2019
Il est comment le nouveau Rebecca Lighieri ? Un peu décevant.
La critique s'enflamme pour ce nouveau roman de Rebecca Lighieri ( cf "Le masque et la plume" du 12/04/20) mais quelques questions viennent effleurer l'esprit du lecteur habituel ( voire inconditionnel) de l'auteure.
Si ses précédents romans ont reçu un bon accueil critique, leurs chroniques étaient souvent reléguées dans des coins de page, oui, là, en bas à gauche, coincées contre une pub pour le nouveau Martin-Lugand ou Ruffin. 4 étoiles mais pas de pleine page ! Mais Rebecca Lighieri publie également et surtout sous le nom d'Emmanuelle Bayamack-Tam, trustant elle aussi des critiques dithyrambiques en pleines pages des journaux qui comptent sans pour autant connaître la gloire, mais a, grâce au prix du livre Inter pour "Arcadie" en 2019, connu enfin l'éclairage qu'elle méritait depuis longtemps. Juste avant cela, "Les garçons de l'été", son deuxième roman publié sous le nom Lighieri, a connu un beau succès ( justifié) dans son édition de poche, suite a une belle promo des éditions Folio. Avec une telle conjoncture favorable, Rebecca/Emmanuelle se voit désormais rangée au rayon des auteur(e)s qui comptent, la publication de " Il est des hommes qui se perdront toujours" fait un peu figure d'événement et permet donc à nos critiques tant aimés de pousser des hurlement de bonheur sur ce roman.
Pourtant, pour un lecteur assidu de cette auteure, la lecture du Lighieri 2020 reste un peu décevante en regard de sa production passée. Bien sûr nous retrouvons les quelques points saillants qui font le charme et la force de ses ouvrages précédents, cette absence de clichés quand il s'agit de dépeindre une ville ( ici, chapeau... car c'est Marseille qui sert de décor !) ou des personnages souvent ados, ingrats ou mal dans leur peau ( ici des gitans et des habitants des quartiers Nord). Bien sûr, on retrouve aussi un peu de sa verve à aborder la sexualité de façon simple et sans fard tout comme de décrire les souffrances endurées à cause d'un milieu familial défaillant.
Mais...car il y a un mais...on ne retrouve pas entièrement la causticité de l'auteur, cette façon décapante de nous mettre face à une réalité déroutante ou que l'on voudrait cacher. Des thèmes forts y sont abordés, comme l'enfance maltraitée, la misère sociale, le racisme ordinaire, mais sans ce regard à l'humour assez féroce qu'habituellement elle posait, préférant le sérieux d'une fresque familiale, par moment un peu cousue de fil blanc et surtout une intrigue quasi systématiquement désamorcée par l'annonce de rebondissements qui se produiront quelques chapitres plus loin.
Les pages se tournent agréablement car l'auteure a un réel talent, mais l'intérêt décroît petit à petit, un sentiment de lire une future adaptation télévisuelle vient brouiller cette histoire que quelques rebondissements un peu faciles rend de plus en plus improbable, comme si le méchant syndrome "Plus belle la vie" avait frappé Rebecca Lighieri....
🔆🔆🔆/5