dimanche 30 octobre 2011

L'exercice de l'état de Pierre Schoeller

En sortant de la projection de "L'exercice de l'état", j'ai eu l'impression d'avoir passer 1h50 à l'intérieur de l'habitacle d'une formule 1. Non pas que le héros du film, le ministre des transports, Mr Saint Jean (interprété par Olivier Gourmet), soit un champion de la conduite ministérielle mais, le rythme et la tension dans lesquels nous portent le film sont aussi intenses que 60 tours du circuit de Monaco à 350 à l'heure.
Servir l'état est loin de tout repos surtout quand s'y ajoutent l'ambition, l'humiliation et le sacrifice.
Ce film nous plonge au coeur de la machine d'état dans une fiction qui fait froid dans le dos. Nous assistons aux journées d'un ministre, toujours sur la brèche, materné par une conseillère en communication et drivé par un directeur de cabinet et de ses adjoints qui s'occupent de tout et même du reste. Toujours entre deux rendez-vous ou vingt SMS, le ministre navigue à vue, donnant des ordres, trouvant une solution à tout problème mais risquant à tout moment la sortie de route. La route d'un ministre est semée d'embûches, de couleuvres qui traversent et qu'il faut bien avaler, de loups aux dents longues qui se mettent en travers de votre trajectoire et qu'il faut bien éviter. Evidemment, le conducteur/ministre est accompagné d'une foultitude de techniciens auxquels il faut bien accorder sa confiance ou bien virer dès qu'une faille se présente.
Mais le pouvoir (ou plutôt l'exercice d'un pseudo pouvoir) est comme une route verglacée, on risque le décor à chaque instant.
C'est cette tension qui est remarquablement décrite dans ce film, accumulant détails du quotidien ministériel, petites phrases assassines et tensions sous les dorures de nos palais républicains et donnant ainsi une richesse de lecture tout à fait stimulante. Du coup, la privatisation des gares françaises nous passionne comme dans un vrai thriller, c'est un peu désespérant mais totalement fascinant.

samedi 29 octobre 2011

Alex Beaupain en concert

Quand on va voir le concert d'un chanteur qu'on aime, on espère toujours éprouver un supplément d'émotion par rapport au disque. On espère également que la voix du chanteur sera à la hauteur, qu'en fait il sait vraiment chanter.
J'avoue avoir été un peu inquiet pour le spectacle d'Alex Beaupain. Son répertoire de chansons pops un peu dépressives, tournant autour de la mort de sa copine, passerait-il la rampe? Et sa voix, en live, assurée, juste? Et sa présence sur scène, toute empreinte de trac comme dans ses premiers concerts où il était arrimé à son micro comme le capitaine d'un bateau à son mât au moment du naufrage?
Au final, nous avons eu droit à un concert parfait. Alex Beaupain, entouré d'un batteur, d'un clavier, d'une guitare basse et d'une violoncelliste, a été plus qu'à la hauteur, il a prouvé qu'il se positionnait comme un des grands de la chanson française.
On a senti qu'il était très à l'aise sur la scène, présentant ses chansons avec un humour décapant et improvisé, jouant avec le public et l'actualité du jour. Fort de la reprise de sa chanson 'Au départ" dans les meetings de Martine Aubry, il se pose entre deux chansons post libération sexuelle, en ami d'une gauche revendicative.
La voix, sans être exceptionnelle, était claire et a servi parfaitement son répertoire intimiste ( à noter une jolie reprise du "pull marine" d'Adjani).
Après deux rappels, nous avons retrouvé nos vies avec une pêche d'enfer et la sensation d'avoir passé une excellente soirée en compagnie d'une personne qu'on est sûr de retrouver très vite sur scène ou sur disque.
                                            Pourquoi battait mon coeur (live) Alex Beaupain

