Conseiller d'aller voir en ces moments stressants un film russe peut relever soit de l'anti-patriotisme, soit d'un certain sadisme. Rien de tout cela, il s'agit de cinéma rien que de cinéma...ou presque... parce que c'est quand même un petit peu sadique d'envoyer voir une histoire qui se déroule en Ossétie du Nord, dans un trou sinistre et dont l'héroïne ayant subi un réel traumatisme se débat dans une vie peu enviable entourée d'hommes pas des plus sympas.
Derrière la caméra se trouve Kira Kovalenko, compagne de Kantemir Balagov, cinéaste russe très remarqué depuis la sortie de "Tesnota" et qui déclare que dans le couple, s'il y a un vrai cinéaste, c'est bien elle. Ce qui est certain, c'est que l'on retrouve la même fièvre à filmer des hommes et des femmes empêtrés dans des vies difficiles à cause d'un patriarcat triomphant, avec une caméra à l'épaule, un peu tremblotante, ne révélant que très peu le ciel, l'horizon.
Découvert en festival ( prix "Un certain regard" à Cannes, prix d'interprétation féminine à Premiers Plans d'Angers), "Les poings desserrés", certes d'excellente facture, n'arrivait pas à s'extraire de ce cinéma russe un peu sinistre qui arrive sur nos écrans ( car souvent coproduit par la France) avec un léger sentiment de déjà vu. Cependant, avec les événements actuels, le film pourrait bien prendre un aspect franchement symbolique ( qu'il avait sans doute déjà mais dorénavant démultiplié). Cette jeune Ada, meurtrie par des événements terroristes, coincée dans un environnement d'hommes qui se veulent couillus, ne serait-elle pas au final, une image de la Russie actuelle malmenée par un tyran qui pense être sévèrement burné et qui guerroie un peu partout ? Sans rien révéler, le film, avec sa fin ouverte, son suspens à base de carte d'identité, dans une scène soudain totalement lumineuse, débridée, peut parfaitement passer pour symbolique. Son message final devient donc peut être pas prophétique, mais au minimum plein d'espoir.
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