lundi 29 août 2011

Les biens aimés de Christophe Honoré

Voilà un film que j'aurai adoré parler comme d'un chef d'oeuvre...
Christophe Honoré n'a pas une filmographie exemplaire ( "Ma mère", "L'homme au bain"  sont vraiment ratés) mais elle contient des films aux charmes certains ("Dans Paris", "17 fois Cécile Cassard"), d'autres parfaitement réussis ("La belle personne", "Non, ma fille tu n'iras pas danser") et pour moi un des films les plus marquants de la dernière décennie ("Les chansons d'amour").
Pourtant, "Les biens aimés" par son ampleur (plus de 2h) et son ambition de conter une sociologie des rapports humains et de la sexualité sur 40 ans, avait, sur le papier de quoi séduire. Ajouté à cela un casting épatant (Deneuve, Sagnier, Mastroianni, Garrel) et l'inclusion de chansons d'Alex Beaupain spécialement écrites pour le film, tout était réuni pour que la réussite soit au rendez-vous.
Le film, nous conte l'histoire de Madeleine et de sa fille en 7 époques, de 1964 à 2007. Madeleine trouve pratique d'arrondir ses fins de mois en se prostituant au gré de ses besoins. Elle tombe amoureuse d'un de ses clients, médecin tchèque, qu'elle épousera et avec qui elle aura une fille, Véra.
Divorcée puis remariée, Madeleine entretiendra toujours une liaison avec son ex mari, passant ainsi de fille à femme légère.
La deuxième partie du film va plutôt s'attacher aux errements de Véra et de sa difficulté à vivre des amours légères.
Madeleine (jeune) est interprétée par Ludivine Sagnier et plus âgée par Catherine Deneuve. C'est là où le bât blesse. La partie des années 60 et 70, reconstituée de façon trop appuyée, a du mal à convaincre à cause du jeu trop théâtralisé de Ludivine Sagnier. La faute aussi aux costumes et maquillages qui essaient de faire réapparaître la Catherine Deneuve de ces années là et qui alourdissent le trait. Cependant, il y a quand même dans cette partie des moments très réussis, notamment cette manière unique de filmer les corps nus, à la fois impudique et réaliste.
Le film décolle réellement dès qu'apparaît Véra, la fille de Madeleine, interprétée magistralement par Chiara Mastroianni, qui irradie littéralement l'écran. Et là, on retrouve le Christophe Honoré que l'on aime, le cinéaste urbain entomologiste de notre époque. Il emporte le spectateur dans un tourbillon de sentiments, évoquant sans fard, les difficultés de se rencontrer, de s'aimer. Cette carte du tendre des années 2000 est admirablement soutenue par les chansons d'Alex Beaupain qui magnifient le propos sans mièvrerie.
Après un final très émouvant, le spectateur est tout de même conquis, la première partie est oubliée.
"Les biens aimés" est un film qu'il faut voir pour son regard affuté sur notre époque et pour la virtuosité de sa mise en scène qui fait mouche dès que la caméra erre dans les rues des grandes villes ou sur les visages fiévreux de personnages en quête d'amour.