vendredi 28 octobre 2011

Les ignorants d'Etienne Davodeau

J'ai trouvé le cadeau idéal pour Noël prochain ! Fini d'offrir le dernier Goncourt à ma belle soeur et une bouteille de très bon vin à mon frère. Cette année, je ferai l'alliance des deux et j'offrirai mon Goncourt à moi, une bande dessinée : "Les ignorants" d'Etienne Davodeau!
Tout d'abord, c'est un très bel objet : beau papier avec même un tranchefile (petit liseré de tissu au niveau de la reliure) comme dans les beaux livres et une magnifique illustration de couverture dans les tons gris/brun du meilleur effet.
Mais, comme pour les bons vins, le meilleur est à l'intérieur.
C'est le récit de deux initiations croisées durant un peu plus d'une année. Etienne Davodeau va travailler dans les vignes et le chai de son ami Richard Leroy qui, lui, devra découvrir le monde de la bande dessinée.
A priori, le postulat de départ ne semble pas passionnant, mais c'est sans compter le génie de l'auteur pour nous embarquer dans ce voyage initiatique.
Un voyage de 270 pages où le lecteur ne peut s'arracher à sa lecture et d'où il ressortira enrichi.
Au fil des rencontres des amis auteurs de Davodeau qui nous dévoilent leurs secrets de création et des amis vignerons de Leroy avec qui on débouche de bonnes bouteilles, j'ai été transporté dans deux mondes finalement pas si différents. Avec passion, les deux hommes sont des artistes de haute volée, qui, chacun dans leur coin, essayent de donner le meilleur d'eux même et dont les créations ont le pouvoir de rapprocher les humains.
Etienne Davodeau, au sommet de son art, nous livre le récit joyeux et serein d'une rencontre qui, grâce à son humanité et sa tendresse, offre à ses lecteurs le plaisir d'une lecture aussi riche et savoureuse qu'une bouteille de très grand vin. On pourra aussi trouver, en creux, la vision rassurante d'un monde de passions qui tourne le dos au libéralisme galopant en osant le partage sans réserve.

jeudi 27 octobre 2011

Une fois encore ! d'Emily Gravett

Emily Gravett en quelques albums s'est imposée comme une des grandes auteures pour la jeunesse. Son nouvel opus ne fait que confirmer son immense talent.
Quand un auteur allie imagination débridée, sens  de l'humour dévastateur, coup de crayon talentueux, créativité, originalité et envie de donner du plaisir à tous ses lecteurs, votre regard se dirige obligatoirement vers cette jeune britannique dont les éditions Kaléidoscope publient ce mois-ci "Une fois encore", qui est, il faut le dire, une vraie réussite.
Sur un thème bien connu des parents, la lecture d'un album au moment du coucher, Emily Gravett nous en donne une vision jubilatoire. Les enfants vont aimer cet album à la fois pour sa tendresse, sa drôlerie, son côté ludique et bien sûr pour son héros qui est un dragon malicieux. Les parents vont adorer les innombrables clins d'oeil qui leur sont adressés et qu'ils découvriront même après 20 lectures.
Et je ne vous raconte pas la fin, un vrai gag digne d'une super production hollywoodienne ! Un conseil, la première fois, ne regardez surtout pas la quatrième de couverture.
Un grand album qui restera dans la bibliothèque de votre enfant toute sa vie, en souvenir du plaisir pris durant ses nombreuses lectures.


Une fois encore ! d'Emily Gravett aux éditions Kaléidoscope  15€ A partir de 4 ans

