dimanche 27 février 2022

Les poings desserrés de Kira Kovalenko


Conseiller d'aller voir en ces moments stressants un film russe peut relever soit de l'anti-patriotisme, soit d'un certain sadisme. Rien de tout cela, il s'agit de cinéma rien que de cinéma...ou presque... parce que c'est quand même  un petit  peu sadique d'envoyer voir une histoire qui se déroule en Ossétie du Nord, dans un trou sinistre et dont l'héroïne ayant subi un réel traumatisme se débat dans une vie peu enviable entourée d'hommes pas des plus sympas. 
Derrière la caméra se trouve Kira Kovalenko, compagne de Kantemir Balagov, cinéaste russe  très remarqué depuis la sortie de "Tesnota" et qui déclare que dans le couple, s'il y a un vrai cinéaste, c'est bien elle. Ce qui est certain, c'est que l'on retrouve la même fièvre à filmer des hommes et des femmes empêtrés dans des vies difficiles à cause d'un patriarcat triomphant, avec une caméra à l'épaule, un peu tremblotante, ne révélant que très peu le ciel, l'horizon. 
Découvert en festival ( prix "Un certain regard" à Cannes, prix d'interprétation féminine à Premiers Plans d'Angers), "Les poings desserrés", certes d'excellente facture, n'arrivait pas à s'extraire de ce cinéma russe un peu sinistre  qui arrive sur nos écrans ( car souvent coproduit par la France) avec un léger sentiment de déjà vu. Cependant, avec les événements actuels, le film pourrait bien prendre un aspect franchement symbolique ( qu'il avait sans doute déjà mais dorénavant démultiplié). Cette jeune Ada, meurtrie par des événements terroristes, coincée dans un environnement d'hommes qui se veulent couillus, ne serait-elle pas au final, une image de la Russie actuelle malmenée par un tyran qui pense être sévèrement burné et qui  guerroie un peu partout ? Sans rien révéler, le film, avec sa fin ouverte, son suspens à base de carte d'identité, dans une scène soudain totalement lumineuse, débridée, peut parfaitement passer pour symbolique.  Son message final devient donc peut être pas prophétique, mais au minimum plein d'espoir. 



 

vendredi 25 février 2022

Une héritière de Gabriela Manzoni


On avait connu Gabriela Manzoni avec ces inénarrables et impertinents Comics retournés" . Nous la retrouvons enfin, mais en tant qu'écrivaine d'un premier roman au titre fleurant bon le classique ou la littérature de gare ( c'est selon son imaginaire). 
Première chose, son roman, est court et en cela il est conforme aux déclarations de son héroïne Nora qui rewrite chez un éditeur : " ... si un jour je devais me mettre à l'écriture, je ferai court, ..." Cependant, cette brièveté ne semble pas un passage au lance-flammes du roman  tant l'intrigue paraît être loin  des  détournements de comics  sarcastiques qui ont fait sa ( petite) réputation.  On se dit qu'il y a peut être de l'autobiographie dans cette histoire de lycéenne qui devient la maîtresse de sa prof de philo avant de devenir, plus grande, la secrétaire à tout faire d'un éditeur connu  ( mais vraiment tout, de l'écriture jusqu'à des pipes dans des sex shops et autres fantaisies érotiques), mais allez savoir... 
C'est vrai que le roman démarre par un léger petit règlement de compte de la famille, mais en version soft, avec juste quelques petites piques pas bien méchantes. Puis arrive l'histoire d'amour avec Anna ( Berl... petit clin d'oeil à Emmanuel? ), un peu longuette ( mais oui, même dans un roman de peu de pages) pour se conclure,  peut être plus perfide ( et à clef ?) , par un portrait de l'édition où les petites mains se rebiffent contre d'autres plus baladeuses. On va retrouver cité, comme dans ses comics,  quelques Lacan ou Houellebecq, on constatera un coup de griffe ( justifié)  à nos gourous actuels Ricard et André et c'est un peu tout. 
Peut être  qu'il n'aurait pas fallu connaître ses comics ( ni avoir lu beaucoup de romans d'apprentissage) pour apprécier pleinement cette "héritière", qui se lit facilement, surfe avec l'air du temps mais s'avère être ni un pastiche, ni un nouveau détournement d'un genre bien codé ou alors de façon trop tiède.  