jeudi 25 août 2011

Avant d'aller dormir de S. J. Watson

Quelqu'un peut-il me procurer le numéro de téléphone perso de Dennis Lehane? J'en ai besoin car je dois lui demander s'il a vraiment dit en parlant de "Avant d'aller dormir" de S. J. Watson édité chez Sonatine : ""Je n'avais encore jamais vu ça : des heures après avoir fini ce livre, j'avais encore les nerfs à vif!" Ce n'est pas possible que ce soit le Dennis Lehane de "Shutter island" qui ait dit une telle anerie. Ou alors, il a été payé trés cher... Non, ce doit être un homonyme, qui, en manque de Marc Lévy ou de Guillaume Musso, a dévoré un livre avec au moins toutes les 20 pages une phrase complexe.
Par contre, je dis bravo aux éditions Sonatine pour leurs techniques publicitaires, qui fonctionnent très bien.
J'en suis le parfait exemple. J'ai été appâté par quelques critiques (qui n'ont fait que reprendre le dossier de presse) et quelques avis de-ci de-là, au gré des librairies. Tout le monde parle d'un livre qui ne vous lâche pas, au suspens haletant et garanti sans trace de sang. Un vrai thriller psychologique qu'ils disaient.
Pour moi, cela a été l'argument massu : pas de serial killer déjanté qui viole des centenaires avant d'encadrer dans son sous-sol leurs seins soigneusement découpés, je suis preneur.
J'avais lu que si l'on allait jusqu'à la troisième page du livre, on était happé, et l'on ne lâchait plus l'ouvrage jusqu'à la fin...
Je vous le dis, c'est un mensonge! A la troisième page, j'ai posé le livre et je me suis dit : " J'ai déjà lu ça mille fois". D'ailleurs ça commence exactement comme un roman récent de Frédérique Deghelt "La vie d'une autre". Bon, la suite essaie de virer au mystère, mais on s'en fout un peu, car on devine ce qui va se passer.
Mais que raconte "Avant d'aller dormir?". Prenez Christine, amnésique, qui se réveille tout les jours auprès de son mari, Ben, qu'elle ne reconnaît pas et qui lui résume sa vie tous les matins. Christine ne se souvient de rien dès qu'elle s'endort. Rajoutez un médecin, qui lui fait tenir un journal secret dans lequel elle raconte ses journées et ce qu'elle apprend de son passé. Faites mijoter l'intrigue à un train de sénateur, disons un vague rebondissement toutes les 80 pages. Nappez le tout d'un style simple, sujet/verbe/complément et vous obtenez un livre qu'il ne faut surtout pas prendre avant d'aller dormir car le sommeil vous gagnera très vite.
Un livre à fuir en somme malgré l'accroche imprimée sur le rabat de la couverture :"Mon journal intime me dit que j'ai passé ces dernières heures dans un avion en provenance de San Francisco -ce dont je n'ai aucun souvenir, puisque la seule chose qui me reste en mémoire sont ces heures passées à lire obsessionnellement "Avant d'aller dormir". Quel livre ! Et comme je l'aime!" Signé : Sophie Hannah...
Voilà ce qui arrive quand on passe de la lecture de Oui-Oui à S. J. Watson, on s'emballe pour pas grand chose, mais on vous pardonne Sophie, vous n'avez que douze ans... ( Quoi, Sophie Hannah est un auteur de polar!!! Elle devait avoir des fins de mois difficiles... ou alors on nous fait encore le coup de l'homonyme...)

mercredi 24 août 2011

Télérama

Comme beaucoup d'enseignants à ce qu'on dit, je suis un lecteur assidu de Télérama. Le magazine bobo par excellence est, pour moi, un petit plaisir renouvelé toutes les semaines depuis maintenant presque 40 ans.
C'est un compagnon, un guide, une source infinie de culture, de désaccords, d'enthousiasme, de découvertes, bref un ami de papier. Et le papier, j'aime ça! Livres, magazines font partie de mon quotidien. Un jour sans ma visite chez mon marchand de journaux est une mauvaise journée.
Par ailleurs, j'ai aussi à la maison, une de ces tablettes à la mode, j'ai nommé un ipad. Engin pratique, ludique, fait aussi bien pour la lecture que pour la musique, la presse magazine a investi le média avec forces applications. Pour en avoir tester certaines, je peux déjà dire que mon marchand de journaux à encore quelques beaux jours devant lui. Si "Le monde" ou Libération" ont des applications plutôt pratiques et permettant de lire les livre à moins cher (0,79€), "Le nouvel obs", "Le point" ou "L'express" ne brillent pas par leur originalité.
Et puis, il y a Télérama...
Puisque je suis abonné à la revue, j'ai droit gratuitement à la version ipad. Et là, je dis BRAVO!!!
C'est un complément essentiel à la revue car en plus de lire le magazine dans son intégralité et dans d'excellentes conditions, l'appli est bourrée de contenus multimédias.
Par exemple, pour chaque film critiqué, on trouve un lien pour visionner la bande annonce et en plus une critique audio. Pour les expos, on peut trouver des photos supplémentaires des oeuvres présentées. Pour la télévision, qui reste la partie la moins développée en contenu interactif, on peut trouver des extraits d'émissions. Mais, la cerise sur le gâteau, c'est la partie critique de livre où les coups de coeur de la rédaction ont droit à un supplément audio sous la forme de la lecture de quelques pages de l'ouvrage. Un vrai bonheur...
Avec tout ça, je sens que je ne suis pas prêt de laisser tomber mon Télérama. Par contre le marchand de journaux à du souci à se faire. Si tous les magazines se mettent à concocter une version numérique aussi enthousiasmante que Télérama, la révolution des tablettes sera en marche et rien ne l'arrêtera.


