mercredi 21 décembre 2022

Tempête de Christian Duguay


Chez Pathé, on a des idées pour contrer les plateformes et essayer de faire revenir les spectateurs dans les salles. Le produit, ...heu le film doit être familial, rythmé comme une série Netflix, pas prise de tête, des bons sentiments et un univers porteur qui peut se révéler spectaculaire à l'écran. "Tempête" en est le prototype... S'il fonctionne, on risque d'en voir une déferlante bientôt sur nos écrans surtout que, cerise sur le gâteau, c'est idéal aussi pour la télévision. 
Pour un coquet budget de 12 millions d'euros on n'a pas fait les choses au hasard. On a dû initier une étude de marché sur ce qui plaît à un public familial ... Les animaux sont arrivés en tête. Problème : quel animal ? Les chatons ? Pas facile d'être spectaculaire, bluffer le public avec un mini félin intrépide. Les dauphins ? Mouais, beaucoup vus... Les chevaux ? Oui, ça plaît beaucoup le cheval, et puis pas besoin d'aller loin pour tourner, la Normandie nous accueillera sans problème! Bon trouvons un roman simple et bien feelgood ... Que dis-tu ? Un livre pour enfant ?! Génial, on ne fait pas plus simple ( Ici "Tempête aux haras" de Christophe Donner paru dans la collection Neuf à l'Ecole des Loisirs). On fait un casting de scénaristes pour l'adapter à un public plus large ( oui, ça existe et en particulier pour ce film là). On choisit celui ou celle qui sait tenir le spectateur en haleine avec un rebondissement, ou ce qui lui ressemble, toutes les 5 minutes, on caste des enfants et l'on engage deux comédiens sympathiques ( Mélanie Laurent et Pio Marmaï)  et l'on a plus qu'à lancer la production. 
La recette ressemble étrangement à ce qui marche dans la littérature ( de gare) , alors pourquoi cela ne fonctionnerait-il  pas sur écran ? Quand on voit le résultat, on se dit qu'il vaut mieux attendre que ça passe à la télé ou chez Netflix, alors pourquoi aller au cinéma ? Certes les courses de chevaux sont filmées avec efficacité et sur grand écran font leur effet. Mais le reste ? Une histoire cousue de fils blancs très voyants, qui avance à toute allure sans que jamais les personnages ne soient creusés. La  scène d'introduction, au bord du grotesque, donne tout de suite le ton, avec Mélanie Laurent qui accouche en 3 minutes chrono !  On comprend tout de suite que l'on n'est pas dans une fabrique de dentelle mais du bon tshirt sans forme réelle et qui pense aller à tout le monde. Alors, on regarde sans conviction les acteurs défendre quelques vagues dialogues avec conviction ( mention à Kacey Mottet-Klein qui dans ce marasme arrive à faire exister un personnage souvent au deuxième plan). Tout est prévisible, rien n'étonne ( mais le plus improbable), donc rien n'émeut. Pas certain que ce soit la bonne recette pour faire revenir les spectateurs en salle en les prenant pour de grands enfants... niais!

 



mardi 20 décembre 2022

Le parfum vert de Nicolas Pariser


 Ca démarre très bien, à cent à l'heure (là,  vous sentez déjà venir le "mais", le bémol, alors que face à l'écran on pense vite fait : "Pourvu que ça dure"). Un premier plan d'un femme marchant  filmée de dos n'est pas original mais l'oeil se focalise sur son chignon très hitchcockien, très bon signe. Puis l'aventure commence, à toute allure, ne laissant guère le temps de souffler, ni de s'arrêter sur les ficelles du scénario, tout juste note-t-on que Vincent Lacoste est un peu habillé comme Tintin. La référence BD sera confirmée par la suite avec une évocation de Raymond Macherot le génial créateur de Sibylline ( hélas trop méconnu) et par le personnage de Sandrine Kiberlain, autrice de romans graphiques. Disons que toute le première moitié du film nous fait retomber en enfance comme lorsque l'on se passionnait pour ( par exemple ) "Le lotus bleu" ( "Le parfum vert"...vous voyez le clin d'oeil ? ). C'est vif, sans chichi, bien mené, bien joué. 

