vendredi 13 avril 2012

Au pays des kangourous de Gilles Paris


Très chaudement recommandé par beaucoup de personnes autour de moi, je me suis plongé plein d'enthousiasme dans ce roman, d'autant plus que le premier paragraphe est un modèle d'accroche du lecteur.
On dit souvent que les auteurs soignent leur première phrase, Gilles Paris va avoir droit à la médaille d'or de la meilleure pour 2012 : " Ce matin, j'ai trouvé papa dans le lave vaisselle." Avouez que vous avez envie de lire la suite, non?
C'est vrai, on entre dans ce livre sans difficulté. Le narrateur, Simon, neuf ans vit avec son papa, écrivain ou plutôt nègre pour artiste dont il écrit les biographies. Sa mère, Carole, est cadre chez Danone, en poste en Australie et donc absente au moment de l'introduction du père dans l'électroménager de lavage. 
Si au départ, le roman fait penser au Petit Nicolas par son regard enfantin, on sent bien que le monde bien pensant et bien propret de René Goscinny a pris un coup dans l'aile. Les parents ne sont plus présentés comme un couple popote et stable. L'enfant d'aujourd'hui , toujours un peu naïf dans sa vision du monde, est   maintenant confronté à des situations beaucoup plus sombres que son cousin des années 60. En effet, le couple va très mal, son père s'enfonce dans la dépression, sa mère recule de mois en mois son retour en France et notre jeune héros se pose de nombreuses questions auxquelles il a du mal à trouver des réponses. Soutenu par sa grand-mère Lola, femme fantasque et énergique, Simon va peu à peu découvrir une vérité que tout le monde essaie de lui cacher.
 Malgré une description très sensible de la dépression, thème central du livre, "Au pays des kangourous", très plaisant à lire, ne m'a pas pourtant pas enthousiasmé. Je me suis vite lassé de cette narration enfantine un peu convenue et vraiment pas originale même si, ici, elle a toute sa place. Les rares paragraphes où la voix de l'enfant est remplacée par celle d'un adulte sont, à mon avis les plus forts et les plus émouvants, me faisant regretter qu'ils ne soient pas plus nombreux. Sans raconter la fin, je n'ai pas non plus compris pourquoi Gilles  Paris a tenu à tartiner autant de guimauve sur une tartine plus proche du pain dur que de la brioche. Dernier élément qui m'a empêcher d'adhérer totalement au propos et qui doit m'être personnel : pourquoi le malheur est-il aussi seyant et romanesque chez les nantis parisiens qui vivent dans de beaux apparts, ont des amis qui prêtent constamment une voiture avec chauffeur et qui connaissent autant de gens originaux et riches ? Facilité d'écrivain, désir supposé de plaire à un lecteur épris de romanesque et de rêve ? Peut être, mais chez moi, ça a la particularité de m'agacer et de me gâcher le plaisir de la lecture.
Quoiqu'il en soit, je sais que ce roman plaît beaucoup (surtout aux dames). Normal, c'est rudement bien fabriqué. Je le conseille donc à toutes les personnes qui n'ont pas un coeur de pierre comme moi. Elles y trouveront une histoire sensible, émouvante, drôle parfois et très tendre. C'est assez rare pour le signaler et suffisant pour s'y plonger avec délice en laissant de côté son regard d'adulte blasé, ce que je n'ai pas réussi à faire... 


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