mardi 23 août 2011

Nikos Aliagas, le chagrin

Le titre de ma lettre d'aujourd'hui est très people, mais c'est parce que je n'ai rien à dire ou presque.
En fait, hier, j'ai terminé "Le chagrin" de Lionel Duroy, livre que je traîne depuis plus de 10 jours.
Je l'avais acheté, attiré par la couverture vintage et intrigué par le bandeau rouge sur lequel était inscrit :"Grand prix Marie Claire du roman d'émotion". De plus la libraire du quartier avait apposé, comme c'est la mode, un petit mot du genre : "Un moment de bonheur, un livre qui vous remuera longtemps après l'avoir refermé". Toutes les conditions étaient réunies pour une petite lecture agréable d'été. Agréable, oui mais sans plus. Lionel Duroy nous raconte sa vie avec sincérité, mais le style se rapproche plus de l'article de journal que de la prose d'Henry James. C'est sympathique parfois, agaçant à d'autres moments. Malgré tout, j'ai poursuivi la lecture jusqu'au bout, traînant le livre un peu partout mais sans réel intérêt. Je n'ai  été ni remué ni ému comme le jury de Marie Claire (qui était présidé par la comédienne Hélène de Fougerolles, la classe!), dommage...

Hier, également, je suis allé sur Europe1 vers 8h30, un peu par hasard, sûrement agacé par l'invité d'une autre station radio, et je suis tombé sur la nouvelle matinale animée par Bruce Toussaint, dont c'était la première.
Je suis arrivé au moment de la page culturelle. Chouette! L'invitée était Amélie Nothomb ( bon, on peut trouver mieux, mais reconnaissons lui un statut de bonne cliente des médias grâce à ses réparties pétillantes) qui promouvait sa parution annuelle. Elle était interrogée par la nouvelle caution intello d'Europe1 : Nikos Aliagas!
On sent que pour ce dernier ce ne sera pas facile de trouver de la crédibilité après la star ac' et NRJ et je ne suis pas sûr, à l'écoute de son interview d'hier, que son transfert vers France Culture soit pour demain.
La pauvre Amélie Nothomb a du répondre à des questions aussi pertinentes que : "Amélie, on m'avait dit que vous aviez toujours un chapeau, il est où aujourd'hui ?". Pour conclure, Bruce Toussaint nous a appâté avec l'invité du lendemain : Johnny Halliday.
Maintenant, on peut être sûr que la promotion des objets culturels est entre de bonnes mains, merci Europe 1!

lundi 22 août 2011

La piel que habito de Pedro Almodovar

Avez-vous déjà éprouvé la sensation d'être un petit insecte se promenant sur une toile d'araignée, se perdant sur les fils pourtant tissés de façon très géométriques, guidé inconsciemment par la propriétaire du lieu.
Cette expérience m'est arrivée hier lors de la projection de "La piel que habito". L'araignée, c'est Pedro Almodovar, le réalisateur qui, en adaptant "Mygale", le très machiavélique polar de Thierry Jonquet, joue avec les nerfs du spectateur durant 2 heures effrénées, au fil d'un scénario aux multiples rebondissements. et aux 100 000 références ou clins d'oeil.
Car en plus d'être un film passionnant au premier degré, de part son intrigue, il l'est également au deuxième  pour les spectateurs exigeants. Hitchcock, Franju, tout l'arsenal des fantasmes et des thèmes des précédents films du réalisateur, Mary Shelley, Louise Bourgeois, célèbre pour ses araignées représentant sa mère mais ici présente pour ses travaux autour du corps et de la couture, et plein d'autres qui ont dû m'échapper.
Il est très difficile de résumer l'histoire sans en déflorer les rebondissements (exercice que beaucoup de critiques ont admirablement réussis), mais l'intrigue est bien tordue avec des coups de théâtre savamment orchestrés. En vrac, on retrouve les thèmes de prédilection de Pédro Almodovar, la transsexualité, le rapport à la mère, l'amour des intrigues façon romans de gare. Mais dans celui-ci, nous avons droit pour la première fois à la part sombre du réalisateur voire très sombre. Au milieu de cette noirceur, l'image est sublime, moins kitsch qu'à l'habitude, et nous découvrons une actrice magnifique, Elena Anaya.
Avant de vous encourager à aller voir "La piel que habito" et, si par hasard vous aviez lu comme moi  le livre de Thierry Jonquet, vous aurez certes un peu d'avance sur l'intrigue, mais le plaisir de ce film multiple et complexe restera intact.