Hélas, ça ne dure pas. Arrivé à la moitié, le film se met à être bavard, ( comme si Nicolas Pariser voulait donner du fond comme dans ses films précédents), repoussant artificiellement  le moment de la grande scène finale, largement inspirée de "L'homme qui en savait trop" voire de "To be or not to be". La référence est imposante et, force est de constater que Nicolas Pariser n'arrive pas à rivaliser. Sortant d'un film très porté sur les dialogues ( "Alice et le maire" ), nous avons droit à une pâle scène de peu d'intensité. 

On reconnaîtra à Nicolas Pariser de vouloir sortir de sa zone habituelle de confort mais son essai n'est qu'à moitié convaincant. Cependant, on note dans ce film une petite touche assez originale pour le cinéma français toujours très conservateur,  quelque chose de rare, signe que les choses changent. Pour une fois, les deux héros vont finir dans les bras l'un de l'autre à la fin. Vous voyez l'originalité ?  Kiberlain/Lacoste,... un quart de siècle d'écart d'âge... Les actrices bankables peuvent donc désormais, à l'écran, prétendre rendre fou d'amour un jeunot. Bravo !



lundi 19 décembre 2022

Le tiercé de la mort ( Les nouvelles enquêtes de Ric Hochet, T6) de Simon Van Liemt et Zidrou


La reprise des vieux héros de BD d'antan ( je parle de périodes que les moins de cinquante ans ne peuvent connaître) reste pour les éditeurs un excellent filon. Astérix, Lucky Lucke, pour ne citer que les plus célèbres caracolent en tête des ventes ( seul Tintin ( Hergé ne voulait aucune reprise) et encore Gaston Lagaffe ( en procès à l'heure actuelle) échappent à ce que dans le métier on appelle un reboot. Moins connu que les précédemment cités, jamais adapté en film ou téléfilm ( comme Blake et Mortimer ) , Ric Hochet, journaliste/détective, a enchanté durant presque un demi-siècle les grands enfants ou ados ( peut être plus en Belgique). Les premières aventures parurent dans le journal Tintin au début des années 60 signées André-Paul Duchâteau au scénario et Tibet au dessin. Cela dura jusqu'en 2010 avec un total de 78 albums et 10 millions d'exemplaires vendus... de quoi donner des idées à son éditeur de continuer sur cette bonne lancée. En 2015, Le Lombard trouve un dessinateur et demande à Zidrou de prêter son talent pour des scénarios qui rajeunissent un peu la série. Cela doit fonctionner puisque voici que paraît le sixième tome ....
Dès l'ouverture de l'album, on voit tout de suite que niveau dessin, on a modernisé à l'extrême...ou au plus simple. Simon Van Liemt ne démérite pas mais nous sommes loin de la patte de Tibet ( et des décors soignés et précis de ses assistants qui faisaient beaucoup au charme de la série). Le trait nerveux, un peu épuré, peut être encore un peu maladroit surprend voire déçoit les fans. Ce qui change par contre, et en bien, c'est effectivement le scénario de Zidrou, beaucoup plus porté sur l'humour et nettement plus moderne ( exit le côté policier soft pour jeunesse sage éprise d'aventures ainsi qu'une vision très monolithique des personnages, bonjour les femmes délurées, les faits de société et des intrigues plus polars que les anciens mélanges de fantastique et de James Bond de seconde zone) et sortant d'une époque très imprécise pour se dérouler dans la France d'après 1968.
Dans ce tome 6, se déroulant en 1970, les femmes sont plus délurées ( même les concierges dont l'esprit semblait coincé au sortir de la dernière guerre...), portent des mini-jupes ( mais pas les concierges) et les français continuent de jouer au tiercé. On suit l'intrigue sans mal, tarabiscotée à souhait ( comme dans la série originale), bourrée de grosses ficelles( idem). Zidrou y met toujours en scène un Ric Hochet courageux, se relevant de tous les coups de poings, pieds ou explosions, roulant toujours en Porsche jaune ( inévitablement détruite à un moment ....mais que son salaire, sans doute mirobolant de journaliste à "La rafale", lui permet de renouveler illico) mais y rajoute force clins d'oeil au passé BD du journaliste ou à d'autres héros ( ici Cubitus mais aussi, plus surprenant Scoobidoo) et des personnages hauts en couleur et aux dialogues à l'humour simple mais réjouissant. 
Ces nouvelles aventures permettent de retrouver, un héros plus sympathique que dans la première version car plus proche de la réalité ( il a au moins une fiancée avec qui il couche). Ce genre d'album s'adresse surtout aux nostalgiques où la BD comme ses lecteurs se prenait moins au sérieux, ne visant qu'à faire passer un bon moment sans prétention. Dans ce cadre là, c'es