mercredi 26 octobre 2011

Polisse de Maïwenn

Je crache le morceau tout de suite car je suis prêt à affronter la vindicte populaire : je n'ai pas beaucoup aimé le nouveau film de Maïwenn.
"-Pas possible! me diront les 200 personnes qui ont pleuré, sursauté, retenu une exclamation durant la projection du chef d'oeuvre, hier soir à la séance de 19 h, tu as le coeur sec, tu ne peux pas rester de marbre devant un tel film reconnu par toute la presse."
"- Comment peux-tu ne pas être ému par toute cette détresse, par ces vies sacrifiées, ces enfants bousillés? me demandent mes ados, à la maison, pour qui le film est déjà culte."
Hé bien, NON, je ne rejoindrai pas la foule pleurante et émue. Certes, j'ai apprécié les acteurs (surtout Karin Viard et Marina Foïs, impressionnantes) tous parfaits, formant une troupe homogène et donnant au film une colonne vertébrale que le scénario n'arrive pas à donner. Car c'est là où le bât blesse, le scénar ! La réalisatrice en est l'auteur et précise partout que tous les cas évoqués sont réels.
Effectivement, les affaires traitées sont exemplaires et prises séparément, émouvantes mais hélas jamais traitées jusqu'au bout. Quid de l'enfant malien et de sa mère ? Et la suite de l'affaire des grands bourgeois ? On ne saura jamais comment fini l'enquête. Et les enfants roms?
Ces mêmes affaires, confrontées à ces policiers qui sont des clichés ambulants (l'intello, la beur, la poivrote, ...), perdent de leur force car elles semblent servir systématiquement de caisse de résonance aux problèmes des différents membres de cette brigade des mineurs.
Si connaître un peu de l'intimité de ces policiers au boulot prenant et difficile s'avère intéressante, la présence de la réalisatrice en reporter-photographe séduite par l'un des membres de la brigade est ici traitée sur le mode nunuche et plombe sérieusement la tension du film.
Pour conclure, "Polisse" n'est pas un navet car il se dégage tout de même une réelle humanité, une furieuse envie de témoigner totalement salutaire et par moment un réel talent de mise en scène.
Cependant, Maïwenn et sa scénariste Emmanuelle Bercot auraient pu croire en l'intelligence du spectateur en resserrant leur sujet sans avoir recours à des artifices dignes d'un vulgaire téléfilm de TF1.

mardi 25 octobre 2011

Joseph avait un petit manteau de Simms Taback

Une jeune maison d'édition, les éditions du Genévrier, a décidé de s'attaquer à la publication d'ouvrages Etats-Uniens inédits en France et ayant reçu le prix Aldecott. Ce prix est décerné depuis 1938 par l'Association des bibliothécaires américains pour la jeunesse.
Depuis le printemps dernier une petite dizaine d'albums sont arrivés sur les tables des libraires, remarquables par leur allure un peu surannée.
Cette semaine est sorti un petit bijou datée de 1999 et qui a pour titre "Joseph avait un petit manteau".
L'auteur, Simms Taback, est, semble-t-il, spécialisé dans le livre à trous, genre à part entière si l'on en juge par le nombre de publications utilisant ce procédé qui plaît tant aux petits (et aux grands...).
Ce petit conte philosophique est inspiré par une chanson yiddish que l'on trouve à la fin de l'album.
Joseph, le héros, a un manteau vieux et râpé et va en faire une veste qui, à son tour sera vieille et râpée et deviendra autre chose jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Et même avec ce rien, Joseph fera quelque chose!!!!
Les illustration très colorées, un brin naïves, rehaussées par des collages de tissu ou de photos donnent une ambiance très Europe de l'Est à cette histoire anti gaspillage. Les trous sont ici utilisés de façon très ludiques et avec beaucoup d'intelligence, amenant le jeune lecteur à mieux appréhender la morale de cet album salutaire en ces temps d'hyper consommation.
Vous l'avez compris, pour moi, c'est le coup de coeur de cette rentrée qui m'amènera par la suite à suivre de très près les prochaines publications de cette jeune maison d'édition.
Joseph avait un petit manteau de Simms Taback édité par Le Genévrier 17€. A partir de 3 ans.

