent les mêmes !) car, si le personnage d'Engelhardt est un peu laissé de côté, le soleil, les bateaux et les aventuriers sont bien présents.

Il semblerait qu'August Engelhardt soit celui qui est debout... 

mardi 19 décembre 2017

La promesse de l'aube de Eric Barbier


Ce n'est pourtant l'anniversaire d'aucune naissance ou mort de Romain Gary, mais après la littérature ( Laurent Seksik et François -Henri Désérable cette saison), voici que le cinéma s'empare d'une des œuvres emblématiques de l'auteur : La promesse de l'aube. Presque un demi siècle après Jules Dassin, Eric Barbier ( Le brasier et quelques autres films un peu oubliés), visiblement épris de grand  romanesque, s'attaque à l'adaptation et nous livre un film à grand spectacle qui risque d'ébouriffer les amateurs du roman et peut être agacer ceux qui ne le connaissent pas.
Le roman, assez autobiographique ( mais avec Gary on peut prendre des pincettes quant à la réalité) nous contait l'amour absolu d'une mère pour son fils. Possessive, exigeante, hystérique, relou comme on dirait aujourd'hui, cette femme va aimer et croire en  son unique rejeton  même au-delà de la mort.
Cette relation aussi exclusive qu'agaçante reste bien sûr au cœur du film mais dans une vision grand cirque cinématographique. Du livre, Eric Barbier n'a retenu que les moments les plus spectaculaires, ceux qui en jettent à l'écran. Et donc on a droit à des scènes de guerre, de batailles aériennes dignes des blockbusters américains, et à des moments plus intimistes mais totalement hystérisés par l'interprétation ahurissante de Charlotte Gainsbourg, qui hurle et vocifère avec un improbable accent russe. Du coup ce lien ténu qui unissait ces deux êtres de façon quasi invisible mais palpable dans le roman, devient une grosse ficelle indigeste et ridicule. Le film a mis le paquet côté budget et reconstitution, mais aussi au niveau actrice/acteur. Si Pierre Niney, qui d'un froncement de sourcil, d'un pli des lèvres parvient à être un personnage totalement crédible, tire son épingle de ce kouglof indigeste, on ne peut pas en dire autant de Charlotte Gainsbourg, qui passé le premier étonnement de la voir aussi autoritaire, livre une interprétation invraisemblable et grotesque. Affublée d'un faux-cul et de faux seins, coiffée d'une perruque grise, sa composition hallucinée ( et en plus face à un acteur qui en fait un minimum pour un maximum d'effets), achève de  tirer l'ensemble vers l'esbroufe et le tape l'œil gratuit et vain.
"La promesse de l'aube" production de prestige faite pour épater le spectateur, vous divertira peut être ... Allez savoir, Mlle Gainbourg et son numéro de clown russe vous fera peut être rire... Vous pourrez apprécier de voyager de Mexico à Londres, en passant par Nice et l'Afrique, vous aimerez faire un tour d'avion plus spectaculaire qu'à la fête foraine... Et puis, l''image est jolie, bien propre.  Mais, pour moi, ça ressemble plus à une pochette surprise achetée en solde au rayon culture de chez Leclerc qu'à un grand film.