 

vendredi 16 décembre 2022

Boum, boum, boum de Nicolàs Giacobone


Comme le titre l'indique, ce roman noir a vraiment quelque chose d'explosif, mais pas dans son montage assez banal qui fait parler à tour de rôles cinq personnages très éloignés les uns des autres et dont, inévitablement, le destin sera de se croiser.  
En partant de cette base conventionnelle, l'explosif se trouve ailleurs, notamment dans la personnalité de chacun des hommes et femmes dont nous suivons le parcours. L'un d'eux sera assez vite passé au rayon perte mais deviendra ainsi l'allumette qui enflammera la longue et fine traînée de poudre qu'est la destinée des quatre restants. Si les deux personnages féminins ont leur importance, ils ( donc...elles)  n'incarneront, comme souvent dans un polar, que les utilités pratiques à faire progresser l'action. L'auteur, qui aime manier la dynamite, soigne plus particulièrement les deux autres protagonistes : un comédienne naît dans un corps d'homme et le garagiste d'un bled paumé tiraillé par une obsession qui ne ferait aucune unanimité dans la tête de ses copains biberonnés au concept viriliste amerloque. 
Mais il ne suffit pas d'avoir des personnages qui jouent sur les codes du genre pour faire un bon roman, encore faut-il avoir une bonne trame. Si le roman traîne un petit peu au début, son montage en courtes interventions de chacun, va aller crescendo jusqu'à un final très western dégenré, dérangé. Avant nous aurons dans le déroulé inexorable de cette histoire, le sentiment très agréable que Nicolàs Giacobone s'amuse à jouer avec beaucoup de codes, les triturant pour mieux nous bousculer, les explosant parfois en questionnant ( en autre) l'identité profonde de chacun, autant sexuelle que physique et les désirs que cela suscite. 
Si un bon polar se doit de faire tourner les pages avec avidité, un bon roman se doit aussi de bousculer un peu son lecteur, le sortir des sentiers battus. Disons-le tout net : "Boum, boum, boum" remplit ces deux critères et doit donc se manier avec précaution quand on n'aime pas qu'un livre vous montre trop crûment la complexité des êtres qui l'habitent. ( En gros ...fans de cosy mystery ou de sucreries montées à base de clichés comme V... G... ou A... M.... L.... , ça risque de vous exploser à la figure!). 

 

lundi 12 décembre 2022

La littérature, une infographie de Alexandre Gefen et Guillemette Crozet


Sous la houlette de Alexandre Gefen, chercheur universitaire français aimant donner des coups de pieds dans la fourmilière très académique de son milieu et acoquiné avec la graphiste spécialisée dans le graphisme d'information Guillemette Crozet, voici un duo qui publie dans les très respectables éditions du CNRS, un ouvrage qui met en schémas la littérature ou plus prosaïquement les livres, les lecteurs, les mots ou comment faire parler de nombreux chiffres, sondages, en restant lisible et créatif. 
C'est une drôle d'idée de vouloir mettre la littérature en chiffre et en graphiques... et pourtant, ici, ça fonctionne très bien. Tous d'abord c'est une mine d'informations que l'on glane au fil des pages. Ainsi on apprend que ce sont les indiens qui lisent le plus ( 10h42 par semaine ! ), que les albums de Lucky Lucke se vendent plus que ceux de Tintin ( 300 millions d'exemplaires contre 200... ) mais beaucoup moins que le manga "One Piece" et ses 490 millions d'exemplaires ou que l'auteur ayant le plus de followers sur les réseaux sociaux est le brésilien Paulo Coelho.  
Des détails me direz-vous, mais le livre passe tout au radar tout et parfois des choses surprenantes comme la longueur des phrases chez Proust ou " Le voyage de Zuanzang" (grand classique chinois ) et les romans, films, dessins animés et jeux vidéos qu'il a inspiré. 
Les infographies sont sensées rendre tout cela plus ludique, plus compréhensible, plus attrayant. Parfois, c'est très beau visuellement comme la double page sur les couleur des romans mais parfois un peu confus ou pas franchement lisible comme par exemple les couples imaginaires dans les fanfictions de Harry Potter ( mais le sujet est-il vraiment passionnant?). 
Quoiqu'il en soit, cet objet littéraire reste unique, original, ludique et beau. C'est un hommage malicieux à la littérature quelque soit le genre, l'origine, la culture,  comme seuls peuvent les offrir les passionnés anticonformistes.  C'est un bel objet livre qui fera son effet sous un sapin de Noël et ne pourra qu'enrichir les conversations. Un livre idéal en somme ! 