dimanche 21 août 2011

Serge (le magazine)

Comme vous ne le savez peut être pas, je remplis mon ipod de chansons françaises de Mireille (la vraie, pas  Matthieu) à Cyril Mokaïesh. Bon, je fais des choix, certains artistes n'obtenant pas de ticket d'entrée (j'ai une allergie pour les chanteuses à voix qui hurlent l'amour et la séparation).
Quand, à la rentrée dernière, est apparue en kiosque la revue "Serge" consacrée à la chanson uniquement francophone, j'ai dû être le premier acheteur (du moins dans ma ville).
La revue est plutôt classieuse : beau papier, belle mise en page, le rédactionnel oscillant entre décryptage, légèreté et patrimoine, mettant en avant les dernières productions francophones et décryptant les tendances du moment dans des articles assez astucieux.
Sa parution est bimestrielle mais décalé par rapport aux autres revues. Ainsi l'avant dernier numéro couvrait les mois de juin/juillet alors que les confrères préfèrent sortir un spécial été couvrant juillet et août, permettant d'envoyer les journalistes se ressourcer sur quelques plages à la mode.
C'est pour cette raison que je n'ai découvert le numéro 6 de Serge qu'hier.
J'avoue, en voyant la couv', j'ai eu un moment d'hésitation avant de passer à la caisse. Le magazine met en avant trois chanteuses : Zaz, Nolwenn Leroy et L.
Je connais un peu l'oeuvre lyrique des trois dames.
Un soir d'égarement ou de promotion, j'ai téléchargé (légalement!) l'album de Zaz. Je l'ai écouté une fois. De cette écoute, que je jure attentive, ne surnage à mon goût qu'un titre : La fée (repris en single depuis peu).
Nolwenn Leroy a la chance d'avoir aussi  trois titres dans mon ipod : un de la période Voulzy, Mon ange (chanson à faire pleurer dans les chaumières sur la mort d'un enfant) et un morceau de son avant dernier album enregistré aux îles Féroé avec un groupe branché mais inconnu. Ses reprises de chants bretons m'ont par contre autant intéressé qu'une nuit de camping au mois de novembre à la pointe du Raz. De plus, j'ai eu la (mal)chance d'assister (gratuitement heureusement) à un de ces concerts aux tonalités bretonnes. Si la jolie Nolwenn déploie sur scène beaucoup énergie, le spectacle auquel j'ai assisté était assez catastrophique, les musiciens faisant le minimum syndical, la sono étant mal réglée.
Quant à L, je n'avais pas pu passer à côté du torrent d'éloge dont a bénéficié son premier album sorti au printemps dernier, avec, cerise sur le gâteau, la couverture de Télérama! Evidemment, j'ai visionné le mini concert offert par le même journal sur son site web, je m'en suis allé écouter le tout sur deezer et... ben, je n'ai pas accroché. Je reconnais la belle ouvrage, les textes bien écrits, les thèmes originaux mais ça ne passe pas. Il manque chez la dame un je sais quoi qui puisse faire la différence, un look, un mystère, un gros noeud dans les cheveux, ...
Malgré tout, j'ai acheté Serge et je ne l'ai pas regretté. Une lecture d'été idéale pour qui aime la chanson.
Même le dossier sur les trois chanteuses de l'année est sympa.  Il faut découvrir l'interview émouvante de MC Solaar qui rame à trouver l'inspiration et dont les albums sont interdits de diffusion. Le reportage sur l'album photo de, et commenté par Maxime Leforestier sur ses débuts dans la chanson est pétri de sincérité. Le dossier sur l'argent des comédies musicales nous cloue sur place quand on apprend que pour mieux vendre un "Mozart opéra rock", les producteurs ont fait appel aux coiffeurs comme vecteurs publicitaires (on les invite puis ils en parlent aux clientes). La dernière partie du magazine a été laissé aux bons soins des Brigitte, sacrées rédactrices en chef, et c'est, bien entendu, totalement barré.
Si comme moi vous appréciez la chanson française et si vous ne connaissez pas Serge (garanti sans Céline Dion), courez dépenser 5 euros chez votre marchand de journaux, vous devriez ne pas le regretter.