L'envie de Sophie Fontanel

Il y a des moments où je me demande si je sais lire...  Cette réflexion me vient après la lecture de "L'envie" de Sophie Fontanel, livre dont on a beaucoup parlé cette rentrée. Beaucoup ont salué le culot de la part de l'auteur de traiter un sujet aussi sensible que la perte d'envie de  faire l'amour et de l'ostracisme que cela induit. Certains ont été touchés par cette confession intime et impudique. D'autres ont admiré la démarche et la sensibilité.
Moi je n'ai rien vu de tout cela. Tout d'abord le sujet n'est qu'effleuré, cette perte d'envie de faire l'amour sert très souvent de prétexte à nous présenter des personnages empêtrés dans des problèmes d'ordres sexuels qui les rendent forcément malheureux et qui devraient au contraire rassurer la narratrice quant à son choix. Et puis, cette perte d'envie n'est jamais analysée. Pourquoi en est-elle arrivé là? On saura juste, furtivement, qu'elle se donnait à des partenaires juste par obligation, peut être pour faire comme tout le monde. On ne mesure pas exactement combien cela aura duré ni si cela lui pèse vraiment car au bout du compte, je trouve qu'elle en tire un sacré profit. Il faut voir la manière dont elle observe le monde et combien elle est attentive aux autres.
Mais, le pire dans ce livre pour moi est ailleurs. Mme Fontanel n'a plus envie de faire l'amour,  on est d'accord et je me dis pourquoi pas? Où est le scandale? Chacun fait ce qu'il veut avec ses fesses.
Mais, il semblerait que dans le milieu extrêmement privilégié dans lequel évolue l'auteur, cela soit une autre histoire. Le sexe, les rencontres, la drague sont quasiment leurs seuls centres d'intêret. Toutes ses anecdotes de chef d'entreprise, d'acteurs, de mannequins, de grands bourgeois, qui parlent pipe en hurlant dans les rayons du Monoprix, avalent du Viagra comme d'autres de l'aspirine et bien sûr passent leur temps en Grèce, à Venise ou à Deauville, m'ont un peu agacé et surtout pas vraiment intéressé. Vous rajoutez à cela le désir de Mme Fontanel de vouloir faire oublier à tout prix qu'elle est l'auteur de Fonelle, chronique ultra légère du magazine Elle, encombrant ainsi son récit de phrases aux tournures alambiquées, pseudo-littéraires qui quelquefois sonnent plus creux que justes. Vous obtenez un livre mode, au thème idéal pour des articles dans la presse féminine et encensé par tout la gent journalistique qui se fait un plaisir de promouvoir une bonne copine.
En temps normal, j'aime bien les articles plein d'humour de Sophie Fontanel mais ici, voulant faire sérieuse, elle passe, hélas, à côté d'un sujet original. Mais peut être que cette abstinence voulue est encore trop taboue pour nous humains, obsédés de sexe?
L'envie de Sophie Fontanel édité par Robert Laffont 17€

dimanche 23 octobre 2011

La chambre à remonter le temps de Benjamin Berton

Voilà un roman que je n'avais pas envie de lire à cause de son titre, un peu trop fantastique à mon goût (je n'adhère pas du tout au genre), mais le résumé mis en ligne sur le site de l'éditeur Gallimard, laissait présager autre chose qu'une évocation de l'univers de Welles. Détail intéressant, l'action se situe dans ma ville et qui plus est, dans mon quartier.
L'histoire est banale. Un couple de trentenaire, gentiment bobo, s'installe pour des raisons de commodité dans une petite maison tranquille au Mans. L'ennui s'installe progressivement dans la vie de ce couple malgré l'arrivée d'une petite fille. Le narrateur, voulant mettre un peu de piment dans son quotidien, se joint à un groupe de voisins qui zonent la nuit pour protéger leur quartier du vandalisme.
Et la chambre du titre me direz-vous? Elle existe bien sûr car notre héros va s'en servir pour voyager dans un futur ou un passé proche notamment pour assouvir un petit fantasme extra conjugal.
Au final, j'ai beaucoup apprécié la description de la vie de ces trentenaires. Benjamin Berton n'est pas un écrivain aimable, il parle sans fard, sans concession, avec la précision d'un entomologiste, montrant du doigt les vilaines petites choses, les rancoeurs. Son héros, qui est loin d'en être un, n'est pas vraiment sympathique, tout à tour méprisant, lâche, misanthrope, il se débat dans un quotidien qu'il exècre de plus en plus. Mais, malgré tout, on le suit dans son parcours grâce à une très belle écriture, car, ici, on a affaire à un vrai écrivain. On est très loin de Mme Pancol, plus près de Michel Houellebecq.
La lecture de ce livre est hautement recommandée pour la pertinence et l'acuité de ce portrait de la vie dans ce début de 21ème siècle.
Et la chambre du titre me redemandez-vous? Heureusement pour moi, elle n'occupe que le quart de l'action, donnant un petit côté fantastique pas vraiment désagréable dans cet univers si étriqué  mais qui, à mon avis, n'est pas la partie la plus réussie.
Pour conclure, je ne résiste pas au plaisir de vous faire lire un de ces nombreux paragraphes grinçants qui jalonnent ce livre et qui vous fera peut être comprendre pourquoi il est peu probable que Benjamin Berton reçoivent, un jour, une médaille des mains du maire du Mans.
"A la fin du mois d'août, nous (...) reprîmes la direction du Mans. L'entrée dans la cité cénomane, même après des semaines de pluie, n'était pas réjouissante. Les faubourgs de la ville étaient d'une laideur spectaculaire. Elle vous tombait dessus comme la lame d'une guillotine. Les maisons étaient grises et mal conçues. Les immeubles étaient anciens et mal bâtis. Si le centre-ville était à sa manière agréable et plutôt bien entretenu, la banlieue était dédiée au commerce et aux habitations de seconde zone. J'avais l'impression parfois qu'on avait confié pendant des années la politique d'urbanisme à l'un de ces types décérébrés qui passent leur temps à construire des cabanes en tôle dans leur arrière-cour pour y accumuler des bouts de ferraille et des carcasses de voitures au cas où ils serviraient un jour. (...) Les arbres étaient taillés par des jardiniers qui coupaient les cheveux des taulards en temps ordinaire. Les cimes pelées ressemblaient à des brocolis géants. Les plantations étaient sèches comme de la paille de fer."
Et la vie du couple est traité de la même manière....