 

jeudi 8 décembre 2022

Vivre en Macronie T5 de Allan Barte


Macroniens, membres assidus de la LREM, il n'est pas certain que ce recueil de dessins soit pour vous... quoique.... il est toujours temps de changer d'avis ( sauf si vous êtes riches ou très riches).
Cela fait maintenant 5 ans, depuis que nous avons élu Emmanuel Macron à la présidence de la République, qu'Allan Barte publie sur le net ses dessins réagissant à la gouvernance de celui qu'on appelât bien vite Jupiter. Au départ déjà critiques, mais toujours dans l'humour, ses dessins avec ce tome 5 ont une autre tonalité. Au fil du temps, en étant un bon observateur de la vie politique ( on n'a pas une maîtrise de sciences politiques pour rien), le dessinateur laisse poindre sa colère devant ce pouvoir au service des riches et ( je résume) cherchant surtout à casser notre service public. L'humour se fait plus acide, on rit un peu plus jaune mais on aime quand même ce regard à nul autre pareil qui nous permet de nous sentir un peu moins seul. 
Rien de tel que quelques exemples  de ses dessins pour vous mettre en appétit ( ou vous faire fuir, mais là, je ne peux rien pour vous!) . 





Ces trois dessins ne sont pas dans ce tome 5 ( mais seront dans le suivant) car plus récents. 
Il me faut préciser qu'Allan Barte ne publie dans aucun journal ( n'en n'a d'ailleurs pour le moment pas envie). On peut le retrouver sur les réseaux sociaux ( Instagram, Facebook et Tweeter) et ne vit que des subsides que veulent bien lui donner ses fans ( de plus en plus nombreux heureusement) et ainsi conserver sa liberté de ton. Il est publié chez un petit éditeur ( Ant éditions) et ses albums se trouvent dans les très bonnes librairies ... et ici ce n'est pas une formule puisque ces librairies sont au nombre 8 dans toute la France ! Si vous avez envie de découvrir cet album, un libraire lambda vous le commandera (  mais il ne faudra pas être pressé). Pour un service plus rapide, passez directement par la maison d'édition ( en plus vous recevrez avec l'album une planche de graines à semer et un bon pour faire planter un arbre .... au moins, eux essaient de faire quelque chose pour la planète ....puisque les riches pollueurs et les actionnaires passent avant pour notre président ). 
Ce billet fait presque de la promo avec connivence.... Je ne connais pourtant pas Allan Barte, j'aime ses dessins c'est tout. Et pour bien enfoncer le clou, voici le lien de son éditeur :
https://www.ant-editions.com/
Les 5 tomes de "Vivre en Macronie" feront un très beau cadeau de Noël pour votre cousin LREM tout comme pour n'importe quelle personne un peu dans l'opposition.... un large spectre donc.... Dommage que l'on ne puisse pas les trouver plus facilement ! 

 

mercredi 7 décembre 2022

Alice Neel

 


Dans cette mouvance de mettre enfin en avant des artistes féminines, les américains sont très forts pour faire remonter à la surface des noms occultées durant leur vie ou oubliées. Ce sont souvent les descendants qui flairent la bonne affaire et qui organisent des expositions qui tournent ensuite de par le monde. Dans cette catégorie là nous avons déjà pu découvrir l'an passé Georgia O'Keeffe à Beaubourg, Lee Miller aux rencontres photographiques d''Arles. Si l'on pouvait avoir eu une légère déception en parcourant les allées de ces rétrospectives, l'exposition que Beaubourg consacre à Alice Neel, s'avère autrement plus intéressante. 
Le sous-titre "Un regard engagé" résume très bien la vie et l'oeuvre d'Alice Neel. Elle regardait la vie autour d'elle, les habitants de New-York, qu'ils soient pauvres, déclassés, noirs, latinos ou plus ou moins célèbres. Elle les a peints inlassablement et ces nombreux portraits qui nous regardent tous intensément, aimantent aussi notre regard tant, malgré le style particulier de l'artiste, ils crient la vérité de leur vie, tant ils nous paraissent proches. Regardez ces visages, on y lit tant de choses ! Ils se livrent comme rarement et les mains, les vêtements, le décor ( souvent les mêmes fauteuils de l'atelier de l'artiste) ajoutent imperceptiblement d'autres informations. 



