Les très honorables et très sérieuses Presses Universitaires de France, autrement dit, PUF, inaugurent ce mois-ci une collection d'ouvrages consacrée aux séries télévisées américaines. Ces ouvrages ont pour objectif "d'analyser ces nouveaux objets culturels, de comprendre les raisons de leur prospérité et d'en apporter des clés de lecture".
Trois premiers essais ont déjà paru. Sont passés au crible des sociologues : "Les experts", " The practice" et "Desperate housewives" dont je viens de terminer la lecture.
Hé oui, comme plaisirs coupables, j'ai, en plus d'écouter Pascale Borel, celui de ne pas pouvoir me détacher de mon poste de télévision dès qu'apparaissent Susan, Bree, Lynette et Gabrielle, les héroïnes de cette série.En lisant l'essai de Virginie Marcucci, je suis rassuré. Je ne suis pas un pervers, pas un homo refoulé et encore moins un horrible macho, je suis simplement la victime consentante d'une série admirablement pensée dans le but de faire un max d'audience. Normal, elle est destinée à une chaîne privée appartenant à Disney. Dans ce monde là, tout doit être formaté pour rapporter le plus d'argent dans les caisses via la pub. Et pendant huit saisons, "Desperate housewives" a été une machine à cash. Et pas que pour la chaîne ABC. Le monde de l'édition y a trouvé son profit et même les sectes qui ont publié des manuels d'édification religieuse sous ce label, dans le but de récupérer des brebis désespérées dans leurs églises !
Le créateur, Marc Cherry, gay républicain (oui, ça existe, tout existe aux States), a tellement bien étudié le marché qu'il a réussi à créer une série qui plaise à tout le monde. Aux femmes bien sûr qui se reconnaissent dans les héroïnes bien typées et qui apprécient les beaux mâles, jouant souvent les utilités et que l'on aperçoit très souvent torses nus. Du coup, les gays jettent un oeil intéressé et les autres mecs peuvent rêver devant ces ménagères, peut être désespérées mais surtout pimpantes, minces, séduisantes et sexy.
Il n'y aurait que les féministes pour faire la fine bouche, et encore, pas toutes. Certaines reprochent à la série d'offrir en pâture le corps des femmes au regard masculin et que celles-ci ne parlent jamais d'avortement ni d'engagement politique et ne revendiquent jamais la moindre tentation féministe. D'autres par contre, y trouvent un certain féminisme dans le désir des héroïnes de ne pas vivre leur vie de ménagère de façon linéaire, prenant amants ou même maîtresse pour l'une d'entre elles.
Vous l'aurez compris, la lecture de ce petit essai, relativement court et facile à lire, même pour un non universitaire, fourmille de renseignements et analyse plaisamment cette série.
Si vous êtes fan, lisez-le, vous aurez ainsi de quoi répondre à tous ceux qui vous prennent pour un demeuré bon à passer ses soirées devant un soap de la pire espèce. Vous pourrez même afficher votre addiction dans les dîners en ville, éblouissant votre auditoire avec une analyse sérieuse et pointue tirée de ce petit précis télévisuel.
Moi, je retourne devant ma télé voir les épisodes de l'ultime saison (snifff!). Plaisir coupable ? Non plus maintenant, j'assume. Merci les PUF !