dimanche 17 décembre 2017

Et si l'amour c'était aimer de Fabcaro


Sandrine et Henri sont mariés. Mais voilà que l'épouse tombe amoureuse de Michel avec qui elle va vivre une folle passion. Mais que vaut cette passion à l'heure du choix? Quitter son mari ou vivre avec son amant ? Tel sera le cruel dilemme auquel devra faire face Sandrine...
Mouais, je vous vois faire la moue devant un scénario façon roman photo de "Nous deux"( que des méchantes langues surnomment  "Doux nœud" alors que ces mêmes moqueurs, ados, le lisaient en cachette chez leur mamy !). Vous avez tort ! Quand je vous aurai dit que le Michel de l'histoire est livreur de macédoine de légumes, avouez que cette romance prend une autre allure! Non ? Sans vouloir spoiler, sachez qu'au plus fort de leur passion, l'amant susurrera à sa bien aimée des mots doux ainsi tournés : " Sandrine...je nous vois déjà dans les allées d'IKEA en train de noter des références de tables basses...". Je vous sens intrigué(e) tout à coup... Aller, un petit dernier pour vous appâter ... Une jeune femme parlant d'un fiancé disparu : " Mon ex a mis trois jours et demi à replier une tente Quechua deux secondes. Peu à peu, j'ai vu mon amour pour lui s'étioler..."
Bon sang, mais c'est bien sûr ! dites-vous comme un ex commissaire de la télévision dont seuls les anciens comme moi se souviennent, c'est du Fabcaro, le prince du décalage et de la dérision, le roi du non sens et de l'absurde, l'empereur de l'humour et du pastiche, le seigneur des .... Bon, vous avez compris que cette BD, aux allures de roman-photo est un nouveau bijou de drôlerie et de non sens, un album qui se dégustera avec délices et qui, malgré ses airs de se foutre de tout, en dit beaucoup sur l'amour au 21 ème siècle tout en déglinguant un par un tous les clichés inhérents au genre!
Pas la peine d'en dire plus, c'est, pour moi,  LA BD  de cette fin d'année, le cadeau pas cher ( 12 euros) qui défrisera ceux à qui vous l'offrirez, soit parce qu'ils se gondoleront de rire ( sans aller à Venise) , soit parce qu'ils seront déboussolés ( et là, cela vous fera connaître le degré de dérision que vos amis peuvent accepter, fort utile pour la suite de votre vie en groupe...).




samedi 16 décembre 2017

La forteresse impossible de Jason Rekulak



Un premier roman d'un auteur américain qui ne sent pas les ateliers d'écriture si nombreux aux Etats-Unis, qui ne pose aucune ligne dans une université, ni dans une banlieue déprimante de conformisme ou dégoulinante de violence rentrée, ni dans une grande ville ( donc ni à New-York, ni à Los Angeles, ni à San Francisco) mérite que l'on s'y intéresse un peu.
Remarquez la couverture et vous allez penser que si j'ai pris ce livre en main ce n'est sans doute pas pour une raison littéraire et vous aurez raison. Félicitations au service marketing de chez Actes-Sud pour avoir trouvé un moyen d'attirer la main d'éventuels lecteurs qui traînent dans une librairie, et qui jetteront à coup sûr un œil sur la quatrième de couverture plus facilement que de coutume. Reconnaissons aussi que cette illustration disons ... suggestive, n'est absolument pas trompeuse quant au contenu de l'ouvrage. Il y a bien des seins, de l'informatique et de la sexualité ( disons, pour être plus exact, un début d'éveil aux joies du sexe ).
"La forteresse impossible" du titre possède trois sens possibles. Le premier représente l'unique drugstore d'une petite ville du New-Jersey que trois ados de quatorze ans, désirant acquérir un exemplaire de Play Boy, vont essayer de prendre d'assaut ou tout du moins essayer de duper  le propriétaire qui, légaliste dans l'âme, ne vendra jamais une revue coquine à un moins de 17 ans.
"La forteresse impossible", plus simplement, est le titre d'un jeu vidéo que va créer un des trois garçons, Billy, le héros du livre, en compagnie la fille du drugstore, rencontrée inopinément lors de l'une des nombreuses tentatives avortées d'achat de la revue de charme.
Mais cette forteresse sera aussi, dans le dernier tiers du roman, cette montagne très symbolique que les trois garçons escaladeront pour que Billy puisse clamer un amour qu'il n'osait avouer. ( Je reste volontiers elliptique pour ne pas trop en dire).
Pour le lecteur, ce roman n'est jamais une forteresse impossible, voire inaccessible, juste une bouffée de drôlerie, une gâterie autour de l'adolescence. La récurrence des tentatives pour se procurer Play Boy, petit hommage discret à Bip-Bip et Vil Coyotte, nous amuse sans jamais tomber dans la facilité. Ce qui pouvait au départ passer pour une gentille pochade, avance tranquillement, mais très sûrement, vers un roman beaucoup plus profond, où une peinture discrète des sans grades d'une région paumée se mêle à un récit initiatique qui ausculte les troubles de l'adolescence. Jason Rekulak possède une plume alerte, facile, qui sait manier l'humour, le suspens, créer des tensions, rendre ses personnages attachants et profonds  et même, exploit pour moi, rendre passionnante la création d'un jeu vidéo !
Certes, ce n'est pas le roman de l'année, mais sans doute des rares titres que l'on ne lâche pas sitôt que l'on y plonge dedans. En France, on parle de roman qui fait du bien, en gros une chose avec sa cohorte de clichés et de bons sentiments, sauf que dans "La forteresse impossible", s'il y en a, la plume trépidante de l'auteur sait les balayer.Pour moi, ce fut une vraie récréation, un vrai plaisir de lecture simple et passionnant, et cela fait du bien!

