Les premiers mots qui viennent à l'esprit lorsque l'on sort de la projection du troisième film de Valéria Bruni-Tedeschi : agaçant et foutraque !
Agaçant comme Louise, le personne principal (Valéria elle même), femme à la quarantaine tourmentée, ayant arrêté son métier d'actrices et obsédée par son désir d'enfant. A la fois hautaine et sensible, elle s'agite pendant plus d'une heure trente, faisant feu de tout bois, mais ratant très souvent sa cible. Cette volonté de la réalisatrice/actrice à mettre en scène sa propre vie, celles de sa famille et de son ex fiancé, qui plus est jouées par les vrais protagonistes, laisse songeur et apparaît, hélas comme un caprice de fille gâtée.
Foutraque aussi, parce qu'à vouloir mêler fiction et souvenirs personnels, nostalgie et loufoquerie, on assiste à une succession de scènes que l'on devine, pour certaines, une reconstitution quasi documentaires de la réalité et pour d'autres, plus grinçantes, plus drôles, comme un dynamitage de sa vie et de son image. Comme tout cela est balancé sur l'écran à la va-comme-je-te-pousse, le fil ténu de l'intrigue a du mal à tirer les spectateurs vers l'intérêt d'autant plus qu'il faudrait avoir lu "Voici", "Gala", éventuellement Tchékhov, visionné au moins un film de Philippe Garrel, voire avoir été invité dans la demeure italienne de la famille Bruni pour avoir tous les codes et apprécier pleinement.
"Un château en Italie" est bien un film pour initiés, pas les cinéphiles mais plutôt les amis, les connaissances de l'actrice/réalisatrice, un monde qui de toutes les façons aura été invité gratos à une projection privée (et se sera bien sûr esbaudi!).
Le spectateur lambda, lui, s'accroche aux branches comme il peut. Il trouve ici ou là, quelques scènes drôles, notamment lors de la fécondation in-vitro, des répliques mordantes (certaines scènes avec les mères), s'étonne du masochisme de la réalisatrice à se mettre en scène comme une Bécassine hystérique, mal habillée, pas peignée, avec des réactions aussi idiotes qu'incompréhensibles.
Même s'il se dégage une certaine originalité, voire une bonne dose d'énergie, il ne reste pas grand chose au final. Cette pseudo auto-fiction, presque une thérapie familiale est trop clivante. Les thèmes développés, pourtant universels (la nostalgie de l'enfance, la perte d'un être cher ou d'un lieu aimé, la maternité) sont traités avec tellement de morgue et de narcissisme que, malgré la drôlerie et la dérision insufflées, je suis resté totalement en retrait, comme le cousin pauvre invité lors d'une réception mondaine.