 

jeudi 24 février 2022

Maigret de Patrice Leconte


Quel est l'intérêt exact de refaire un Maigret au cinéma ? Redonner de l'actualité à un personnage beaucoup vu, un peu usé par les nombreuses adaptations? Relancer la vente des livres ( le fils de Georges Simenon est à la production)? L'affaire semble effectivement se tramer du côté des gros sous, tant le résultat, clinquant sur le papier ( Depardieu en Maigret, forcément génial! ) laisse quand même de marbre à l'écran. 
Evacuons d'emblée la réalisation de Patrice Leconte, il y a longtemps que son inspiration n'est plus du niveau de "Tandem" ou de " Monsieur Hire" ( d'après Simemon) . Son "Maigret", malgré une vague reconstitution des années 50 un peu plus coûteuse que dans les téléfilms, n'a rien à envier aux nombreux épisodes produits pour le petit écran et semble réalisé pour lui. Bien sûr, il y a Depardieu, imposant par sa taille, taiseux qui avance poussif dans les rues de Paris mais moins rapidement qu'une intrigue qui elle rebondit vite grâce à de grosses ficelles scénaristiques. Il a l'avantage d'avoir une aura personnelle qui lui permet d'habiter le personnage sans avoir à faire grand chose. Ca passe, mais pas de quoi non plus crier au génie. 
Alors on regarde cela sans réel déplaisir, mais sans enthousiasme non plus. Le générique de fin nous apprend que Gérard Depardieu avait un garde du corps ( ?!) et que l'on remercie Valérie Pécresse ( sans doute pour quelques autorisations de tournages dans sa région ) ... Ce sont peut être les seuls éléments un peu originaux de l'ensemble...



 

mercredi 23 février 2022

Zaï, Zaï, Zaï, Zaï de François Desagnat


Il n'est pas certains que les lecteurs de la BD de Fabcaro soient des familiers des oeuvres de François Desagnat ( "Adpote un veuf" ou "Le gendre de ma vie " pour ne citer que ses derniers films ) qui fleurent bon la comédie française vite vue ( souvent à la télé) et vite oubliée. Il n'est pas certain non plus qu'il soit le réalisateur qui vienne immédiatement à l'esprit pour adapter ce succès de librairie tant l'absurde est rare dans la comédie franchouillarde. Et pourtant, les voies du cinéma sont assez étranges pour qu'il en soit ainsi. 
Le résultat sera sans doute un peu décevant pour ceux qui ont aimé la BD, car il n'y aura plus l'effet de surprise ( sans compter qu'adapter est toujours trahir et suscite bien souvent de la déception) et déroutant pour ceux qui ne sont pas habitués à trouver du délire, de l'apparent non sens dans un cinéma sensé détendre et faire rire. 
En fait, on passe un bon moment car le film, réalisé simplement mais en restant fidèle à l'esprit de la BD, parvient à divertir malgré un rajout de personnages ( il fallait arriver à une durée de long-métrage, l'album original se lisant en 20 minutes) et de situations nouvelles. Les comédiens y sont pour beaucoup, surtout les seconds rôles, tous parfaits dans leur sérieux alors qu'autour tout est dans le délire. 
Un cran au-dessus des comédies sans saveur que l'on nous sert toutes les semaines, "Zaï, Zaï, Zaï, Zaï" fera passer un agréable moment aux fans de Fabcaro et à ceux qui n'ont pas trop peur de sortir ( un peu) des sentiers battus. 




 

mardi 22 février 2022

Sous le ciel de Koutaïssi de Alexandre Koberidze


Comment donner envie d'aller voir un premier film poétique géorgien de 2h30 ? Il n'est pas certain que ses sélections à différents grands festivals où il a reçu quelques prix ( Berlin ou Premiers Plans à Angers) y fasse grand chose, sans parler que sa nationalité ( les spectateurs sont-ils réellement curieux de découvrir via le cinéma des contrées peu fréquentées?) ni son ton poétique ( la poésie n'est guère prisée de nos jours...) soient des éléments incitatifs. 
Dire qu'il est extrêmement réussi reste subjectif, par contre annoncer l'éclosion d'un certainement futur grand cinéaste peut titiller...  et relève de l'évidence tant il est indéniable qu'apparaît sur l'écran un univers original, un regard personnel d'une douceur, d'une poésie qui en ces temps troubles fait le plus grand bien. 
L'histoire est un conte amoureux, qui pourrait être le ressort parfait d'une comédie sentimentale US, mais qui ici prend un tournant légèrement décalé, jouant sur l'indolence de l'été sur la troisième ville de Géorgie que l'on découvre aussi lors des déambulations des personnages tout en adoptant une vision simple ( pas du tout simpliste) de l'humanité. Ici les amours sont contrariées et leurs héros en sont plus résignés qu'ennuyés. Ils continuent de mener leur vie de tous les jours avec une certaine nonchalance que le regard sympathique d'un réalisateur nimbe de poésie, jouant avec de simples petits éléments narratifs et un décor intemporel. Et puis, il y a des animaux, des chiens un peu partout et des oiseaux qui, si par bonheur viennent se poser dans un plan, sont observés par une caméra qui s'attarde sur eux comme fascinée. Et puis, il y a des enfants, du football, des enfants qui jouent au football, des filles surtout... tout un monde aux joies simples, universelles, portées par la grâce d'un cinéaste qui a des choses à dire, à faire passer sans brutalité, tout en finesse. 
Aux antipodes d'un cinéma US surnumérisé, "Sous le ciel de Koutaïssi" irradie un réel charme. Certains pourront trouver cela parfois un peu long, un peu nonchalant, mais pour peu que vous vous laissiez aller à la poésie d'Alexandre Koberidze ( évidemment un nom à retenir), vous retrouvez étrangement noués, votre âme d'enfant et votre coeur de cinéphile. Un pur délice, un pur moment de grâce. 