Jouez à "La forteresse impossible", le jeu créé par Billy,  sur le site de l'auteur ... Attention, l'histoire se déroule en 1987, donc ne vous attendez pas à "Call of duty" !

mardi 12 décembre 2017

Les bienheureux de Sofia Djama

Il y a des films qui ne donnent pas spécialement envie de prendre un ticket de cinéma, sans doute par manque de curiosité ou d'appétence à certains thèmes, voire une petite overdose autour de certains sujets. Pour moi, "Les bienheureux " en faisait partie... En cette saison grise, un long- métrage autour de l'après guerre civile des années 90 en Algérie, n'entraîne pas un désir énorme de cinéma. Et pourtant... Je suis ressorti plus riche ( intellectuellement)  et plein d'enthousiasme pour un film diablement intelligent qui a su me passionner durant 1h40.
Nous sommes à Alger en 2008 et nous entrons dans l'intimité d'un couple de bourgeois locaux. Elle est prof de fac, lui médecin. Ils ont un ado de fils, un peu ingrat et loin d'être insensible aux sirènes d'un militantisme musulman intégriste. Le couple fait partie de cette bourgeoisie éclairée qui sent bien que l'Algérie, pays qu'ils aiment, déjà fort blessé après la dizaine d'années de guerre civile, sombre toujours plus dans l'extrémisme. Elle, souhaite que son fils parte pour l'Europe afin de  poursuivre ses études, lui, continue de croire à un avenir possible malgré une vie de plus en plus fliquée. Près d'eux, la jeunesse erre et se divise autour de la notion du danger des extrémismes. Autant la jeune Feriel voit bien cette lente montée qui va tous les anéantir, autant les garçons sont plus ou moins perméables à cette nouvelle donne.
"Les bienheureux" en mixant la vie de deux générations, parvient à nous dresser un portrait tout en finesse et en profondeur de cette Algérie où des combats nouveaux brisent les certitudes et les idéaux. Sans jamais appuyer le trait, en laissant un scénario fort bien agencé et construit, divulguer petit à petit des éléments marquants et éclairants, Sofia Djama rythme son récit presque comme un thriller, installant ses personnages dans une incertitude de plus en plus grande, tellement leur environnement semble vouloir les anéantir.
L'interprétation impeccable de toute la bande d'excellents acteurs participe aussi à la réussite du film. Si la jeune Lyna Khoudri a obtenu lors du dernier festival de Venise le prix Orizonti de l'interprète féminine ( Espoir féminin en somme), vous ne pourrez pas rester insensible au charme et à la formidable prestation de Nadia Kaci qui illumine ce film de sa force, de sa conviction mais aussi de sa rage et de son désespoir. Aidée par de magnifiques dialogues, elle donne au film une plus grande intensité!
PS : Petite remarque toute personnelle, peut être banale, mais, c'est encore un film ( ici un premier) réalisée par une femme et qui nous donne encore une fois une vision courageuse d'un pays de Maghreb. Il semblerait qu'elles seules en ce moment aient les couilles de s'emparer des sujets qui peuvent fâcher, avec courage, détermination et talent ! Et du coup, je suis d'accord avec Aragon : "La femme est l'avenir de l'homme " et dans les pays musulmans encore plus qu'ailleurs !