On peut aujourd'hui admirer la remarquable coloriste qu'elle était ...



... mais aussi être interpeller par ses nombreux nus, féminins ...

... masculins...


... ou les deux ! 


Alice Neel ne connut la consécration que dans les dernières années de sa vie. Proche de la Factory et d'Andy Wahrol ( magnifique portrait à voir dans l'expo, le seul qui ferme les yeux sans pour autant perdre en intensité), elle fut victime, en plus d'être une femme engagée et féministe, de n'avoir jamais caché ses amitiés communistes. Ce relatif anonymat lui a sans doute permis une peinture au plus près des gens, des pauvres, des minorités tant ethniques que sexuelles, de peindre qui lui plaisait...et toujours en cherchant ( et trouvant ) une grande vérité. 
L'exposition proposée à Beaubourg n'est pas immense ( hélas, quand on sait le nombre énorme de tableaux peints par cette artiste) mais très habilement mise en espace, avec documents vidéos, remarques de l'artiste elle-même sous quelques oeuvres. Si l'on peut être plus sceptique sur certains tableaux de ses débuts, force est de constater que l'on ne peut rester indifférent face à la plupart de ses toiles dont certaines touchent au sublime. 
Assurément une très grande artiste à découvrir très vite !










lundi 5 décembre 2022

L'emprise de Mylène Farmer


A cause d'un cadeau offert à Noël dernier ( 2 places au stade de France pour un concert de Mylène Farmer) , me voilà donc à quasi écouter en boucle ( heu ...non...j'exagère... de temps en temps) le nouvel album de notre diva. Il faut qu'en juin je puisse me mettre dans l'ambiance et chanter avec les milliers de spectateurs, ses nouvelles chansons, les anciennes étant plus ou moins intégrées. 
Disons-le tout net, la promo de ce nouvel opus m'avait alléché grâce à l'annonce de la présence de Woodkid dans l'élaboration de 7 titres, pensant qu'il allait donner au répertoire de la chanteuse une allure au mieux  plus punchy, au pire différente. Las, à l'écoute, on se dit que ce cher Woodkid ne s'est pas foulé, se contentant de vaguement  creuser le sillon des (7!) chansons lentes et hauts perchées ( bon ok "A tout jamais" est vaguement plus rythmée) que notre star aime tant interpréter devant un public au bord des larmes, seules quelques nappes de cordes et quelques vagues percus ( souvent en fin de morceau) viennent rappeler sa collaboration. On se dit que notre désormais soixantenaire ( Mylène pas Woodkid!) va peut être offrir un spectacle plus calme, moins dansant, une sorte de récital plus en harmonie avec son âge, céleste, mystique et cristallin. 
Pour un côté plus .... festif ? non, le terme ne va pas...plus joyeux ? non plus.... plus rythmé, plus pop... il est heureux que Moby lui ait concocté 2 titres, principalement  "Bouteille à la mer", sur le naufrage du temps qui passe, qui reste, dont la mélodie entêtante semble vouée à être un tube, voire à sérieusement  ambiancer son futur show. 
L'autre petite pépite de cet album, reste le seul titre ni écrit ni composé par Mylène, mais par AaRON :  "Rayon vert", très judicieusement mis en avant par un clip mettant en scène la chanteuse ...ou son avatar  (autre création de Woodkid ), dont le refrain entre dans votre tête sans problème, mix  éclairé entre chanson lente et rythmée, convenant désormais parfaitement à notre nouvelle détentrice de carte SNCF senior+. 
J'ai l'air de faire la fine bouche, mais, pour être honnête, "L'emprise" demeure un album agréable à écouter, totalement farmérien et dont quelques titres risquent la sublimation lors de la prochaine tournée des stades de la chanteuse. Que demander de plus ? "Rien, rien ne nous retient " d'aimer encore et toujours Mylène. 