lundi 21 février 2022

La vraie famille de Fabien Gorgeart


Il faut avoir un coeur de pierre pour ne pas être ému par cette histoire d'enfant placé dans une famille normale, aimante et qui soudain doit repartir chez un père qu'il ne connaît pas, surtout qu'ici, le petit garçon est formidablement interprété par le touchant et vrai Gabriel Pavie qui arracherait des larmes à une courgette. Nous sommes dans un mélo et le réalisateur s'est assuré la présence de l'actrice sensible par excellence, formidable Mélanie Thierry qui, en quelques secondes, peut passer du rire, au désarroi, à la déception, aux larmes avec une crédibilité étonnante. Un scénario écrit pour jouer sur les émotions et ce Stradivarius de l'interprétation suffisent-ils pour emporter le film vers le grand mélo inoubliable ? On peut en douter, tant Fabien Gorgeart abuse un peu trop de deux éléments : la musique et son actrice principale. Cette surenchère d'effets casse la dynamique du film en plaquant sur les scènes sensées émouvoir des nappes musicales surdimensionnées et en plaçant constamment la caméra au plus près de son actrice principale, pour que l'on voit bien qu'elle est gaie, puis tendre, puis qu'un voile d'inquiétude la traverse, puis la tristesse arrive puis les larmes ( avec deux options : au bord des des yeux ou qui coulent). La première fois, face à ces émotions qu'on lit sur son visage, on se dit : Woaw, quelle comédienne ! A la dixième fois, cette mécanique dramatique  fonctionne nettement moins bien même si, pour faire genre, la caméra se met en plus à tournicoter autour d'elle. Quand on en fait trop pour faire pleurnicher le spectateur, on peut rater sa cible ( n'est pas Douglas Sirk qui veut). 
Le film a pourtant quelques qualités notamment dans sa façon très naturelle de filmer une famille avec ses joies, ses mômes chiants, ses coups de gueule. Il est aidé en cela par un comédien que la performance de Mélanie Thierry n'arrive pas à éclipser. Lyes Salem est absolument parfait en père de famille aimant et attentif. Face à lui, le jeune Gabriel Pavie ( celui qui, durant tout le film, fera pleurer  Mélanie) est bluffant de naturel et arracherait aussi des larmes à une courgette. Dommage que par ailleurs, le film se noie dans une mise en scène un peu trop appuyée... 




 

dimanche 20 février 2022

La représentation de Claire Thomas


La représentation du titre est celle de la pièce de Samuel Beckett " Oh les beaux jours"  (  celle où la comédienne est enterrée au début jusqu'à mi-corps sur un monticule de terre aride). Nous sommes à Melbourne.  Une température caniculaire sévit, augmentée par la présence non loin de grands incendies. Nous serons dans la tête de trois spectatrices pour qui le texte de cette pièce va raisonner de façon profonde dans leurs esprits. 
Le roman, comme la pièce se déroule en deux actes et donc un entracte, ici malicieusement mis en texte sous forme de dialogue théâtral. Margot une septuagénaire qui s'accroche désespérément à son poste de prof de lettres à l'université y croisera Ivy, une ancienne élève boursière, quarantenaire, devenue fortunée à la suite d'un héritage inespéré. Summer, la jeune étudiante qui arrondit ses fins en étant ouvreuse dans ce théâtre, croisera aussi les deux femmes mais de façon plus anecdotique. Alors que sur la scène une comédienne joue le texte si particulier  de Beckett, les mots de cette pièce,  les sensations de la climatisation, de cet incendie qui pourrait menacer des vies ou d'un voisin ronflant copieusement agiteront les neurones de ces trois spectatrices qui, feront sans le savoir, le vouloir, une sorte de bilan de leur vie, voire du monde tel qu'il va. 
Claire Thomas, tout en douceur, réussit un pari pas vraiment gagnant sur le papier : parler de la pièce de Beckett sans ennuyer une seconde le lecteur ( voire intriguer celui, celle, qui n'a jamais vu la pièce) tout en distillant un discours féministe et écologique. Evidemment on pourra lui reprocher d'aborder une énième fois cette saison ces thèmes un peu modes que sont les femmes battues, la planète qui se meurt ou les injonctions de maternité, mais, avouons-le, c'est fait ici avec un talent certain, une façon très simple de tisser tout cela avec légèreté. 
Alors, aller au théâtre à Melbourne en compagnie de quatre femmes ( 3 narratrices mais aussi la comédienne qui nous dit de-ci de-là le texte de Beckett) peut s'avérer peu onéreux, quasi sans empreinte carbone et avec la certitude de passer un agréable moment à découvrir le deuxième roman de cette auteure australienne ( le premier n'a pas été traduit en français). 