samedi 20 août 2011

Freedom de Jonathan Franzen

Si vous avez feuilleté la presse magazine de la semaine, il ne vous a pas échappé que c'est la rentrée littéraire.
Depuis le mois de mai, les attachés de presse des maisons d'éditions sont DEBOOOORDES, essayant coûte que coûte d'arracher articles et interviews pour leurs poulains, pauvres choses lâchées dans la grande course du livre de la rentrée.
A l'évidence, tous ne courent pas dans la même catégorie si l'on en juge par les premiers résultats de la semaine. Entendons nous bien, il ne s'agit pas ici des chiffres de vente des ouvrages sortis depuis le début de la semaine, mais de leur présence médiatique.
Si l'on prend 5 magazines ou journaux au hasard (enfin presque), disons, Télérama, Les Inrocks, Le Monde, Le Nouvel Obs et Elle, qui a tapé dans l'oeil des responsables culture de ces divers organismes de presse ? Qui a émergé des lectures estivales des différents critiques? Ou, quel attaché de presse s'est montré le plus convaincant? Quel auteur, bien implanté dans le milieu médiatico-littéraire, a su continuer à faire rayonner son statut ?
Les auteurs confirmés ou habitués au succès sont évidemment là : Delphine Le Vigan, David Foenkinos, Marie Darrieussecq ou Jean Rolin. On voit poindre le rouleau compresseur Emmanuel Carrère dont le "Limonov" ne sortira que le 8 septembre mais qui occupe déjà une place de choix dans les papiers autour de cette rentrée littéraire. On note aussi un fort engouement pour le nouveau Haruki Murakami, sûrement parce qu'on le soupçonne d'être nobélisable car jusqu'à présent il était un peu méprisé par la critique.
Non, le grand gagnant cette semaine, l'écrivain le plus important de la rentrée, celui qui a droit à tous les articles illustrés de belles photos, celui qui a fait tomber en pâmoison toute la critique française, c'est, c'est... Jonathan Franzen avec "Freedom" paru aux éditions de l'Olivier.

Et moi, lecteur assidu de toutes cette presse qu'est-ce que j'ai fait? Ben, j'ai couru acheté le chef d'oeuvre bien sûr!
Non rassurez-vous, si j'ai acheté cet ouvrage, c'est uniquement parce que j'avais énormément apprécié son précédent ("Les corrections "déjà à l'Olivier) et que j'attendais avec impatience la sortie de celui-ci.
Par contre, je ne l'ai pas encore lu, 700 pages tout de même...
Alors pourquoi en parler déjà?
Hé bien, une fois sorti de la librairie, je n'ai pas pu résister à l'envie de lire les premières lignes de "Freedom". Et là, je suis resté perplexe. J'ai lu, puis relu puis encore relu la première phrase du chef d'oeuvre et... je la relis encore et ... rien... J'ai un peu de mal à comprendre les mots imprimés...
Je vous la livre :
"Les nouvelles concernant Walter Berglund ne furent pas découvertes dans un quotidien local - Patty et lui étaient partis pour Washington deux ans plus tôt et ils ne signifiaient dorénavant plus rien pour St. Paul- mais la bonne société urbaine de Ramsey Hill n'était pas loyale à sa ville au point de ne pas lire le New York Times."
Mouais, pas engageant n'est-il pas? On devine un peu ce que cela peut bien signifier mais tout cela reste un peu obscur. Un problème de traduction? Une volonté de ne garder que les bons lecteurs? Tout le livre est de cet acabit?
Me reviennent alors en tête, les grands arguments des éditeurs concernant la première phrase d'un roman,  l'importance qu'elle revêt pour accrocher le lecteur, le mettre en appétit, le captiver, le transporter tout de suite dans un nouvel univers. Tous rêvent d'égaler la fameuse "Longtemps, je me suis couché de bonne heure." de Proust.
Ici, en lisant la première phrase du nouvel opus de Jonathan Franzen, la réaction du lecteur moyen, c'est : je ferme le livre et je m'en vais voir si par bonheur Marc Lévy n'aurait pas pondu un nouveau truc avec du papier et des mots dessus.
Promis, juré, je vais bien entendu laisser de côté ce détail et aller au delà de ce début pour le moins fumeux et je vous donnerais mon avis, pour vous prouver, j'espère, que la prose du plus grand auteur américain vivant (c'est la presse qui le dit) n'est pas toute de la même veine.

