Comme le titre l'indique, ce roman noir a vraiment quelque chose d'explosif, mais pas dans son montage assez banal qui fait parler à tour de rôles cinq personnages très éloignés les uns des autres et dont, inévitablement, le destin sera de se croiser.
En partant de cette base conventionnelle, l'explosif se trouve ailleurs, notamment dans la personnalité de chacun des hommes et femmes dont nous suivons le parcours. L'un d'eux sera assez vite passé au rayon perte mais deviendra ainsi l'allumette qui enflammera la longue et fine traînée de poudre qu'est la destinée des quatre restants. Si les deux personnages féminins ont leur importance, ils ( donc...elles) n'incarneront, comme souvent dans un polar, que les utilités pratiques à faire progresser l'action. L'auteur, qui aime manier la dynamite, soigne plus particulièrement les deux autres protagonistes : un comédienne naît dans un corps d'homme et le garagiste d'un bled paumé tiraillé par une obsession qui ne ferait aucune unanimité dans la tête de ses copains biberonnés au concept viriliste amerloque.
Mais il ne suffit pas d'avoir des personnages qui jouent sur les codes du genre pour faire un bon roman, encore faut-il avoir une bonne trame. Si le roman traîne un petit peu au début, son montage en courtes interventions de chacun, va aller crescendo jusqu'à un final très western dégenré, dérangé. Avant nous aurons dans le déroulé inexorable de cette histoire, le sentiment très agréable que Nicolàs Giacobone s'amuse à jouer avec beaucoup de codes, les triturant pour mieux nous bousculer, les explosant parfois en questionnant ( en autre) l'identité profonde de chacun, autant sexuelle que physique et les désirs que cela suscite.
Si un bon polar se doit de faire tourner les pages avec avidité, un bon roman se doit aussi de bousculer un peu son lecteur, le sortir des sentiers battus. Disons-le tout net : "Boum, boum, boum" remplit ces deux critères et doit donc se manier avec précaution quand on n'aime pas qu'un livre vous montre trop crûment la complexité des êtres qui l'habitent. ( En gros ...fans de cosy mystery ou de sucreries montées à base de clichés comme V... G... ou A... M.... L.... , ça risque de vous exploser à la figure!).
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