 

vendredi 18 février 2022

After Blue, Paradis Sale de Bertrand Mandico


En quelques courts-métrages barrés et un premier long franchement réussi ( "Les garçons sauvages"), Bertrand Mandico a acquis un double statut de cinéaste/plasticien à l'univers ... disons onirique ( entre autre). 
Son deuxième long qui sort cette semaine, remet un peu les pendules à l'heure tant la proposition se révèle hors norme, déjantée, difficilement classable mais aussi longuette et hermétiquement maniérée. 
S'il fallait mettre une étiquette on pourrait lui coller celle "d'oeuvre d'art", tant la proposition s'apparente à celle d'un plasticien qui aurait pris comme toile un écran mais aussi celle de western SF érotico lesbien. On retrouve donc l'univers de Mandico, peuplée, comme dans  "Les garçons sauvages" , quasi uniquement de femmes, qu'il prend plaisir à dénuder un petit peu, qui se masturbent souvent, lancent des répliques en gémissant, le tout avec de la fumée partout. Fini le noir et blanc, voici la couleur et surtout moultes filtres colorés qui essaient de camoufler un décor, certes original, mais très bricolo/bricolette et une cohorte d'actrices au jeu très approximatif voire très mauvais. Seule Vimala Pons arrive à être impériale. On se contrefout de l'histoire. La recherche d'une dénommée Kate Bush  (pas la chanteuse ...)  sorte de beauté dénudée un peu méchante qui vit avec un homme ayant une douzaine de petits sexes genre tentacules, n'est guère originale. Les dialogues attirent un peu l'oreille car souvent décalés, voire barrés dans des sphères que l'on atteint sans doute sous crack. Sachez que les flingues se nomment Gucci ou Paul Smith, qu'il y a des monstres gluants, un troisième oeil sur le sexe de certaines femmes et que des poils leur poussent le plus souvent sur le cou. 
L'ensemble dure plus de deux heures que l'on sent passer, surtout si l'on n'est pas arrivé à entrer dans cet univers très personnel et onirique. "After Blue, Paradis Sale" est l'oeuvre d'un sans doute vrai artiste contemporain dont la proposition peut se révéler hermétique ( voire ridicule) à beaucoup. Les veinards qui pénétreront cet univers singulier y prendront beaucoup de plaisir. 



 

jeudi 17 février 2022

Un autre monde de Stéphane Brizé


Pour ce dernier volet de ce que l'on appelle désormais la trilogie sur le travail, Stéphane Brizé, son réalisateur, s'attache à suivre un directeur d'usine qui, sur ordre de sa direction générale, doit envoyer 10% de ses salariés au chômage. Passer du côté de ceux qui semblent détenir le pouvoir permet au film d'écarter ce petit hiatus de crédibilité, de sincérité,  entre l'image de star de cinéma foulant le tapis rouge de Cannes et son rôle de prolo au milieu de vrais ouvriers dans un film militant ( "La loi du marché" et "En guerre"). Cela pouvait gêner aux entournures ( comme Binoche  dans  "Ouistreham" dernièrement). Dans "Un autre monde" , rien de cela, Vincent Lindon est évidemment totalement investi dans le rôle et se trouve vraiment raccord en directeur d'entreprise. Le propos du film est bien sûr autre, nous faisant pénétrer dans la tête de quelqu'un qui se trouve face à dure réalité du monde de l'entreprise : Peut-on vivre en obéissant tout le temps à des ordres ne répondant qu'aux désirs d'actionnaires voulant encore et toujours plus d'argent ? Ou comment le capitalisme broie de l'humain, sans l'ombre d'un scrupule. Le film nous promène de réunions en réunions, avec les cadres dirigeants, avec des ouvriers, avec la direction générale. Cela peut apparaître rasoir sur le papier, c'est totalement passionnant à l'écran, la tension montant de séquences en séquences, jouant sur le pouvoir de révolte du spectateur à qui il est donné de façon très subtile les éléments qui forgeront son opinion. Les dialogues, magnifiquement écrits montrent, comment le langage eunuque employé par les directions de tous les niveaux, emballe des saloperies et des raisonnements inhumains. C'est une vraie  guerre larvée à laquelle nous assistons, faite de mots choisis, de chantages feutrés à base d'intimidation via l'argent. Se déroule à l'écran la prise de conscience d'un homme qu'une entreprise a finalement broyé ( et pas que dans son travail mais dans sa vie privée aussi, puisqu'il est en train de divorcer et voit son ado de fils péter les plombs). Le personnage de Vincent Lindon espère sans doute un autre monde, mais lequel et avec qui ? Car, tant qu'il y aura des femmes, des hommes qui accepteront de se plier à ses règles proprement inhumaines la machine n'est pas prête de se gripper. 