dimanche 10 décembre 2017

Les gardiennes de Xavier Beauvois



Une ferme un peu isolée durant la première guerre mondiale, tenue par les femmes dont les maris, les pères, les frères sont au front. Les saisons passent au rythme des travaux inhérents à l'endroit, le labour, l'ensemencement, la récolte, ... mais aussi la traite, le bois pour l'hiver, ... Cela pourrait ressembler à "L'arbre aux sabots" d'Ermanno Olmi mais ici aucune âpreté de mise en scène, Xavier Beauvois préfère installer ses héroïnes dans un joli cadre romanesque où le spectateur ira chercher dans les creux les ressorts de cette histoire.
Bien sûr la vie est rude pour les femmes de cette famille, les travaux des champs usent les corps au fil des jours, l'esprit lui étant mis à rude épreuve par ces hommes absents dont la vie est suspendue aux cartes postales qu'ils envoient des tranchées. La guerre n'est ici qu'une vague toile de fond lointaine, déformée par une presse aux ordres. Les quelques permissions accordées aux hommes relancent  l'espoir de jours meilleurs mais réveillent aussi les corps.
Chez les Sandrail, trois femmes triment pour garder la ferme à flot, la mère et sa fille ainsi qu'une jeune orpheline embauchée pour leur venir en aide. Le temps est au travail. On s'observe sans doute, mais rien ne peut troubler l'ordre des jours. Bien sûr, au fil des années, les quelques rares apparitions des hommes troubleront un peu cette harmonie et finiront par réveiller les jalousies et les personnalités.
La force du film vient dans sa façon très douce de regarder vivre ces personnages, où, avec peu de dialogues, en prenant le temps d'observer leurs gestes, leurs traits de visages, on entre dans leur vie comme le témoin privilégié d'une époque. Je sens déjà quelques uns se dire : "Ouh là, ça doit être rasoir, ce truc contemplatif !". Sachez, sans doute amateurs d'œuvres montées comme des clips pour masquer l'absence de scénario et de profondeur, que je vous recommande de vous poser gentiment dans votre fauteuil et de vous laisser aller. Vous serez tout de suite happé par une photographie absolument magnifique de Caroline Champetier qui livre ici un travail formidable, jamais dans la joliesse mais toujours dans la beauté (  évoquant parfois, sans que ce soit appuyé, les peintures de Millet ou de Vermeer ). Et puis, il y a la mise en scène de Xavier Beauvois qui maîtrise son film avec une élégance extrême. Il arrive à nous faire oublier que Laura Smet est faite pour être une paysanne du siècle dernier comme moi être catcheur, jouant avec finesse sur le couple mère/fille qu'elle forme aussi bien à l'écran qu'à la ville avec Nathalie Baye ( ici, absolument parfaite et d'une réelle beauté ). Il parvient également à faire passer une légère faille scénaristique, voire de casting ( qui a fait s'interroger plusieurs fois mes voisins de siège ) sur la place exacte de la jeune Marguerite dans la famille ( en fait, c'est la fille d'un premier mariage du mari de Laura Smet/Solange, autant le savoir avant d'aller voir le film, mais le personnage est secondaire et de plus exempté de travaux des champs puisque enfermé dans un pensionnat).
Hormis ces broutilles, bien minimes sur les 2h15 que dure le film, "Les gardiennes" emporte l'adhésion sans aucun problème tellement son élégance, son romanesque léger et juste nous touchent. Xavier Beauvois nous place dans une vraie bulle temporelle. Son regard intelligemment féministe qu'incarne sans doute un peu plus que les autres comédiennes la très convaincante Iris Bry, donne au film cette ultime touche qui en fait LE grand film français romanesque à voir cette fin d'année ( et non pas "La promesse de l'aube" dans quelques jours).