jeudi 20 octobre 2011

Cyril Mokaïesh en concert

Son premier disque sorti au printemps dernier a été pour moi un coup de coeur malgré une production un peu grandiloquente. Cet automne, il était finaliste du prix Constantin, ce qui est déjà la preuve que ses compositions ont attiré l'oreille des professionnels. C'est donc avec curiosité que j'ai assisté à son concert hier soir dans une petite salle, à moitié pleine et avec un public qui ne le connaissait pas vraiment ou pas du tout.
C'est seul avec sa pianiste, une belle énergie et un beau culot que Cyril Mokaïesh a débuté son concert en piano voix avec "du rouge et des passions", chanson inspirée par Léo Ferré. Puis, accompagné de ses musiciens, se sont enchaînées les titres de son album qui, sur scène, prennent évidemment une autre dimension, car débarrassées des arrangements un peu lourds du disque. Cependant, on a bien senti que durant la première moitié du concert, le chanteur manquait un peu d'assurance devant ce public à conquérir, il n'y avait pas dans la salle assez de fans pour le soutenir. Mais le concert a pris bonne tournure au moment où, seul devant le micro, Cyril Mokaïesh nous a récité/joué un poème, avec une sincérité qui le mettait quasiment à nu, devant un public soudain très attentif. En enchaînant avec des titres plus pêchus, puis une reprise musclée de Marc Lavoine pour terminer par le fameux "Communiste",  la salle a été emportée et conquise si j'en juge par les commentaires des spectateurs autour de moi.
Pour moi ce fut une belle soirée, Cyril Mokaïesh est encore jeune, mais a un énorme potentiel et l'on va sûrement le voir décoller dans les années qui viennent. En plus, ce jeune homme, au physique plus qu'avantageux, est vraiment sympathique, ouvert. Il a échangé de manière spontanée avec les spectateurs à l'issu de son concert, montrant ainsi que la sincérité se dégageant de ses chansons n'est pas une posture et que l'humanité que l'on a ressenti au travers de ses compositions est tout simplement l'émanation d'un belle personne.
Et cliquez sur le lien pour le live de Cyril Mokaiesh dans l'émission taratata du 14 octobre dernier :

http://video.mytaratata.com/video/iLyROoaf2nuR.html

mercredi 19 octobre 2011

Une chanson d'ours de Benjamin Chaud

Vous connaissez Charlie? Vos enfants aiment le rechercher de page en page? Vous trouvez que Charlie c'est sympa mais pas vraiment littéraire? Alors ouvrez "Une chanson d'ours" de Benjamin Chaud édité chez Hélium et vous aurez le bonheur de lire une histoire originale tout en cherchant un adorable petit ours perdu dans l'opéra de Paris!
En lisant cet album grand format aux illustrations foisonnantes et drôles, vous saurez ce qu'il arrive à un petit ours qui suit sans réfléchir une abeille et surtout à son pauvre père, sur le point d'hiberner, qui recherche son fils et qui sera amené à chanter sur la scène de l'opéra Garnier.
Benjamin Chaud, illustrateur des aventures de Pomelo, nous offre un album d'une grande fraîcheur, aux couleurs automnales et qui mélange très habilement une bonne histoire avec un jeu de recherche.
En fermant le livre, je me suis pris à rêver que ces ours pourraient très bien vivre, pour notre plus grand plaisir,  de nouvelles aventures comme leur lointain cousin Charlie.
                          Une chanson d'ours de Benjamin Chaud édité chez Hélium (14,90€) A partir de 3 ans.