Cependant, et c'est l'une des deux bonnes nouvelles que nous donne quand même "Un autre monde", le film n'est pas qu'un intelligent appel à la réflexion galvanisante, mais également un vrai film de cinéma, avec un parti-pris formidable de filmer ses comédiens de très près comme pour mieux entrer dans leur tête, avec deux points forts : une scène de vente de maison absolument sublime de tact, de force, d'intensité, plan séquence d'une originalité et d'une virtuosité époustouflante qui scrute les émotions les plus subtiles et le premier rôle à l'écran de l'ex présentatrice Marie Drucker, bluffante en directrice générale France d'une multinationale. 

L'autre bonne nouvelle, le public semble se précipiter pour voir le film ( la relativement grande salle hier était quasi pleine ) mais surtout semble adhérer totalement aux propos du film en applaudissant en fin de séance. Rassurant en ces temps troubles...  Un dernier mot : "Un autre monde" est un film magnifique qu'il faut voir séance tenante ! 





mercredi 16 février 2022

Mrs March de Virginia Feito


La quatrième de couverture nous promet le meilleur. Le New-York Times a ressenti un véritable choc, le récit va nous emporter dans une "tension extrême". L'autrice est qualifiée de " digne héritière de Patricia Higsmith" ( pourtant un peu oubliée de nos jours) et l'actrice Elisabeth Moss ( "Mad Men", " The Handmaid's Tale" ) a tellement été captivée par cette histoire qu'elle en a acheté les droits d'adaptation. Parfait donc pour passer un sacré moment de lecture. 
L'histoire débute très bien ( enfin disons sur 20 pages) avec, l'héroïne, Mrs March, d'emblée antipathique. Ca change de ces oies blanches fragiles. Ici, c'est une femme issue de la grande bourgeoisie, mariée avec une sorte de Guillaume Musso américain, hautaine, dédaigneuse avec son employée de maison, bourrée de vieux principes. Elle part en vrille dès le premier chapitre avec une réflexion de sa boulangère qui a adoré le dernier best-seller de son mari et rajoutant qu'elle ressemble tellement au personnage principal du livre.... Stupéfaction de Mrs March qui blémit sous son maquillage, car son époux raconte l'histoire d'une prostituée très moche que personne ne veut utiliser. Déjà, on tique vaguement devant l'incongruité de ce départ, mais pourquoi pas ...
La suite se révèle encore moins convaincante. Alors que le lecteur a bien compris que Mrs March est un rien perchée, voire devenant petit à petit complètement folle, l'auteure, sans doute pour intriguer, perdre le lecteur dans ses convictions, s'acharne à proposer en plus un suspens auquel il est difficile de croire : Son mari ne serait-il pas un assassin machiavélique ? Sauf que ça ne fonctionne pas du tout, avec un personnage de Mr March  totalement fantomatique et pas du tout mystérieux et une avalanche de détails qui surjouent l'état de démence de plus en plus prégnant de l'héroïne. Et quand arrive la conclusion, il y a longtemps que l'on n'y croit plus et que le choc promis ( par la 4ème de couverture) fait pschitt. 
Je ne sais pas quel scénario tireront ceux qui adapteront ce roman, mais on peut déjà soupçonner le navet grotesque  qui les guette. 

 

mardi 15 février 2022

Les vedettes de Jonathan Barré


 Que dire de cette énième comédie française ? Pas pire que la plupart de celles balancées de semaine en semaine sur les écrans, pas meilleure non plus, juste une sorte de petit film vaguement sympatoche qui se regarde sans déplaisir. Grégoire Ludig et et David Marsais forment un duo de français lambdas qui se détestent au départ ( on imagine donc la fin). Pas vraiment moqueur, souvent au premier degré comme les personnages, le film avance calmement, essayant de dresser une caricature du monde de la télévision. Ce n'est pas original, sent le déjà vu, avec en prime une esthétique très télévisuelle et un humour gentil manquant un peu d'acidité. Tout flirte avant le trop peu, le pas assez, le presque trop gros, le quasiment drôle. On sourit parfois. Les comédiens ne sont pas mauvais mais jamais au niveau de grands duos comiques. On se dit qu'à la télé ça pourra faire un moment de détente un soir d'hiver mais pas plus. 

Pas déshonorant car essayant d'être vaguement critique sur le quart d'heure de célébrité  ( lorgnant parfois vers Delépine et Kervern) mais pas désopilant non plus, "Les vedettes" ne se prend pas la tête mais ne renversera pas grand monde d'admiration. 