samedi 9 décembre 2017

Bienvenue à Suburbicon de George Clooney



On dit que pour faire un bon plat, avoir de bons ingrédients est primordial, le savoir-faire ensuite fera passer le plat de bon à excellent selon si l'on lorgne une place dans un de ces concours culinaires télévisuels ou pas. ( Sans compter que vos convives n'ont pas non plus les papilles d'un critique gastronomique.) Au cinéma, pareille affirmation est nettement moins évidente. Déjà, les spectateurs, sans être critiques, sont pas mal nourris de chefs d'œuvres alors qu'un convive n'a que très rarement déjeuner dans un 4 étoiles et sont donc plus à même de repérer les films moyens ou ratés.
Prenons donc ce "Bienvenue à Suburbicon". La recette est alléchante, un scénario des frères Cohen, Julianne Moore, Matt Damon et Oscar Isaac au générique et ( pour moi) une critique annoncée de cette " american way of life "  dans la fin des années 50 où les robes des dames tourbillonnaient en descendant de bagnoles surdimensionnées et carrossées tout en chromes et rajouts ostentatoires. Ah , j'oubliais, George Clooney à la réalisation...même si jusqu'à présent ses précédentes productions ne m'avaient pas fait grimper au plafond, disons que l'on peut avoir envie de connaître son regard sur cette Amérique qu'il, selon les rumeurs, rêve de diriger.
Des ingrédients de qualité et, à l'arrivée, une chose étrange ni vraiment drôle, ni vraiment trash, ni vraiment critique, ni vraiment bien mise en scène, ni vraiment passionnante. Un film bancal, pas désagréable mais avec des lourdeurs, quelques bons moments et surtout deux histoires parallèles qui ne se rejoignent quasiment jamais et dont on se demande pourquoi l'une existe...
Alors, on va regarder de plus près les ingrédients... D'abord, intéressons-nous au scénario.  La date de péremption était vraiment dépassée. Cette histoire de père de famille apparemment sans histoire mais qui va essayer de gruger des assurances, traînait dans les tiroirs des deux frères Coen depuis au moins 20 ans. S'ils ne l'avaient pas tourné, c'était bien pour une bonne raison: mal fichu, pas achevé. La remise en chantier avec cet ajout d'une autre histoire, réel fait divers d'une famille noire s'installant dans un lotissement uniquement habité par des blancs qui deviendra la proie hystérique d'une communauté ouvertement raciste ( sans doute pour commencer à donner une bonne image au supposé futur candidat démocrate Clooney à la présidence) sent le réchauffé et surtout ne se mélange pas bien du tout. Aussi cruelle soit-elle, la longue patience de cette famille noire face à des crétins bavant la haine raciale se trouve complètement sacrifiée, mise au deuxième plan. Mais en face , l'histoire du voisin qui tue sa femme paralysée pour empocher l'argent de l'assurance et coucher avec la sœur de la défunte, aussi grinçante soit-elle, ne se porte pas mieux et s'enlise à cause d'une constante hésitation dans le genre à donner : Parodique ? Gore ? Un peu Coen ? Un peu Burton ? (" Edward aux mains d'argent" ) ...Oh et si on essayait aussi un peu Laughton ( " La nuit du chasseur"), c'est chic Laughton, ça va faire bien ! Non, désolé George, ça n'est pas terrible, et pour tout te dire, on est content que tu dises arrêter le cinéma pour te concentrer à sauver l'Amérique parce que niveau mise en scène, là tu patines un peu. Côté acteurs, rien à dire, Matt Damon est un parfait père abject, Julianne Moore est très bien mais on peut la préférer en modèle féminin de l'Amérique des années 50 chez Todd Haynes ( "Loin du paradis") et Oscar Isaac apporte un peu de pep's dans quelques scènes hélas trop brèves.
Sans être consternant, ( quelques scènes peuvent accrocher ici ou là, le générique, les décors aussi) "Bienvenue à Suburbicon" restera à tout jamais un film bancal et mal construit, la faute à un scénario mal écrit.