vendredi 19 août 2011

Mes meilleures amies de Paul Feig


Je suis allé voir ce film en traînant des pieds. Jusqu'à présent j'avais zappé les productions de Judd Apatow souvent jugées grasses et un peu scatos. D'ailleurs, même le public français n'y allait pas, pensant que tout cela était trop américain. "En cloque mode d'emploi", en 2007, n'avait fait que 450 000 entrées sur la France et cela a été le plus gros succès du producteur sur notre territoire (alors qu'aux USA, ça cartonne).
Le distributeur du film "Mes meilleures amies", fort de l'énorme succès outre Atlantique, a mis le paquet pour la sortie : affichage monstre sur le thème du clan de filles et surfant sur la vague "Bridget Jones", gommage de la griffe "Apatow" et oh surprise, ils ont pu s'appuyer sur une presse très favorable (Le Monde, Télérama, les Inrocks notamment).
Profitant d'un après-midi pluvieux, j'ai pu donc suivre les aventures comico-burlesques d'Annie très joliment interprétée par Kristen Wiig (également auteur du scénario). Annie est une jeune femme, un peu paumée, qui a perdu son job, vit en colocation avec une frère et une soeur bizarres et se traine un amant puant, John Hamm (oui l'acteur de Mad Men!), dans un joli rôle clin d'oeil.
Et voilà qu'un jour, sa meilleure amie, lui annonce qu'elle va se marier et qu'elle sera sa demoiselle d'honneur. Pour nous français, être demoiselle d'honneur, n'implique pas grand chose à part, quelquefois, porter une robe un peu ridicule. Aux States, il en est tout autrement. La demoiselle d'honneur, portera bien sûr une tenue délirante, mais se verra aussi dans l'obligation d'organiser toutes les festivités avant et pendant le mariage. Annie, se retrouve donc avec ce travail titanesque sur les bras mais aider d'autres meilleures amies de la mariée. Et ici, elles sont graves, les collègues demoiselles d'honneur : une coincée neuneu, une garçonne obsessionnelle, une mère au foyer hystérique et une bourgeoise très belle et très autoritaire.
Ce qui aurait pu être une comédie de plus autour du célibat et du mariage de la trentenaire un rien frustrée, vire ici à la comédie dynamique, épatamment rythmée, burlesque, féroce et même émouvante. Pendant 2 heures, aucune baisse de rythme et quand la salle se rallume on se dit qu'on serait bien rester encore une heure de plus en compagnie d'Annie, formidablement interprétée par Kristen Wiig qui a une présence incroyable à l'écran. Elle est tour à tour drôle, touchante, expressive, hilarante, déjantée, séduisante. Une vraie, grande actrice qu'il me tarde de revoir.
Un film parfait pour un soir de fin d'été qui est capable de nous donner la pêche pour affronter le retour au boulot. Je vous conseille fortement cette cure, toute affaire cessante.

mercredi 17 août 2011

L'art de voler de Kim et Antonio Altarriba

Jamais une bande dessinée n'aura aussi bien porté le nom de "roman graphique" que cet ouvrage espagnol récemment paru chez Denoël Graphic. Il y a d'abord un vrai texte d'Antonio Altarriba qui retrace de manière extrémement émouvante la vie de son père depuis son enfance dans un pauvre village des environs de Saragosse jusqu'à sa mort par suicide dans une maison de retraite comme on n'aimerait qu'il n"en existe pas.
Une vie qui traverse 90 ans de l'histoire espagnole du siècle dernier, avec ses combats, ses doutes, ses choix, bons ou mauvais, et la vie qui engloutit tout sur son passage, une vie simple et terrible parce frustre et frustrée. Ce texte, mis en valeur par un dessin jamais redondant de Kim , est l'hommage d'un fils à son père, d'un fils qui " n'a pas fair pour lui  ce qu'il aurait fait pour moi" .
Cette histoire débute par le récit du suicide du père à 90 ans, moment fort et poétique à la fois où l'auteur passe du "il"au "je" car dit-il " J'ai toujours été en lui, un père est fait de ses enfants à naître."
Suivent l'enfance, dure, âpre, faite de rêves et de résignation, puis la guerre d'Espagne, les camps de réfugiés en France, le retour en Espagne et la vie sous le régime de Franco. C'est une vie ordinaire qui nous est décrite,  le père n'est pas un héros mais un homme qui avance comme il peut dans le tumulte d'une période qui n'est pas faite pour engendrer le bonheur.
Et puis arrive la dernière partie, celle qui emporte tout, où le texte et le dessin ne font plus qu'un. Le père est en maison de retraite, totalement dépressif et souhaite mourir. 30 pages poignantes, émouvantes, inventives qui nous bouleversent.
En fermant cet album, on se dit que le roman classique a du souci à se faire. Si les créateurs de bandes dessinées continuent à nous offrir des oeuvres aussi abouties sur des thèmes que la littérature actuelle a du mal à aborder, alors on les retrouvera bientôt dans les manuels scolaires, ce qui ne serait que justice tant la qualité du texte et la précision de l'illustration font de cet ouvrage une pièce de choix de notre bibliothèque.