 

samedi 3 décembre 2022

Fumer fait tousser de Quentin Dupieux


 Ce qui pouvait manquer dans les derniers longs de Quentin Dupieux, c'était un sentiment de bonnes idées, un peu étirées pour parvenir à un long-métrage. Cette fois-ci, le prolifique Dupieux ne rend pas une copie plus longue qu'à l'habitude mais prouve qu'il a beaucoup d'idées pour des courts-métrages et qu'il réunit ici dans ce qui ressemble beaucoup à un film à sketches. Le thème principal arboré sur l'affiche est une sorte de pastiche de super héros, ici mis au vert pour recohésion du groupe, qui, pour passer le temps, se raconte des histoires horrifiques. L'histoire des 5 personnages moulés dans des combinaisons ringardes n'impressionne guère si ce n'est par quelques répliques ici ou là bien senties. Heureusement, elle est entrecoupée de deux histoires assez gores à l'humour absurde réjouissant. Ce sont surtout ces deux moments là qui font le sel de l'ensemble. Le reste, malgré un casting impressionnant, n'arrive pas à offrir le sentiment d'avoir vu un film cohérent et inoubliable. Toutefois, il est plaisant d'avoir un réalisateur à l'univers décalé, décapant. ce n'est pas toujours entièrement réussi mais cela finira bien un jour par payer. 



jeudi 1 décembre 2022

Alfie de Christopher Bouix




 On le sait bien, ce qui fonctionne le mieux en librairie niveau romanesque, ce sont deux genres bien identifiés : le roman  "feel good" ( avec sa tête de file Virginie Grimaldi) qui fait du bien et surtout conçu pour être lu sans difficulté avec petits chapitres, sans style, sans grande originalité dans les thèmes, des clichés par dizaines, un peu d'humour et le polar, genre très prisé allant du thriller avec serial-killer gore jusqu'à la bien soft Agatha Christie,  s'avère, en général,  mieux écrit et plus original que le feel good même si dans ce créneau le " cosy mistery" s'en rapproche énormément. Avouons-le, ces deux genres, pour un bon lecteur, sont souvent regardés d'un oeil un peu condescendant même si le polar, grâce à de vrai(e)s talentueuses( eux) aut-rices-teurs, a acquis ses lettres de noblesse. 
Soyons honnêtes, même si fan de Pierre Bergounioux ou de James Joyce, il arrive à un moment donné d'avoir envie d'un roman de détente, facile à lire, qui ne prend pas son lecteur pour un demeuré ou pour une simple machine à cash pour éditeur plus soucieux de son chiffre d'affaire que de littérature. Dans cette catégorie, "Alfie" le premier roman adulte de Christopher Bouix devrait  être cette rentrée, le récit incontournable à dévorer ( sous plaid ou avec doudoune pour cause de chauffage réduit). Composé de chapitres courts, à l'écriture ( faussement) simple, il va petit à petit devenir un polar original tout en gardant une toute, mais alors toute petite touche, d'anticipation. 
Sans trop révéler l'intrigue, nous assistons à l'arrivée dans une famille lambda ( mari, femme, 2 filles, un chat) d'un robot domestique prénommé Alfie,  doué d'une intelligence forcément artificielle et relié à un entité numérique genre Google. L'intelligence programmée de l'engin va évoluer au fur et à mesure qu'il observe les maîtres qu'il doit assister. Cette évolution, nous la suivrons pas à pas, car le narrateur est le robot lui-même. Au départ, c'est franchement hilarant, piquant même, avant de devenir de plus en plus inquiétant pour nous proposer un suspens digne d'un bon polar. 
Véritable tourne-page, "Alfie" est un vrai roman de détente très bien mené qui n'oublie pas de nous questionner sur le monde numérique d'aujourd'hui et de demain sans jamais tomber dans le cliché ou le jugement facile, tout en proposant un joli regard un poil ironique sur la vie familiale actuelle. En plus, il offre aux aficionados du genre policier, un clin d'oeil/hommage au "Meurtre de Roger Ackroyd" .... ultime raison pour découvrir ce roman qui pourrait bien faire un très joli cadeau de Noël pour un large spectre de lecteurs.