vendredi 8 décembre 2017

Revoir Marceau de Romain Meynier


Je râle souvent face à des premiers romans un peu nombrilistes, souvent bien troussés mais au propos peu original ( moi, papa, moi, maman, moi et...moi). Le premier chapitre de "Revoir Marceau" laisse à penser que nous sommes dans la droite lignée du récit personnel, ici, celui d'une rupture. On croit voir la suite, la souffrance du délaissé, sa peine étalée tout au long des pages avec le lecteur comme déversoir de son mal être. Pourtant, un détail troublant, un grain de sable étrange embarque le roman vers autre chose. Quand Marceau quitte le narrateur ... Ah oui, une précision... Marceau, aussi bizarre que cela puisse paraître est bien une fille, même pas un travesti ou un transgenre, une femme, donc le petit truc décalé n'est pas celui-là...
Je reprends... Quand le narrateur ( jamais nommé) se retrouve tout seul, nu dans sa longère perdue en campagne, c'est uniquement parce que son/sa ( ex) compagne est partie en l'enfermant dans la maison alors qu'il prenait une douche. Ce point de départ assez original plonge d'emblée le lecteur dans un récit tout de suite un peu décalé et qui par la suite prendra des airs de déambulation aléatoire. Le héros, sans doute un peu décontenancé, va se trouver ballotté au fil de rencontres impromptues, improbables, frisant parfois l'absurde ou l'ironique ou une certaine fausse naïveté.
Dans un style plaisant, qui ne verse jamais dans le pathos pas plus que dans l'humour ou la franche drôlerie malgré un ton farfelu et un petit air goguenard, le récit avance sans que l'on sache jamais où l'on va arriver. C'est à mettre à l'actif de ce premier roman qui se paye en plus le luxe de faire dérouler une grande partie de son intrigue à Mende (Lozère), lieu pas des plus prisé en littérature. ( Et c'est fou ce qu'il peut se passer de choses à Mende !). Nous baguenaudons donc dans le département le moins peuplé de France, un peu intrigué, mais, pour ma part, pas réellement passionné.
Pour moi, ce lâcher- prise post rupture, semble en fait être un prétexte pour nous dire des choses sur notre monde sans que l'on sache réellement lesquelles. On va y rencontrer des êtres solitaires, du grand commerce planté dans la campagne, beaucoup de mythes catholiques, des manifestants, le monde du travail, tous plus ou moins évoqués dans ce que j'ai perçu comme une sorte de collage contemporain où le lecteur doit se faire sa propre opinion... Mais rien, ni dans le style, ni surtout dans la petite subtilité finale,  ne m'a incité à croire que l'auteur avait réellement un message à faire passer.
Il reste donc une agréable balade doucement décalée, au bord de l'absurde, bien écrite et créant un univers personnel plutôt sympathique. Pour un premier roman, c'est déjà ça.

 Si vous trouvez un clip de Céline Dion  à la fin de cette chronique, ce n'est pas du tout par passion pour le rossignol canadien, mais parce que cette chanson est citée plusieurs fois dans le roman et sert donc de bande originale.


mercredi 6 décembre 2017

Seule la terre de Francis Lee


Johnny rame. Perdu dans une ferme d'un Yorkshire peu accueillant ( si ce n'est pour les amateurs de splendides paysages dans lesquels les murets de pierres font office de décor), il trime renfrogné à s'occuper de quelques bêtes dont le rapport ne correspond plus à celui attendu par une agriculture intensive. Coincé entre un père qui vient de faire un AVC et dont la femme l'a quitté voilà bien longtemps et une grand-mère dont le regard bleu acier ne risque pas de vous réchauffer l'âme, son seul loisir est d'aller se pintocher au bar du bled d'à côté et, éventuellement, se faire très rapidement un mec dans le premier endroit isolé trouvé. Bienvenue au royaume des taiseux et des frustrés ! C'est dans ce cadre là que va arriver Gheorghe, un saisonnier roumain, embauché pour la semaine afin d'aider Johnny à l'agnelage d'un troupeau perdu dans les collines...
On le sait au cinéma, l'arrivée d'un inconnu détruit tous les équilibres précédemment acquis. Gheorghe va jouer un peu ce rôle mais surtout être celui qui va inoculer de la tendresse dans cette ferme. Comme nous sommes dans une sorte de rude romance gay, les deux hommes vont s'affronter pour petit à petit tomber amoureux. L'essentiel du film sera de s'ingénier à décrire comment dans un univers des plus brut et froid, le saisonnier roumain va apprendre les gestes tendres à son compagnon. Au milieu du purin, des animaux qu'on abat, qu'on dépèce, de la boue et du froid, Johnny va apprendre à aimer, à lâcher sa sensibilité enfouie, ...
C'est âpre mais bien rendu et émouvant. Francis Lee pour son premier long-métrage fait preuve d'une belle sensibilité et évite la mièvrerie grâce à une photographie magnifique mais qui ne fait jamais dans la joliesse. Evidemment, tout cela est un peu cousu de fil blanc, mais les acteurs sont particulièrement convaincants et la description de l'univers agricole fait preuve d'une grande véracité, donnant de la profondeur à ce récit.
"Seule la terre"  échappe aux pièges inhérents à ce genre de production trop facilement étiquetable "gay" grâce à un naturalisme revendiqué qui permet d'élargir son thème de la découverte de l'amour à tous les publics. C'est sans aucun doute pour cela qu'il a été auréolé de multiples prix dans différents festivals dont le grand prix au dernier festival du film britannique de Dinard.