lundi 14 février 2022

Vous ne désirez que moi de Claire Simon


Non ce n'est pas ( du tout) la comédie de la semaine, même romantique, c'est encore moins un film d'action ( pléonasme!), juste la transcription à l'écran de deux conversations d'une journaliste avec le compagnon d'une grande autrice française. Lui, c'est Yann Andréa de trente huit ans le cadet de Marguerite Duras chez qui il vit depuis deux ans. Il accepte de se livrer à Michèle Manceaux, journaliste à Marie-Claire, voisine et copine de l'écrivaine. Deux longs plans séquences composent principalement le film coupés parfois par quelques incursions en extérieur, quelques archives sur Marguerite Duras, courts extraits de films et quelques aquarelles. Quel intérêt de faire cela au cinéma, puisqu'il s'agit d'un quasi monologue ? Le théâtre n'est-il pas le lieu le plus propice pour ça ? La réponse, en voyant le film est évidente : Rendre avec autant d'intensité ce témoignage extrêmement troublant tout en sentant la présence de Marguerite Duras voire même évoquer son cinéma, son oeuvre si caractéristiques, prouve que Claire Simon a réussi parfaitement l'exercice et trouve bien sa place sur un écran. Car qui mieux qu'une caméra et un grand écran pour voir, ressentir toutes les nuances, les hésitations, les mouvements significatifs de bouche, de mains qui donnent à ce face à face toute sa force grâce à deux comédiens extraordinaires ( Une formidable Emmanuelle Devos écoute et reçoit cette confession d'un Swann Arlaud prodigieux) ? 
Evidemment le film ne se résume pas, loin de là, à une simple performance d'acteurs. Le texte de cette interview, mis en relief, parle de passion, d'amour, de possession et ne concerne pas que les fans de l'écrivaine ( même si se dresse en creux un sacré portrait). De façon certes plus intello, il fait écho au film de Carine Tardieu "Les jeunes amants" en traitant d'amours entre une femme âgée et un jeune homme, mettant en évidence de façon très douce ( aquarelles)  mais réellement frontale la sexualité quasi débridée du couple. A l'époque des faits Yann Andréa passait plutôt pour un homme de compagnie pas pour un amant surtout qu'il était homosexuel. Le témoignage relaté ici, navigue dans des zones obscures pas souvent explorées, surtout dans la bouche d'un homme, mâle qui aurait pu être dominant et qui se retrouve totalement vampirisé, modelé, façonné par Marguerite Duras. Comme il est intelligent, il sait exprimer cet état, son amour intense pour cette femme qui lui fait subir des violences conjugales ( coups donnés sous l'emprise de la boisson mais aussi emprise psychologique) qui, pour lui, pour eux, sont le résultat logique de leur passion et rend aussi bien plus flous les notions d'homosexualité, de sexe, de désir. 

Mettre en image ce texte magistral relevait de la gageure et Claire Simon réussit l'épreuve avec intensité, subtilité, épaulée par deux comédiens à tomber. Bien sûr si on ne connaît pas trop l'oeuvre de Duras, si les questionnements autour de l'amour, du sexe et la passion ne font pas partie de vos fréquentations habituelles, nul doute que vous trouverez le temps long ( moins que dans les films de Marguerite), mais le voyage vaut le coup, rien que pour Swann Arlaud qui pourrait effacer pour longtemps la vraie image de Yann Andréa, tellement il fait vivre ces ( ses) mots. 



mardi 8 février 2022

Les jeunes amants de Carine Tardieu


Le sujet, une histoire d'amour entre une femme de 70 ans et un jeunot de 45, est original et tentant. Les têtes d'affiche, Fanny Ardant et Melvil Poupaud, donnent encore plus envie de voir ce film. A l'arrivée, on est certain de n'avoir pas vu un chef d'oeuvre, ni vraiment un bon film, juste une romance sans beaucoup de relief et un peu longuette, sans doute parce que les promesses de s'emparer d'un sujet tabou ne sont pas tenues. 
Ok, ils ont 25 ans de différence mais ils s'aiment. Les deux grands acteurs font le job, mais à l'écran la passion n'explose guère. Fanny Ardant minaude comme une adolescente ( ou une jeune vierge découvrant le loup) puis devient dramatiquement sérieuse alors que Melvil Poupaud ne se pose aucun question ( en cela, c'est rafraîchissant et donne un coup de pied à tous ces acteurs mâles très vieillissants qui depuis que le cinéma existe  font craquer les jeunes premières). Hélas, le scénario, tout en essayant d'aborder vaguement la question que cette passion peu commune génère,  cherche aussi  un développement romanesque ( qui vire presque à une issue moralisatrice chrétienne du genre...ben voilà maintenant ma petite Shauna ( Fanny Ardant) t'as voulu jouir et ben tu es punie !) et donc s'égare un peu .... comme l'oeil du spectateur qui peut laisser gamberger son ( mauvais ) esprit. 
Et les questions fusent : Tiens, c'est bizarre, un oncologue ( Melvin Poupaud) réputé qui habite dans une cité HLM ( sans surloyer? ) ... Mais pourquoi Cécile de France est-elle désormais cantonnée à des seconds rôles depuis quelques temps ? ( Ceci dit, elle a peu de scènes mais est formidable comme d'ailleurs Florence Loiret-Caille et Sharif Andoura).  Mais qui l'a attifée ainsi ( vêtements aussi moches que ses lunettes et coiffure de gretchen munichoise )? Est-ce pour l'enlaidir de façon à ce que l'on croit au coup de foudre de son pimpant mari pour une femme plus âgée ( bon Fanny Ardant tout de même, pas François Meurtault ma voisine) ? Il doit y avoir un sacré budget perruques dans le film, les cheveux dégoulinent comme dans une pub L'Oréal, les débuts de calvities inexistants, ...  Sinon, nous avons aussi la preuve avec ces scènes  où l'on voit les acteurs plus jeunes que l'on peut rajeunir numériquement les visages sans que cela se voit ( sauf quand c'est Cate Blanchett qui doit exiger un lissage parfait). 

