samedi 5 février 2022

Red Rocket de Sean Baker

 


Regardez bien l'affiche de ce nouveau film de Sean Baker, elle est l'archétype de ce qu'un distributeur peut produire dans l'intention de ratisser large. Passons sur les qualificatifs, les superlatifs ...Qui les lit de nos jours ? Peut être que s'il était écrit NUL ou Le PIRE FILM DE L'ANNEE, cela attirerait l'oeil, mais ici, c'est tellement habituel que, malgré qu'ils occupent la moitié de l'espace et qu'ils soient écrits en rose, on n'est plus focalisé sur le donut et l'homme nu qui est enfilé dans son trou... Vous voyez la métaphore ? On se dit, mmm du beau mâle à poil, du sexe sans doute... ça ne doit pas être pas mal pour passer un bon moment... ( surtout que la promo remet en lien le début de carrière de l'acteur principal, Simon Rex, dans le porno gay). Ceux qui se retrouveront devant le film risquent de déchanter. Si certes, Simon Rex a une scène où il court nu, sexe et fesses à l'air et une ou deux autres rapides pour un coït vite fait, bien fait, nous sommes bien dans une production US indépendante, certes seul cinéma américain à oser montrer des poils pubiens mais, seul endroit aussi à essayer de nous dresser un portrait rarement aimable des fins fonds des Etats Unis. 
"Red Rocket", évidemment sélectionné à Deauville ( spécialiste du film de terroir étatsunien), nous amène dans une banlieue texane à l'ombre d'une usine aux nombreuses cheminées dont on peut deviner qu'elles ne crachent pas autre chose que de nocives et/ou odorantes fumées. Le personnage principal ( comme dans un film sur deux de ce genre)  revient après avoir raté sa carrière dans une grande ville ( ici Los Angeles et un emploi dans le porno). Il se réfugie chez son ex femme ( héroïnomane, et ne foutant rien) dans une petite maison un peu délabrée comme la belle-mère qui y vit aussi, scotchée devant la télé. Il se nomme Mikey, a moins de jugeote que son célèbre homonyme ( mais une vie sexuelle) et rencontre une jeune Minnie de 17 ans ( en fait surnommée Strawberry... peut être à l'origine de cette débauche de rose sur l'affiche). Rien d'original dans le scénario, comme un copié-collé de tout un tas d'autres productions du même acabit. 
L'intérêt du film vient surtout de l'interprétation de Simon Rex, dont l'abattage est plus qu'évident. Il monopolise l'écran avec une énergie à la fois bluffante mais aussi agaçante, tellement son personnage de glandeur totalement barré devient au fil du temps de plus en plus antipathique ( mais un personnage principal peut être détestable). A cela s'ajoute une mise en scène jouant sur cette énergie, faisant surgir Mikey de tous les coins de l'écran et jouant également avec des couleurs criardes et chaudes des lieux d'habitation qui semblent posés comme des maisons témoins ou dans une sorte de no man's land étrange pour un secteur si industriel. On sait gré au metteur en scène de ne pas avoir voulu faire vivre ses personnages dans un décor glauque et grisâtre ( comme souvent). 
Seulement, le film dure plus de deux heures, avec un scénario pas bien touffu .... Et malgré l'énergie développée, ça tourne quand même un peu en rond et l'on se dit, tout ça pour ça... Est-ce que cela vaut bien le coup ? Même s'il renouvelle un peu le genre du film de retour au terroir tellement prisé dans ces productions de ciné indé étatsunien, "Red Rocket" ne parvient pas à passionner, juste à essayer de tapiner un maximum de spectateurs ... assez incrédules, faut bien le dire. 



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