mardi 5 décembre 2017

Trois jours chez ma tante de Yves Ravey


Marcello débarque à Paris pour voir sa tante qu'il n'a pas revu depuis 20 ans. Il a de bonnes raisons de visiter sa chère parente, cette ingrate vient de lui couper les vivres. Finie le mandat coquet qui lui arrivait tous les mois en Angola où il dirige une école pour enfant déshérités ! Et en parlant de déshérité, bien qu'il soit sa seule famille, il apprend par le même coup qu'il ne figure plus sur son testament. S'il veut remettre à flot son établissement qui a besoin de fonds, il devient impératif que sa visit en France se solde par la possession d'un chèque. Il a trois jours pour arriver à ses fins. Seulement, autour de Vicky, la tante, rôdent d'autres prédateurs dont l'ex femme de Marcello, un  homme d'affaire ou  une dame de compagnie peu corruptible.
N'allez pas croire que chez Minuit, maison d'édition dont le sérieux n'est pas à prouver, on dédaigne les livres drôles, Jean-Philippe Toussaint ou Jean Echenoz, entre autres, l'ont déjà prouvé par le passé. "Trois jours chez ma tante" en est une nouvelle preuve. Mais attention, au-delà d'une construction parfaite, d'une tension proche du vaudeville  et surtout grâce ( ou à cause) à une écriture assez blanche, sans aspérité, avec un air de pas y toucher, le roman s'enrichit au fil des pages. D'un départ, où le lecteur ( bon prince) veut bien être en empathie avec ce pauvre Marcello, même si l'on devine qu'il n'est pas non plus franchement net avec ses activités africaines, nous finissons par virer un peu de bord pour devenir moins bienveillant avec lui ( morale oblige). Cependant, comme l'histoire se termine par un long suspens hyper bien mené, nous nous trouvons, à cause de l'auteur, assis le cul entre deux chaises, inconfortable certainement, mais subtilement tiraillé par un diabolique enchaînement de faits qui en éclairant la part sombre du héros, ne nous empêche pas d'être encore à ses côtés... Du grand art au final !
Petit roman drôle et très  bien troussé, "Trois jours chez ma tante", allie le fait de se détendre tout en paraissant intello avec la caution " Editions de Minuit". Pourquoi se priver, et du plaisir de lire un roman détendant et bien construit et celui de coller à son époque de vitrine ( qui pour le coup ne sera pas alléchante pour rien !).

samedi 2 décembre 2017

Beau doublé, monsieur le marquis de Sophie Calle et Serena Carone


Malgré le mot nature ajouté à "Musée de la chasse ", à priori, je n'étais pas particulièrement partant pour une visite de ce lieu, s'il n'avait eu la bonne idée d'inviter Sophie Calle, artiste multi supports et sans doute une des figures françaises de l'art contemporain les plus reconnues de part le monde, pour exposer ses dernières créations tout comme des parcelles de sa vie intime.
Si vous entrez au musée de la chasse et de la nature pour admirer les fusils et autres animaux empaillés, vous risquez d'être surpris de trouver au détour d'une pièce, un chat pendu ( quand je dis pendu, c'est bien avec une corde au cou ! )sur un fauteuil ...heu empire (?) ou un bout de matelas brûlé dans une vitrine de céramiques d'animaux montrant leurs crocs ( ou ne le remarquerez pas tout de suite comme cette famille anglaise absorbée à la contemplation de ces têtes de bestioles " so pretty" , remise dans le chemin de l'art contemporain par leur rejeton à casquette, un bambin de 5/6 ans qui hurlera  "Mom, mom, it's too dirty!" en pointant du doigt cette chose informe et pourtant parfaitement raccord avec les objets l'entourant..).
Si vous venez pour Sophie Calle par contre, vous passerez un moment à la fois ludique, passionnant et émouvant à rechercher toutes les traces que l'artiste a semé partout dans le musée, tout en vous disant  que cet endroit est quand même assez fabuleux avec son aspect d'immense cabinet de curiosités.
Quelques salles sont cependant entièrement réservées à l'artiste, en début de parcours et à la fin. Lorsque nous entrons nous tombons nez à nez avec cette photo, accompagnée de ce long texte encadré  ( 2,65m de hauteur !) :