On peut donc tenter d'aller voir ces "Jeunes amants"' démontrant qu'un bel homme riche peut tomber amoureux d'un femme au bord de l'Ephad, mais, malgré l'importance des rides dans ce sujet, le film reste vraiment trop lisse pour susciter un réel intérêt. Dommage. 



 

Mainstream de Gia Coppola


Dans la famille Coppola, je demande Gia. C'est la petite fille de Francis ( que l'on en présente plus) et d'Eleanor ( aussi réalisatrice mais dont la dernière oeuvre,"Love is love is love", n'a heureusement pas trouvé le chemin de nos écrans ), la nièce de Ronan et Sofia. Elle avait déjà réalisé en 2013 un premier film  "Palo Alto" (pas vu) et nous découvrons son " Mainstream", uniquement visible en VOD qui, à première vue, n'a aucun mal à être plus intéressant que les dernières productions de sa tante. 
En abordant le sujet de la place des influenc-eurs-euses sur nos réseaux ( ici plus particulièrement sur  les chaînes You Tube), la réalisatrice plonge direct dans un sujet de société plutôt inédit à l'écran. Il semblerait qu'elle ait voulu faire une sorte de grosse critique de ce système sauf que l'on ne sait pas ce qu'il s'est passé lors de l'élaboration du scénario ou de la production, mais le film rate pas mal sa cible. 
En gros, c'est l'histoire d'une jeune serveuse vidéaste en recherche de notoriété.  Un jour, elle croise un histrion qu'elle va filmer ingénument mais qui, en se positionnant comme un homme vrai et critique du système, va vite devenir un vedette du net. 
Parti de rien, il arrive au sommet pour mieux retomber ensuite, le scénario n'est pas nouveau, en rappelle beaucoup et ici, prend vite l'allure d'une chose foutraque mal fichue et au final presque pire que ce qu'elle est censée dénoncer. La faute sans doute à un personnage principal sans réelle psychologie sauf celle d'offrir à Andrew Garfield ( également producteur du film) l'occasion de faire un numéro hystérique vite lassant. On ne croit jamais à son personnage dont la supposée normalité critique est constamment contredite par une mise en scène clinquante et cherchant à imiter le rythme de pastilles vidéos en imposant une musique pop naze, des incrustations débiles. Le film ne dénonce rien, est faussement ambiguë et achève de se noyer en y intégrant une amourette niaise au possible.
La première vue qui nous faisait penser que la nièce se hissait au-dessus de sa tante tombe bien vite et confirme que la famille Coppola enchaîne depuis quelques années les nanars improbables. 

 

lundi 7 février 2022

Les nus d'hersanghem de Isabelle Dangy


Loin des sujets à la mode ( ceux censés faire vendre et montrer combien un auteur est de son temps...donc en ce moment, l'inceste, la violence faite aux femmes, les migrants), il est bon de trouver un roman ambitieux loin de ces terrains par trop labourés. En fait" Les nus d'hersanghem" apparaît comme une vraie pépite originale, ambitieuse, passionnante, que l'on lit d'une traite mais que l'on regrette de quitter. 
Isabelle Dangy n'a pas écrit un essai sur Georges Perec pour rien, tant son deuxième roman pourrait tout à fait être un hommage au grand écrivain, évidemment à "La vie mode d'emploi" en plus court et beaucoup facile d'accès. Cette façon de nous faire pénétrer dans une ville par ses bâtiments et les personnes qu'ils renferment y fait fortement pensé. 
Hersanghem, ne cherchez pas, n'existe pas. C'est une création de l'auteure et ça pourrait être n'importe quelle ville de France. Sans doute au moins une grosse sous-préfecture ( elle possède un  tribunal), la ville nous est présentée par une belle journée d'été, un jour de grande braderie. On la sent assez touristique grâce à un certain patrimoine historique, cerclée de vignes, un peu touristique, essayant de s'ouvrir vers la modernité et renfermant quelques secrets. Nous naviguons au gré des envies de la narratrice, de la piscine  municipale à la pharmacie vieillotte tenue pas deux soeurs, de l'imposante bâtisse moderne noire qu'est le tribunal au parking souterrain de la grande place ( noire elle aussi). On y rencontre des habitants dont nous connaîtrons quelques moments cruciaux de leur vie mais aussi leurs pensées. Chacun est un petit roman à lui tout seul et peu importe que l'on saute de l'un à l'autre au gré de la fantaisie d'Isabelle Dangy, tout est parlant, intriguant, passionnant. On pourra les recroiser quelques pages plus loin, car, bien qu'illustrant parfaitement cette ultra moderne solitude actuelle, ils ont quand même quelques interférences sociales. 
Ce qui pourrait s'apparenter à une sorte de guide touristique endiablé qui n'oublie pas les habitants de la ville qu'il décrit, se double d'un petit suspens évoqué à la fin de chaque description de lieu mais surtout se triple d'un défi oulipien ( qui donne le titre au roman). En effet, dans chaque chapitre, il y aura au moins  un personnage nu, que ce soit un dessin sur un mur, une jeune fille se rhabillant dans un cabine de la piscine municipale, un mort sur sa table de thanatopraxie, une dame attendant ses invités pour fêter son anniversaire de façon libertine, ... Et comme Isabelle Dangy à de l'imagination à revendre, disons que cette nudité va crescendo... 
Vous l'aurez compris, il n'y a pas que Houellebecq ou Lemaître en ce moment, il y a ce formidable roman ludique et remarquablement bien écrit,  classiquement certes, mais dans une langue, légère, précise et toujours un poil humoristique. Cela aurait pu s'intituler "La ville mode d'emploi", mais tel que titré, " Les nus d'hersanghem" se révèle comme la pépite de cette rentrée qui, espérons-le, trouvera le public qu'il mérite! 

