Marcello débarque à Paris pour voir sa tante qu'il n'a pas revu depuis 20 ans. Il a de bonnes raisons de visiter sa chère parente, cette ingrate vient de lui couper les vivres. Finie le mandat coquet qui lui arrivait tous les mois en Angola où il dirige une école pour enfant déshérités ! Et en parlant de déshérité, bien qu'il soit sa seule famille, il apprend par le même coup qu'il ne figure plus sur son testament. S'il veut remettre à flot son établissement qui a besoin de fonds, il devient impératif que sa visit en France se solde par la possession d'un chèque. Il a trois jours pour arriver à ses fins. Seulement, autour de Vicky, la tante, rôdent d'autres prédateurs dont l'ex femme de Marcello, un homme d'affaire ou une dame de compagnie peu corruptible.
N'allez pas croire que chez Minuit, maison d'édition dont le sérieux n'est pas à prouver, on dédaigne les livres drôles, Jean-Philippe Toussaint ou Jean Echenoz, entre autres, l'ont déjà prouvé par le passé. "Trois jours chez ma tante" en est une nouvelle preuve. Mais attention, au-delà d'une construction parfaite, d'une tension proche du vaudeville et surtout grâce ( ou à cause) à une écriture assez blanche, sans aspérité, avec un air de pas y toucher, le roman s'enrichit au fil des pages. D'un départ, où le lecteur ( bon prince) veut bien être en empathie avec ce pauvre Marcello, même si l'on devine qu'il n'est pas non plus franchement net avec ses activités africaines, nous finissons par virer un peu de bord pour devenir moins bienveillant avec lui ( morale oblige). Cependant, comme l'histoire se termine par un long suspens hyper bien mené, nous nous trouvons, à cause de l'auteur, assis le cul entre deux chaises, inconfortable certainement, mais subtilement tiraillé par un diabolique enchaînement de faits qui en éclairant la part sombre du héros, ne nous empêche pas d'être encore à ses côtés... Du grand art au final !
Petit roman drôle et très bien troussé, "Trois jours chez ma tante", allie le fait de se détendre tout en paraissant intello avec la caution " Editions de Minuit". Pourquoi se priver, et du plaisir de lire un roman détendant et bien construit et celui de coller à son époque de vitrine ( qui pour le coup ne sera pas alléchante pour rien !).
Chevillard et P Bayard sont édités chez Minuit, et leur lecture n'engendre pas forcément mal de tête et mélancolie. Comme quoi. Je viens de noter ce titre de Ravey!
RépondreSupprimerEchenoz non pus n'engendra pas la mélancolie. J'avais déjà noté ce livre et tu enfonces le clou de rappel
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