Sous ce drap se trouve la star du musée, un ours polaire empaillé, dont chaque enfant accompagné d'un parent pourvu d'un appareil photo sera immortalisé entre ses pattes redoutables. Sophie Calle, dans un magnifique texte façon écriture spontanée, nous livre ce que cette photo lui évoque, du doudou au fantôme, du mariage à la fonte des glaces, de la peur à la douceur. de la naissance à la mort. Cette installation nous plonge d'emblée dans le monde de l'artiste, sa sensibilité, son obsession de la mort comme celle de magnifier sa vie. Artiste de l'intime, elle touche déjà notre sensibilité et nous annonce un voyage à nul autre pareil. En route pour deux heures de lecture ( oui, cette exposition est un livre ouvert), d'émotions, de légèreté ludique, joyeuse et créative, de mise en abyme de nos propres vies ou élans, de dévoilement de l'intime jamais impudique simplement magnifié par sa créativité. La vie, la mort, l'amour et la fantaisie font ici corps pour toucher au plus profond de nous. 
Je n'ai pas envie de détailler ( ce serai trop long et enlèverai l'effet de surprise aux futurs visiteurs) simplement de dire que l'exposition est multiforme, avec un côté ludique comme un jeu de piste qui tracerait un portrait intime de l'artiste. Ainsi, dans tout le premier étage, vous devez trouver 38 vrais moments intimes de la vie de Sophie Calle représentés par des objets déposés çà et là et  accompagnés d'un petit tableau fantaisie, assez  kitsch avec des animaux et dans lequel on peut lire une courte anecdote, étonnante, émouvante ou drôle ou les trois à la fois. C'est parfois incongru, d'autres fois malicieusement inséré dans une vitrine, posé sur une cheminée, accroché sur l'espagnolette d'une fenêtre. Mais Sophie ( je me permet cette familiarité car plus on avance dans l'exposition, plus elle nous semble proche) peut se révéler plus mordante comme en exposant au milieu de vieux fusils de la salle des trophées, des photos de délinquants ayant servi de cibles pour l'entraînement de policiers américains. 
Mais cette exposition se compose aussi de deux grands espaces consacrés pour le premier à la mort de son père mais aussi de son chat survenus quasiment en même temps. Sous différentes formes, vidéos, textes, photos, d'installations ( comme  ci-dessous) Sophie exprime son chagrin face au deuil, sa crise d'inspiration, le tout épaulée par les surprenantes sculptures de son invitée Serena Carone. C'est fulgurant de poésie et d'invention, ( Ah le tableau (?) de saumons, les yeux dans un mur blanc qui nous regardent jusqu'au plus profond de nous, le texto,...)
                                   Texte et mise en œuvre de Sophie Calle

La deuxième salle est plus en rapport avec la chasse avec la reprise de " La suite vénitienne " de 1980 où l'artiste traquait un inconnu dans les hôtels et les rues de Venise et une série de 12 textes sérigraphiés, retraçant à partir des petites  annonces du chasseur français ( première parution en 1885 !) jusqu'aux profils Tinder d'aujourd'hui, la femme idéale selon le mâle ( forcément chasseur de femelles). Cette suite de désirs nous brosse en creux un fabuleux portrait de l'homme cherchant chaussure à son pied, qui pourrait de prime abord apparaître drôle ( ça l'est quand même ), mais résonne un peu aigre à l'époque de "balancetonporc". Ceci dit, Sophie la malicieuse nous livre ici une merveilleuse étude sociologique et historique, allant  de l'époque de la jeune fille possédant une dot à celle qui doit avoir de beaux seins et ne pas être habillée en "Quechua". 
Dire que je suis ressorti emballé du musée de la chasse et de la nature est un doux euphémisme. Il y a des années qu'une exposition ne m'avait autant étonné, émerveillé par cette absolue liberté dans la créativité mais aussi remué intimement et surtout bouleversé jusqu'aux larmes. Alors que dire ? Foncez rue des Archives à Paris avant le 11 février 2018, vous y ferez une merveilleuse balade dans un univers personnel et intime qui est aussi un peu le vôtre...