 

samedi 5 février 2022

Red Rocket de Sean Baker

 


Regardez bien l'affiche de ce nouveau film de Sean Baker, elle est l'archétype de ce qu'un distributeur peut produire dans l'intention de ratisser large. Passons sur les qualificatifs, les superlatifs ...Qui les lit de nos jours ? Peut être que s'il était écrit NUL ou Le PIRE FILM DE L'ANNEE, cela attirerait l'oeil, mais ici, c'est tellement habituel que, malgré qu'ils occupent la moitié de l'espace et qu'ils soient écrits en rose, on n'est plus focalisé sur le donut et l'homme nu qui est enfilé dans son trou... Vous voyez la métaphore ? On se dit, mmm du beau mâle à poil, du sexe sans doute... ça ne doit pas être pas mal pour passer un bon moment... ( surtout que la promo remet en lien le début de carrière de l'acteur principal, Simon Rex, dans le porno gay). Ceux qui se retrouveront devant le film risquent de déchanter. Si certes, Simon Rex a une scène où il court nu, sexe et fesses à l'air et une ou deux autres rapides pour un coït vite fait, bien fait, nous sommes bien dans une production US indépendante, certes seul cinéma américain à oser montrer des poils pubiens mais, seul endroit aussi à essayer de nous dresser un portrait rarement aimable des fins fonds des Etats Unis. 
"Red Rocket", évidemment sélectionné à Deauville ( spécialiste du film de terroir étatsunien), nous amène dans une banlieue texane à l'ombre d'une usine aux nombreuses cheminées dont on peut deviner qu'elles ne crachent pas autre chose que de nocives et/ou odorantes fumées. Le personnage principal ( comme dans un film sur deux de ce genre)  revient après avoir raté sa carrière dans une grande ville ( ici Los Angeles et un emploi dans le porno). Il se réfugie chez son ex femme ( héroïnomane, et ne foutant rien) dans une petite maison un peu délabrée comme la belle-mère qui y vit aussi, scotchée devant la télé. Il se nomme Mikey, a moins de jugeote que son célèbre homonyme ( mais une vie sexuelle) et rencontre une jeune Minnie de 17 ans ( en fait surnommée Strawberry... peut être à l'origine de cette débauche de rose sur l'affiche). Rien d'original dans le scénario, comme un copié-collé de tout un tas d'autres productions du même acabit. 
L'intérêt du film vient surtout de l'interprétation de Simon Rex, dont l'abattage est plus qu'évident. Il monopolise l'écran avec une énergie à la fois bluffante mais aussi agaçante, tellement son personnage de glandeur totalement barré devient au fil du temps de plus en plus antipathique ( mais un personnage principal peut être détestable). A cela s'ajoute une mise en scène jouant sur cette énergie, faisant surgir Mikey de tous les coins de l'écran et jouant également avec des couleurs criardes et chaudes des lieux d'habitation qui semblent posés comme des maisons témoins ou dans une sorte de no man's land étrange pour un secteur si industriel. On sait gré au metteur en scène de ne pas avoir voulu faire vivre ses personnages dans un décor glauque et grisâtre ( comme souvent). 
Seulement, le film dure plus de deux heures, avec un scénario pas bien touffu .... Et malgré l'énergie développée, ça tourne quand même un peu en rond et l'on se dit, tout ça pour ça... Est-ce que cela vaut bien le coup ? Même s'il renouvelle un peu le genre du film de retour au terroir tellement prisé dans ces productions de ciné indé étatsunien, "Red Rocket" ne parvient pas à passionner, juste à essayer de tapiner un maximum de spectateurs ... assez incrédules, faut bien le dire.