lundi 17 octobre 2011

Chanson de la semaine : Avant la haine par Alex Beaupain et Camélia Jordana

Extrait du dernier album d'Alex Beaupain, ce duo avec Camélia Jordana est en fait la reprise d'une chanson entendue dans le film de Christophe Honoré "Dans Paris", interprétée à l'époque par Romain Duris et Joanna Preiss.
La mise en avant de ce très beau titre est accompagnée par  un clip réalisé par Christophe Honoré. La classe!

dimanche 16 octobre 2011

The artist de Michel Hazanavicius




Ce film hommage au cinéma muet hollywoodien qui est paraît-il programmé pour cartonner aux Etats-Unis m'a, avouons-le, un peu déçu.
Pourtant tout y est, pour satisfaire le spectateur : un acteur populaire, au sommet de la gloire, un réalisateur habile, habitué aux films hommages, un film original et gonflé, en noir et blanc et muet, à l'époque de la 3D omniprésente. Malgré cela, je suis resté sur ma faim.
 Le film démarre plutôt bien, le réalisateur  joue habilement avec le son et la capacité des spectateurs actuels à jouer du clin d'oeil et de l'ellipse. Cette première partant nous montrant un acteur de cinéma muet, adulé et séducteur, est un joyeux mélange de comédie et de clin d'oeil. Jean Dujardin est parfait avec sa petite moustache fine à la Douglas Fairbanks et son oeil rieur. Puis bien vite, le film devient de plus en plus dramatique au fur et à mesure que le parlant triomphe sur les écrans et que nous assistons au déclin de la star irrémédiablement muette. Et là, par contre, l'émotion ne passe pas réellement, les scènes sont un poil trop longues, la magie du départ se dilue dans un mélodrame un peu convenu.
Reste, lorsque les lumières se rallument, un film sympa, avec des acteurs impeccables, une image magnifique (qui rappelle plus les films des années 40 que ceux des années 20) mais également la sensation d'un pari pas vraiment réussi comme si les auteurs avaient oublié que les grands films muets n'excédaient jamais 1h20, durée  largement suffisante pour balader le spectateur du rire à l'émotion.

samedi 15 octobre 2011

Non de Claudia Rueda

 Que c'est dur d'obéir toujours à ses parents! Qu'il est dur d'aller se coucher, surtout pour la longue nuit de l'hibernation qui attend le petit ours frondeur du délicieux album de Claudia Rueda.
Sur le thème de l'opposition parent/enfant, nous suivons, au milieu d'un paysage de plus en plus enneigé, l'obstination d'un ourson et la patience d'une mère devant la résistance de son enfant. Et cet enfant ira jusqu'au bout, trop loin peut être, créant ainsi un suspens effrayant dans les dernières pages de cet album très réussi.
Le graphisme tout en rondeur donne envie de se blottir, de s'enfoncer dans la neige ou dans le pelage des ces ursidés. L'histoire nous fait frissonner de froid, de peur pour mieux nous réchauffer ensuite.
Un album qui peut être apprécier à partir de trois ans, l'hiver, blotti sous la couette, une fois que nos petits monstres ont accepté de se coucher.
Non de Claudia Rueda édité chez Rue du monde, 14€ A partir de 3 ans.

jeudi 13 octobre 2011

Debout, couché! de Ramadier et Bourgeau

Vous avez envie d'initier votre enfant de 2/3 ans à l'humour et au gag? Vous avez une furieuse envie de rire un bon coup avec lui ? Vous avez aussi, peut être envie qu'il brille dans sa classe de maternelle et de précéder les dernières directives ministérielles quant à l'acquisition d'un vocabulaire précis ? Alors cet album de Ramadier et Bourgeau doit être dans votre bibliothèque toute affaire cessante.
A partir d'animaux débonnaires et sympathiques, remarquablement stylisés par Vincent Bourgeau et l'utilisation astucieuse d'un rabat, vous découvrirez une multitude de petits gags sympas qui illustrent à merveille les antonymes (debout/couché, sec/mouillé, ...) et qui feront assurément se gondoler de rire vos enfants.
Le texte est simple, précis et fait la part belle aux onomatopées, offrant ainsi au conteur la possibilité de jouer de la voix pour le plus grand plaisir de son auditoire. Et si l'envie vous prend, vous pourrez illustrer vous même cet album en proposant des activités en rapport avec les concepts abordés, ce qui, avouons-le vous ouvre des champs expérimentaux infinis.
Cet album drôle et coloré est une réussite!