lart_de_voler_couvL'art de voler de Kim et Antonio Altarriba (Denoël Graphic) 23,50 €




mardi 16 août 2011

Inès de la Fressange dans Elle

Ce matin mon regard s'est arrêté sur la couverture du dernier numéro de Elle daté du 12 août.
C'est bizarre me suis-je dit, que peut donc avoir comme actu la chanteuse Liane Foly pour faire la couv' de ce vénérable magazine?
En regardant plus attentivement, je lis qu'il s'agit plutôt d'Inès de la Fressange. Auraient-elles donc le même chirurgien?
Peu importe! Moi, Inès de la Fressange, je la trouve plutôt sympa. Au classement de mes personnalités françaises les plus importantes, elles est classée 234ème, ce qui est bien pour un ancien mannequin recyclé. (Pour donner un ordre d'idée, BHL, lui, est 993ème juste derrière Florence B la caissière de la supérette de mon quartier qui me met de bonne humeur chaque fois que je passe à sa caisse.)
Inès de la Fressange, c'est la parisienne, un rien gouailleuse, qui pose un humour décalé sur un milieu qui en manque souvent. Et puis, j'ai un point commun avec Inès, nous avons le même âge : 54 ans. Raison de plus pour ouvrir le magazine ELLE et me jeter sur le.... heu... comment dire? Ce n'est pas un reportage, ce n'est pas une interwiew, pas vraiment un portrait, mais ça ressemble plutôt à des pages de mode, le tout sur 20 pages sobrement intitulées "Party de campagne".
Le texte sur une pleine page est un modèle du genre. Inès est follement heureuse en vacances avec ses filles (sauf que les photos ont été faites au mois de juin, sans l'ainée qui devait sûrement passer son bac français). Tout lui réussit : son nouveau fiancé brille et pétille dans les dîners parisiens, elle vient de décrocher un nouveau contrat pour être égérie chez L'Oréal, son livre cartonne et, cerise sur le gâââteau chacune de ses filles va être également égérie qui d'un parfum italien pour l'une et qui d'une boutique de vêtement pour l'autre. Bref tout roule et je suis content pour elles!
La journaliste de ELLE est en extase devant Inès, ce bonheur..., cette complicité avec ses deux ados... mais comment fait-elle? Elle ne fait rien Inès, le bonheur c'est naturel pour elle surtout devant l'objectif du magazine et sous la plume servile de la journaliste au service des stars.
Là ou ça coince, c'est que le lecteur ou la lectrice,n'y croit plus à ces articles d'un autre temps. Déjà, la semaine dernière, le même magazine, avait déliré sur le retour de couche radieux de Marion Cotillard, nous offrant un reportage dégoulinant d'adjectifs sirupeux autour de la star sublimée par sa récente maternité. Pas une once de recul, que du sucre, du miel. jusqu'à l'écoeurement. On veut bien rêver un peu sur la plage devant des photos sublimées, photoshopées de nos vedettes mais de grâce, un peu de retenue!
Cette semaine, Inès de la Fressange en fait les frais. Ces photos floutées, surexposées de fausses vacances en Provence, faites pour cacher une cinquantaine, certes superbe, n'apportent rien de plus à son image. Elles nous renvoient plutôt une personne pas si sereine que ça, essayant de retenir vainement une jeunesse qui s'enfuit et qui n'arrive pas à assumer son âge véritable.
Je le dis : je veux voir de la ride, du capiton, des taches de vieillesse sur les photos de nos amies les vedettes. Elles n'en seront que plus humaines plus proches de nous mais toujours aussi inaccessibles de part leur statut d'ultra priviligiées Nous avons besoin de réel, de vérité et de simplicité dans notre époque où tout est vitrine, opacité et rentabilité.
Alors, Inès, la prochaine fois que ELLE vous propose un reportage photo, faites-vous photographier dans le Bricorama dont vous nous vantez les charmes et exigez que le service photo jette Photoshop à la poubelle. Je pense que pour vous ils le feront!