Debout, couché de Ramadier et Bourgeau, édité chez Loulou et cie 12,50€ A partir de 2/3 ans.

mercredi 12 octobre 2011

Les bobos des animaux d'Anne Crahay

"Les bobos des animaux" est le genre d'album que tout le monde aime lire et relire, enfants et parents.
Il a tous les ingrédients pour en faire un classique des tables de nuit d'enfants, vous savez, le livre qui est toujours et inlassablement demandé au moment du coucher quand arrive l'heure du l'histoire.
Dans cet album qui conte les visites d'un vétérinaire chez des animaux malades, on trouve de l'humour à revendre, avec une lecture à deux niveaux (idéale pour les parents), des animaux emblématiques (le loup, un requin, un crocodile,...), des illustrations riches et rigolotes et un texte en rimes et à double sens.
Un vrai régal et un coup de chapeau à l'auteur, Anne Crahay qui en plus du texte signe également les illustrations. (A partir de 4 ans).


Les bobos des animaux d'Anne Crahay édité chez l'élan vert. 11€ A partir de 3/4 ans.

mardi 11 octobre 2011

Et rester vivant de Jean Philippe Blondel

Voici un livre relativement court, à la lecture aisée dans lequel on entre sur le bout des lignes.
Récit vraisemblablement autobiographique, tout en retenu et en pudeur. L'auteur après le décès de ses parents et de son frère décide avec l'argent de l'héritage de partir aux Etats-Unis, à Morro Bay, comme dans la chanson "Rich" de LLoyd Cole. Il emporte avec lui son ex copine, son meilleur ami et une tonne de tristesse. Le trio va naviguer de San Francisco à Morro Bay en passant par Los Angeles et le Mexique sans vraiment faire de rencontres ni vivre de grandes aventures. Ici, le cheminement est uniquement intérieur. On sent bien la fragilité du héros qui hésite devant la vie qui vient. Il hésite également à conduire les grandes voitures américaines. Il hésite sur les relations à mener avec ses deux compagnons d'aventure. Il hésite à continuer à vivre.
Et moi j'hésite à dire que j'ai aimé ce livre car je n'en sais rien. On sent bien que ce récit intime revêt une importance extrême pour l'auteur. Quant à moi, en tant que lecteur, j'ai pu apprécier ce style net et précis, empreint de retenu et d'émotion mais sans toutefois être en empathie avec le héros, comme si ces souvenirs ne s'adressaient qu'à lui même.

vendredi 7 octobre 2011

Drive de Nicolas Winding Refn

"Drive" est le film qui réunit en ce moment le plus d'ingrédients pour faire le buzz auprès des critiques.
Vous prenez un réalisateur danois un peu branché et remarqué par ses 3 précédents films, vous l'envoyez à Hollywood réaliser un polar, vous ajoutez un acteur qui commence à faire de l'ombre à George Clooney
( Ryan Gosling), vous faites croire qu'il s'agit d'un film bourré de poursuites en voiture, vous lui donnez une palme pour la réalisation parce que ça va par moment très vite et à d'autres moments au ralenti, vous jetez quelques scènes ultra violentes histoire de réveiller le spectateur de film d'action assoupi par les scènes lentes sur le visage du héros, vous touillez un peu et vous obtenez "drive". Après tournage, vous envoyez un attaché de presse faire le tour des rédactions avec sûrement dans son sillage la promesse d'une interview avec la star masculine montante ou peut être une virée en voiture dans Los Angeles et vous avez le film le plus hype que tout le monde va devoir aller voir. Aimer? pas sûr!
On peut reconnaître une certaine atmosphère à la fois mystérieuse et oppressante sur toute la première moitié du film, très bien rendue par ce mélange de lenteur et d'accélération. Mais la deuxième partie s'enfonce dans une violence lourde au service d'une histoire un peu convenue. Reste le mutisme de Ryan Gosling, la note de romantisme apportée par la délicieuse Carey Mulligan (découverte dans "Une éducation") et aussi une formidable bande sonore qui colle au film comme le sang des malfrats sur le blouson satiné du héros.