lundi 15 août 2011

Melancholia de Lars von Trier

Je l'avoue, je suis assez client du cinéma de Lars von Trier, que ce soit l'infernal "Breaking the waves", la comédie musicale "Dancer in the dark", le réjouissant "Les idiots" et même l'extrémiste "Dogville", j'aime sa caméra virevoltante qui capte si bien les regards, les émotions. Seul le précédent "Antéchrist" m'avait un peu laissé au bord du chemin...
Cette fois-ci avec "Mélancholia", le cinéaste danois nous livre sûrement l'un de ses plus beaux films.
Après un prologue bluffant de beauté, nous rencontrons Justine (Kirsten Dunst, parfaite), jeune mariée, avec son mari, dans une limousine. Scène de comédie, prémonitoire pour Justine, car la limousine, trop longue, ne peut prendre un virage qui la conduira dans la demeure où se déroule la réception.
Ensuite, nous assistons au repas de noces, nous faisons partie des invités grâce à la caméra de LVT qui sait saisir un geste, un regard, une parole, des expressions qui confirment que cette mariée, si belle, est en fait désemparée, puis perdue, puis désespérée. Le vernis est bel et bien craqué et la planète Mélancholia s'approche de la terre..., fin de la première partie.

La deuxième moitié du film, intitulée "Claire" (Charlotte Gainsbourg, elle aussi parfaite) débute par un plan de toute beauté évoquant la peinture flamande et nous présentant la soeur de Justine, Claire, reposant devant une fenêtre toute à son bonheur familial de mère et d'épouse comblée, avec juste un soupçon d'inquiétude dans le regard. La planète Mélancholia approche, va heurter bientôt la terre. Claire va héberger Justine, totalement dépressive et toutes les deux, avec l'enfant de Claire, elles vont attendre le choc final. Au fur et à mesure que s'approche le moment ultime, Justine va retrouver la vie alors que sa soeur va s'enfoncer de plus en plus, jusqu'à la scène finale, éblouissante, qui m'a littéralement scotché sur mon siège.
A la vision de ce film, on se dit que si Lars von Trier n'avait pas dérapé lourdement lors de la conférence de presse de Cannes, il aurait peut être eu la palme d'or. Certains plans de "Mélancholia" nous font penser à "The tree of life" de Terence malick, la religiosité en moins. Mais la ressemblance s'arrête là. Lars von Trier est trop nihiliste et c'est ce qui fait la force de son film. Ses personnages sont des êtres de chair et de sang, seuls, affrontant ce que la science a prédit, puisant au fond d'eux mêmes les ressources pour affronter cette mort inéluctable. Magistral!

dimanche 14 août 2011

Stéphane Pencréac'h

Attiré par un article du Monde,je me suis rendu au centre d'art contemporain de Perpignan nommé poétiquement : àcentmétresducentredumonde.
Un très beau lieu (ancien atelier vaguement industriel, relooké de façon galerie d'art) convivial. J'ai été accueilli, oui vraiment accueilli,( c'est rare dans ce genre d'endroit) de manière très sympathique par des personnes prêtes à partager leur passion et notamment leur intérêt pour l'artiste exposé, Stéphane Pencréac'h.
Que découvre-t-on ? Des tableaux grand format, tumultueux, sombres, désespérés. Images de tempête, de noyade. La technique est mixte, mêlant peinture et morceaux de mannequins humains encastrés dans les toiles, amplifiant ainsi l'effet de détresse, de naufrage, de mort. Un choc visuel, c'est certain, et finalement assez rare de nos jours. Certains petits tableaux évoquent un peu Francis Bacon. Par contre, j'ai été moins convaincu par les sculptures de bouts de mannequins et d'objets divers enchassés les uns dans les autres et recouverts de peintures (projetées?).
Je suis ressorti, un peu abasourdi par tant de violence.
A noter : le catalogue de l'exposition, peu cher,remarquablement mis en page, qui reprend l'itinéraire créatif de Stéphane Pencréac'h.
Finalement "Le monde" avait raison, cette exposition est superbe et  ne laisse pas du tout indifférent. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu des tableaux d'un artiste contemporain qui dégageaient autant d'émotion.
L'exposition se déroule jusqu'au 2 octobre 2011.

                                                                 Le noyé   Stéphane Pencréac'h 2011