mercredi 5 octobre 2011

We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay

Encore un film présenté à Cannes et qui est revenu bredouille. Pourtant il avait le potentiel pour rapporter une palme de quelque chose.
"We need to talk about Kevin" est le genre de film qui ne laisse pas indifférent. Une des premières scènes donne le ton : Eva, interprétée par Tilda Swinton, sort d'un entretien d'embauche positif, elle  esquisse un léger sourire de satisfaction et croise une dame bien mise qui la salue et la complimente sur son air heureux. Puis soudain, cette personne la gifle violemment et l'insulte, laissant l'héroïne pantelante. Elle rentre chez elle et découvre que sa maison a reçu une projection de peinture rouge.
On découvre bien vite que cette femme traîne un passé douloureux qui a conduit son fils en prison.
Le film nous raconte en flashback la vie d'Eva et de son mari, couple de bobos new-yorkais et de leur terrible fils Kevin qui leur pourrit la vie et d'autre part le quotidien de la mère, seule après un drame qui ne nous sera révélé qu'à la fin.
La réalisatrice ajoute au panthéon des enfants horribles, un nouvel arrivant à faire pâlir de jalousie le Damien de "la malédiction". Si Kevin n'a aucun pouvoir maléfique, il n'en est pas moins monstrueux du jour de sa naissance jusqu'à ses 16 ans.
Avec un montage alambiqué (un peu trop parfois) et une image jouant un peu trop lourdement avec la couleur rouge, Lynne Ramsay s'amuse avec nos nerfs et signe finalement un thriller magnifiquement porté par la formidable Tilda Swinton qui aurait mérité un prix d'interprétation.
Ce film est toutefois à déconseiller à ceux qui s'imaginent que donner naissance à un enfant est la chose la plus merveilleuse au monde, ils sortiront de la salle avec la folle envie de ne pas se reproduire.

mardi 4 octobre 2011

Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine Le Vigan

J'ai abordé la lecture du dernier roman de Delphine Le Vigan avec un peu de crainte. Je n'avais pas vraiment aimé "No et moi" (du coup j'ai fait l'impasse "des heures souterraines") et la rumeur disait que c'était LE roman de la rentrée.
Disons-le tout net, j'ai vraiment apprécié "Rien ne s'oppose à la nuit" qui n'est sûrement pas un chef d'oeuvre de la littérature mais qui procure un plaisir de lecture immense.
Sur un sujet largement traité dans la production romanesque, le portrait d'une mère récemment décédée dont la fille, en fouillant, enquêtant, questionnant, va relater, au plus près de la vérité, la vie, Delphine Le Vigan arrive à nous passionner.
Il faut dire que le texte, d'un écriture simple mais efficace, est rudement tordu. L'auteur nous parle donc de sa mère, mais aussi d'elle, de ses doutes, de ses peurs de blesser sa famille avec des révélations, des secrets enfouis qui, ici, se succèdent de chapitre en chapitre, attrapant le lecteur pour ne plus le lâcher. L'histoire de Lucile, la mère, est tellement stupéfiante, que l'on pense que c'est du roman (mot mentionné sous le titre), mais constamment Delphine Le Vigan, nous ramène à la réalité de sa vie et de l'écriture de son livre, nous convainc de la véracité des faits et le trouble naît. Vrai ou inventé ? Et jusqu'au bout, elle nous emmène au bout de son histoire, multipliant les révélations et entrebâillant des portes, laissant entrevoir d'autres secrets non révélés. Et prouesse ultime, la fin du livre, vraiment émouvante, est arrivée à me surprendre encore.


"Mon instrument n'était plus le noir, mais cette lumière secrète venue du noir." Cette phrase de Pierre Soulages résume parfaitement  ce roman, d'une lecture aisée, faussement simpliste et qui distille un charme évident.